Le plaidoyer de Delphine Ernotte (France TV) en faveur de l'audiovisuel public

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Le plaidoyer de Delphine Ernotte (France TV) en faveur de l'audiovisuel public
Crédits : Marc Rees (licence CC-BY-SA 3.0)

Aux Rencontres Cinématographiques organisées au Touquet, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a déroulé un long plaidoyer en faveur du service public de l’audiovisuel.

Sur la scène des Rencontres organisées par l’ARP (organisme de gestion collective rassemblant auteurs, réalisateurs et producteurs), la présidente de France Télévisions a voulu rassurer l’univers du cinéma.

Alors que toutes les têtes sont tournées sur les futures stratégies de Canal+, en plein débat sur la chronologie des médias, qui offre une priorité aux chaînes partenaires du cinéma qui investissent, Delphine Ernotte relève que « partout dans le monde, le modèle même des chaînes payantes est en difficulté face aux plateformes de SVoD ».

Au point où depuis des années, « on sent l’étoile de la chaîne payante qui faiblit petit à petit, et un jour peut-être s’étendra au profit d’autres formes de financement ».

Dans ce scénario catastrophe, elle assure que les chaînes gratuites resteront un « point fixe ». Et notamment celles du service public « seront toujours là », même s’ils sont extrêmement chahutés en Europe. « Nous sommes des alliés objectifs ».

Un message rassurant, mais bardé d’inquiétudes

La représentante de France Télévisions a adressé à cette occasion « un message d’alerte » à ses alliés. En Europe, il y aurait une corrélation entre l’indépendance des services publics et le niveau de démocratie de chaque pays. Et face à la vague du populisme, l’audiovisuel public pourrait bien être l’une des cibles quand ces partis gagneront les marches ultimes du pouvoir.  

En France, à l’approche de l’élection présidentielle, la question de la privatisation des chaînes du service public est déjà soulevée par des candidats comme Marine Le Pen, ou Éric Zemmour qui veut supprimer purement et simplement la redevance TV.

« Entre nous, cela ne veut rien dire. À part quelques puissances étrangères, je ne vois pas qui aujourd’hui va racheter France 2 » répond Delphine Ernotte.

Une autre menace pèse néanmoins sur les chaînes publiques. L'actuel Contrat des objectifs et moyens, ou COM, encadré par l’article 53 de la loi de 1986, prendra fin en 2022 pour France Télévisions.

Au-delà, c’est donc l’incertitude pour ce document qui répertorie les objectifs aux entreprises publiques. Cette incertitude gagne en amplitude lorsqu’on se souvient que la redevance est assise sur une taxe d’habitation qui n’existera plus dès 2023. La suppression de celle-ci remettra donc en question le prélèvement de la CAP, ou contribution à l’audiovisuel public.

Delphine Ernotte s’adressant au monde du cinéma, de l’audiovisuel : « en tant qu’alliés, si vous voulez préserver à la fois ces financements, cette relation, cette exposition vers tous les publics et en particulier ceux qui ne vont jamais au cinéma, soit un Français sur trois, on va avoir besoin de vous. Il y a une conjonction de facteurs, une fragilité, qui va être particulière en 2022 ».

Entre la présidentielle, la redéfinition du COM et l’avenir de la redevance, elle déroule un long plaidoyer en faveur de la défense du service public de l’audiovisuel : « il n’y a que sur France Télévisions qu’il y a des émissions d’investigation qui font du bruit, peuvent déranger… » soutient-elle. « On a une totale liberté de choisir de financer tel film et notre politique est la plus éclectique possible ».

« Il va y avoir un moment où il va falloir dire ce que l’on veut. Et ce moment a démarré », puisque les candidats exposent jour après jour leur programme pour l’échéance 2022. « Le service public, ce ne sont pas des entreprises qui gardent cet argent public pour elles. On irrigue tout un écosystème, des métiers, des techniciens, mais aussi des artistes ». Et la présidente de France Télévisions de vanter le lien affectif et social avec le public.

Les droits numériques

Ce gué passé, tout ne sera résolu. « L’avenir de la télévision, ce n’est pas d’abandonner le linéaire, mais c’est le streaming gratuit. Tous mes collègues en Europe sont sur cette logique-là » que ce soient en Angleterre avec la BBC, en Suède, en Finlande… « Au Nord de l’Europe, les pays percutés par Netflix, qui ont vu cette avancée bien avant nous, ont réussi grâce à une cohésion derrière l’opérateur public, pour faire que leur plateforme soit devant Netflix ».

« Quand on vous a dit il y a quelques années qu’on avait besoin de mettre des films sur France.tv, ce n’était pas pour opérer un basculement, c’est parce que pour nous c’est existentiel. Les droits numériques ne sont pas un ajout à notre métier de base linéaire. Demain, c’est notre avenir ».

France Télévisions doit cependant faire face à un marché complexe. « On ne pourra jamais concurrencer les géants. On n’a pas les mêmes moyens. On les voit aligner des chèques pour privatiser des talents. Ça peut être irrésistible. Notre enjeu n’est pas de contrecarrer, on ne pourra jamais allonger les millions pour avoir Omar Sy ou certains scénaristes français qui sont sous contrat ailleurs ».

Pour répondre à cette « forme de mise en exclusivité des talents », et faute de budgets suffisants, elle prône en tout cas la diversité des talents, de tous les âges, origines, genres. Autant d’objectifs qui doivent « être de plus en plus un marqueur du service public ».

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