Infinite Workrooms : Facebook veut faire entrer la réalité virtuelle dans le télétravail

Infinite Workrooms : Facebook veut faire entrer la réalité virtuelle dans le télétravail

Échappatoire

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Vincent Hermann

Publié dans

Logiciel

20/08/2021 9 minutes
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Infinite Workrooms : Facebook veut faire entrer la réalité virtuelle dans le télétravail

Facebook a de grandes ambitions pour l’espace de travail en entreprise. La société enrichit sa vision Infinite Office avec de nouvelles capacités liées à l’Oculus Quest 2. Elle se fait plus précise sur les capacités que peuvent en attendre les employés, le concept se faisant plus complet.

Lors de la Facebook Connect il y aura bientôt un an, Facebook présentait un peu en marge Infinite Office. La crise sanitaire battait son plein depuis plusieurs mois et la France voyait se profiler le spectre du deuxième confinement. Les entreprises, et plus particulièrement les GAFAM, étaient à pied d’œuvre pour s’adapter aux nouvelles conditions, le coronavirus et ses premiers variants ayant largement bousculé l’organisation des entreprises.

Infinite Office : vive les bureaux « digitaux » ?

Comme chez Google et Microsoft, Facebook a en partie adapté ses outils pour répondre présent face à des besoins évoluant très rapidement, notamment l’explosion du télétravail. La société a cependant voulu marquer les esprits en fournissant une vision différente, à travers l’utilisation des réalités virtuelle et augmentée.

Infinite Office est donc un service permettant aux employés de travailler de chez eux tout en projetant un environnement devant refléter les locaux de l’entreprise. Tout se fait à travers le casque Oculus Quest, qui affiche une représentation 3D d’une installation que l’entreprise peut personnaliser.

Le reste est au choix de l’utilisateur, notamment la configuration de plusieurs écrans pour multiplier les sources d’informations, même s’il n’en possède qu’un seul physique chez lui.

À l’époque, Facebook avait même embarqué Logitech dans son aventure, via la conception d’un clavier qui devait rendre plus simple la saisie de texte en environnement virtuel, tout en intégrant un trackpad pour manipuler certains objets. Le service a été lancé officiellement en décembre dernier.

Pour le compléter, Facebook a annoncé ses Horizon Workrooms, poussant plus loin le concept.

Tous au même endroit sans y être

La société pose le décor : « La manière dont nous travaillons change. Davantage de gens travaillent à distance, davantage de gens veulent des options de travail flexibles, et davantage de gens repensent à ce que cela signifie d’être dans un bureau. Mais sans les bons outils connectés, le travail à distance présente encore de nombreux défis. Vous pouvez vous sentir isolé de travailler sans collègues, et le brainstorming avec d’autres personnes n’a tout simplement pas le même effet quand vous n’êtes pas dans la même pièce ».

Facebook a lancé cette fonctionnalité – pour l’instant en bêta –, qui vient se greffer sur les Workrooms existantes. Objectif, donner l’impression aux personnes qu’elles sont ensemble dans un même bureau, en recourant à la VR. Cette solution fonctionne « à travers la réalité virtuelle et le web et est conçue pour améliorer la capacité de l’équipe à communiquer, collaborer et se connecter à distance », explique Facebook, que ce soit pour des séances de réflexion à voix haute, sur tableau blanc, travailler sur un document, récupérer des mises à jour de l’équipe, etc.

 

Les fonctions apportées par Horizon Workrooms

La fonction phare du service est de pouvoir importer dans un environnement virtuel son propre bureau et son clavier, si ce dernier est compatible (d’où le partenariat annoncé avec Logitech l’année dernière).

L’idée est de retrouver des éléments familiers pour aider à l’immersion. Autre point fort, l’établissement d’un lien entre Horizon Workrooms et l’ordinateur de la personne, que ce soit un Mac ou un PC, à travers une fonction nommée Passthrough. Tout le contenu de l’appareil devient accessible depuis l’environnement virtuel, permettant de le manipuler comme on le ferait dans la « réalité ».

