Iliad voit son bénéfice reculer en 2012, plombé par Free Mobile

Un résultat prévisible

Après avoir publié fin février son bilan 2012 en terme de recrutement d'abonnés fixes et mobiles, Iliad vient cette fois de mettre en ligne son bilan financier. De quoi obtenir plus de détails sur ses dépenses, mais aussi sur ses ambitions. L'opérateur explique ainsi que son bénéfice net a fortement reculé, quasi exclusivement du fait de Free Mobile. Son bénéfice a toutefois été supérieur à celui escompté, ce qui a fait bondir l'action de la société en bourse.

Free Iliad

Des marges et un bénéfice en baisse

Malgré un chiffre d'affaires en forte hausse de plus d'un milliard d'euros supplémentaires en un an, Iliad a donc affiché 186,5 millions d'euros de bénéfice net en 2012, en baisse de 25,9 % par rapport à 2011. Pourquoi un tel recul ? Plusieurs explications sont mises en avant.

Tout d'abord, sa marge brute a fortement diminué. De 55,2 % du chiffre d'affaires en 2011, elle est passée à 47,1 % en 2012. Les frais dans le secteur mobile sont la principale cause de ce recul. À cela, il faut préciser qu'Iliad a affiché entre 2011 et 2012 des :

  • Hausses des charges du personnel : +31,9 % (+41 millions d'euros)
  • Hausses des charges externes : +30,5 % (+45 millions d'euros)
  • Hausses des impôts et taxes : +72,3 % (+12,5 millions d'euros)
  • Hausses des autres charges d'exploitation : +67,4 % (+9,3 millions d'euros)

Iliad note d'ailleurs que son EBITDA, indicateur qui mesure la rentabilité économique d'une entreprise, est logiquement en hausse dans le fixe (+16 %), mais qu'il est négatif dans le secteur mobile. « Malgré l’important succès commercial et la très forte croissance des activités mobiles sur l’année 2012, le Groupe a réussi à maintenir ses pertes de démarrage à -46 millions d’euros, en raison d’une part, des importantes synergies entre les deux activités, et d’autre part de l’amélioration du taux de couverture du trafic (voix, SMS et data) du réseau Free Mobile dans le courant de l’année » explique ainsi l'opérateur. Une meilleure couverture du territoire devrait donc lui permettre de réduire ses frais d'itinérance et ainsi augmenter ses marges et sa rentabilité, et donc dégager des bénéfices.

 

Concernant les frais élevés liés à Free Mobile, son accord d'itinérance avec Orange pèse logiquement pour beaucoup. On parle ici de plusieurs centaines de millions d'euros, même si Iliad ne donne aucun nombre précis sur ce point. Tout au plus se contente-t-il de rappeler que « la facturation prévue par le contrat d’itinérance intègre une part fixe, correspondant à un achat de droit d’utilisation sur la période (reconnu en investissement selon les normes IFRS), et une part variable en fonction des volumes (minutes, SMS, MMS, Internet…) consommés. Il est important de souligner que la majorité des coûts supportés par le Groupe sont variables en fonction des volumes 
consommés. »

 

Selon des informations dévoilées par l'Autorité de la concurrence lors de la publication de son avis au sujet de l'itinérance, Free estimerait entre 500 et 700 millions d’euros les frais annuels de son itinérance signée avec Orange. Une nouvelle peu étonnante quand on sait que l'opérateur historique devrait gagner grâce à Free plus d'un milliard d'euros en deux ans, et au moins le double en six ans. Avec 500 à 700 millions d'euros dépensés en 2012 uniquement pour son itinérance, il n'est donc guère surprenant de voir les résultats financiers de Free régresser.

Les employés

Au 31 décembre 2012, Free comptait précisément 6 506 employés, soit près de 1000 de plus qu'un an auparavant et 2500 supplémentaires depuis environ trois ans. Environ 5400 personnes sont directement dédiées à la gestion des désormais plus de 10 millions de clients du groupe.

Les antennes et la couverture mobile 3G

Au 31 décembre 2012, Free Mobile comptait près de 2 200 sites déployés. L'opérateur dépasse ainsi les 40 % de couverture de la population française. Et Free Mobile ne cache pas son ambition de couvrir plus de 75 % de la population d'ici fin 2014, et plus de 90 % avant 2018, conformément aux obligations imposées par l'ARCEP.


Pour couvrir 90 % de la population, Free devra déployer entre 8 000 et 10 000 sites, précise l'opérateur, sachant qu'un seul et unique site implique l'investissement de l'ordre de 80 000 à 100 000 euros. En somme, il faut dépenser un milliard d'euros pour couvrir la majeure partie de la population française, information dont nous disposions déjà. Cette somme concerne uniquement celle du déploiement d'antennes, et non les coûts des licences ni leurs frais de location.