On peut alors prendre des notes pendant une réunion, chercher un document pour l’ouvrir devant tout le monde, ou encore partager l’écran. Facebook ajoute que toutes les données présentes dans Workrooms sont exploitables, y compris depuis le web.

Facebook Horizon Workrooms Second Life, Office edition

Le service permet également de se créer un avatar, sur le modèle de ceux présentés plus tôt dans l’année. Facebook promet que chacun y trouvera son compte, ces modèles prenant en compte une « grande variété de personnalisations ». La société évoque de nombreuses expressions naturelles, pour que l’espace de travail virtuel soit plus vivant. Le service s’accompagne d’un audio spatial à faible latence, là encore pour des raisons d’immersion.

Un tableau blanc spécifique accompagne Horizon Workrooms. Il est de taille infinie – comprendre qu’il s’agrandit au fur et à mesure des besoins – et peut être utilisé pour y écrire librement ou y afficher des images. L’écriture, justement, peut se faire pour la première fois via de simples mouvements de mains.

Ces mêmes manipulations peuvent servir à écrire sur un bloc-notes devant soi. Le tableau blanc peut rester affiché dans la salle virtuelle jusqu’à être expressément supprimé, mis de côté ou enregistré, même si tous les participants la quittent. Il peut être exporté sous forme d’image.

Facebook Horizon Workrooms

La salle elle-même peut être adaptée aux besoins. Sa disposition et les éléments qui la composent seront différents en fonction que l’on souhaite une salle de conférence, de travail collaboratif ou simplement de discussion.

Point important, il n’est pas nécessaire de disposer d’un Oculus Quest pour participer à une réunion. Les personnes invitées peuvent se connecter via le navigateur, le service utilisant alors la webcam. L’administrateur de la salle virtuelle peut envoyer des invitations par lien. Cette dernière peut supporter jusqu’à 50 personnes, dont un maximum de 16 en réalité virtuelle.

Facebook promet sécurité... et respect de la vie privée

La société prend un luxe de précautions pour présenter son service, en précisant plusieurs points à l’heure où le moindre faux pas en matière de communication entraîne de fâcheuses conséquences.

Il est donc indiqué qu’aucune communication de l’entreprise n’est espionné, et que les données ne servent pas à personnaliser les publicités sur le réseau social. Infinite Workrooms est présenté comme un silo, y compris pour le mode Passthrough. Pour ce dernier, les traitements sont locaux. Les images et les vidéos ne sont vues ni par Facebook ni par un tiers, promet la société. En outre, les permissions accordées ne sont utilisées que pour le streaming de l’ordinateur au casque de réalité virtuelle, et rien n’est jamais publié sur le mur Facebook.

Il faut d’ailleurs accepter des conditions d’utilisation avant de participer à l’un de ces espaces, et toute violation peut être signalée à une équipe dédiée, qui pourrait alors procéder au retrait de la personne. Il est même possible de signaler une Workroom entière si l’on estime qu’elle viole les conditions.

Infinite Workrooms venant se greffer sur la structure existante, il faut posséder un compte Workrooms pour utiliser le service. Si l’on se connecte avec le casque Oculus Quest 2, il faut également un compte Facebook. À noter que si Facebook répète volontiers que tout sera fait pour protéger les données des clients, il n’est nulle part fait mention de chiffrement de bout en bout (E2E). Mais dans ce genre de service, où le signal vidéo va être analysé constamment pour répercuter les actions, un tel mécanisme serait probablement impossible.

Un peu de la même manière que dans Zoom, où le chiffrement de bout-en-bout (E2E) désactive toutes les fonctions, comme la transcription et la traduction automatiques.

Facebook doit enthousiasmer développeurs et salariés

La société espère que les développeurs répondront présents et intègreront les fonctionnalités d’Infinite Workrooms. Pour l’instant, seul le suivi des mains et le son spatial sont disponibles à travers les API de Workrooms. Facebook y ajoutera plus tard les avatars, le mode Passthrough (qui devrait intéresser les éditeurs tiers) et le bureau en réalité mixte, sans plus de précisions. La question bien sûr est de savoir si la sauce prendra.