Parts de marché mobile actuelles et futures

Iliad note qu'avec 8 % de part de marché en un an, il réalise une performance largement supérieure au quatrième opérateur espagnol Yoigo en quatre ans. Et il fait mieux que Hutchison 3G au Royaume-Uni aussi en quatre ans, et quasi aussi bien qu'Hutchison 3G en Italie en autant d'années. Il faut néanmoins noter que le forfait à 0/2 euros a un poids fondamental dans sa part de marché.

 

Free Iliad

 
Enfin, Free Mobile, malgré ses difficultés, espère bien atteindre à moyen terme une part de marché de 15 %, soit près du double d'aujourd'hui, et il a l'ambition à long terme d’atteindre une part de marché de 25 %, soit plus du triple d'aujourd'hui. Cela pourrait signifier que Free a pour ambition de doubler Bouygues Telecom dans quelques années, ce dernier comptant à l'heure actuelle plus de 11 millions de clients mobiles, contre un peu plus de 5 millions pour Free Mobile.

La 4G 

Très peu bavard au sujet du LTE (4G), Free n'a pas manqué à sa réputation et a été particulièrement lapidaire sur le sujet à nouveau. L'opérateur s'est ainsi contenté de rappeler que ses sites 3G étaient déjà prêts pour la 4G, que les fréquences 1800 MHz qui seront reversées lui serviront et qu'il disposera de plus de l'itinérance avec SFR pour la bande 800 MHz. Bref, aucun scoop à l'horizon. Nous ne savons toujours pas quand Free Mobile proposera des forfaits et des débits 4G à ses abonnés, ni à quelles conditions.

Ses boutiques

15 nouvelles enseignes ouvriront sous peu, et toutes les principales villes du pays auront au moins une boutique d'ici fin 2013 promet Iliad dans ses documents financiers. À ce jour, la société compte 18 Free Center à travers le pays, à savoir (par ordre alphabétique) à Angers, Besançon, Clermont-Ferrand, Dunkerque, Grenoble, Laval, Le Havre, Limoges, Lorient, Mulhouse, Nîmes, Paris, Pau, Poitiers, Rosny-sous-Bois, Rouen, Troyes, et Valenciennes.

Les prochaines boutiques ouvriront notamment à Lille, Bordeaux, Lieusaint (Carré Sénart), Le Mans, Saint-Etienne, La Rochelle, Agen, Tours, etc.

Ses dividendes

En 2012, Iliad a reversé 21,2 millions d'euros de dividendes, contre 21,9 millions en 2011. Iliad note avec ironie que ses trois grands concurrents ont pour leur part versé près de 4 milliards d’euros de dividendes en 2012. Free précise que ces faibles dividendes reversés aux actionnaires sont réalisés « afin de maximiser les ressources financières nécessaires au développement du Groupe ».

 

Il faut toutefois préciser que contrairement à Orange, Vivendi (SFR) et Bouygues, Iliad appartient essentiellement (plus de 60 %) à son fondateur Xavier Niel. Cela lui permet ainsi de se verser un salaire mensuel bien plus faible que celui de ses concurrents, mais de le compenser par des dividendes de plusieurs millions d'euros en fin d'année. Une situation pointée du doigt par Stéphane Richard, le PDG d'Orange, l'an passé.

Son endettement

Au 31 décembre 2012, l’endettement brut d'Iliad s’établissait à 1,448 milliard d’euros, et l’endettement net à 1,064 milliard d’euros. Un programme de billets de trésorerie (inférieur à un an) de 500 millions d’euros a été réalisé lors du premier semestre 2012. À cela, il faut rajouter :

  • Un crédit syndiqué de 1,4 milliard d’euros (auprès de 11 établissements internationaux)
    • dont une tranche de 600 millions d’euros venant refinancer la dette nette du groupe (tranche utilisée à hauteur de 350 millions d’euros au 31 décembre 2012)
    • dont une tranche de 800 millions d’euros, crédit revolver, ayant une maturité de juin 2015. Au 31 décembre 2012, cette tranche n’était pas utilisée.
  • Un emprunt de 150 millions d'euros signé en 2010 auprès de la Banque Européenne d'Investissement et amortissable en juillet 2020.
  • Un autre emprunt réalisé auprès de la BEI, mais cette fois de 200 millions d'euros, a été signé en 2012 et est amortissable d'ici juillet 2022.
  • Une obligation de 500 millions d'euros a été émise en 2011, pour un remboursement prévu en 2016.

Iliad en bourse

Iliad Free bourse 19 mars 2012

 

Enfin, malgré la baisse de ses bénéfices, Iliad a plus que rassuré les investisseurs. Ces derniers ont ainsi permis à l'action d'Iliad d'atteindre un nouveau record à plus de 160 euros l'action dans la matinée. Au moment où nous rédigeons ces lignes, l'action est en hausse de plus de 6 %, valorisant l'entreprise à plus de 9 milliards d'euros. 

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