D’un côté, le mouvement paraît « osé », dans la mesure où la solution proposée semble très en avance sur son temps, à l’heure où de nombreuses entreprises commencent tout juste à pérenniser le télétravail, quand d’autres cherchent à revenir au modèle classique le plus vite possible. De l’autre, l'entreprise a le mérite de se positionner sur un créneau novateur, dans la croisée de ses investissements dans les outils « Pro » et de la VR.

Reste à savoir si des clients auront envie d’investir dans du matériel et des services visant à améliorer le moral et la motivation de leurs troupes, sans parler de la formation et des habitudes à prendre pour que l’outil puisse être exploité à son plein potentiel, sans garantie sur la réussite du projet et son maintien à long terme. D’autant que, pour l’instant, il faut croire Facebook sur parole, alors qu'Infinite Workrooms vient tout juste d’arriver en bêta.

D'autant qu'il faudra prouver que l'ajout de la VR dans l'environnement de travail à coup d'avatars « cools » soit l'attente principale des salariés pour qu'ils se sentent mieux dans leur environnement professionnel.

Écrit par Vincent Hermann

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Introduction

Infinite Office : vive les bureaux « digitaux » ?

Tous au même endroit sans y être

Les fonctions apportées par Horizon Workrooms

Facebook promet sécurité... et respect de la vie privée

Facebook doit enthousiasmer développeurs et salariés

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (14)



Facebook promet sécurité… et respect de la vie privée




Soit ce sur quoi ils s’assoient depuis le début de leur existence ?


ils s’assoient dessus parce-que leur business model incluait de vendre les infos reccueillies chez leurs utilisateurs, auxquels ils ne demandent pas de paiement.
Là, ça ressemble à une fonctionnalité orientée “entreprise” : ils peuvent le rendre payant, donc la vente de données n’est pas un besoin vital. S’ils trouvent des clients prêts à payer. Ce qui veut dire, leur faire confiance :transpi:


anagrys

ils s’assoient dessus parce-que leur business model incluait de vendre les infos reccueillies chez leurs utilisateurs, auxquels ils ne demandent pas de paiement.
Là, ça ressemble à une fonctionnalité orientée “entreprise” : ils peuvent le rendre payant, donc la vente de données n’est pas un besoin vital. S’ils trouvent des clients prêts à payer. Ce qui veut dire, leur faire confiance :transpi:


Quand je vois les grands groupes s’être maqués avec Google (dont Workspace ne permet d’importer ses propres clés de chiffrement que depuis peu !), je ne m’inquiète pas pour Facebook de trouver des clients pro pour leur machin hélas.


SebGF

Quand je vois les grands groupes s’être maqués avec Google (dont Workspace ne permet d’importer ses propres clés de chiffrement que depuis peu !), je ne m’inquiète pas pour Facebook de trouver des clients pro pour leur machin hélas.


Clients pros dont la particularité est un fort transfert de responsabilités sur Facebook.



Se laisser la possibilité de nuire à une entreprise en violation flagrante de leur propres conditions d’utilisation par le biais de la délation est un exemple de contrat abusif qu’aucune startup ne peut tolérer pour garder le secret de ses affaires.



La vulgate de l’illectronisme est juste bonne à se laisser bercer de douces illusions; en somme(s).
(je caricature à peine)


On peut aussi télétravailler sur Twitch… ou jouer aux sims…



Le projet de visio précédent de Facebook me semblerait plus adapté au cas concret du salarié n’ayant ni les moyens de se streamer sur son matériel et surtout de rendre un casque de RV parfaitement désinfecté à sa boite. :roll:



Quand on dit que le problème se situe entre la chaise et le clavier c’est à prendre tel quel. Je lis surtout une dépense inutile d’imagination pour zéro usages communs.


Une réunion avec un casque de RV sur la tête… rien de mieux pour me rendre malade.
Franchement pas besoin de ça pour faire des trucs collaboratifs en ligne.


Ce qui me fait marrer pendant qu’ils imaginent tout un tas de trucs hyper compliqués ou requérant du matériel hors de prix, c’est que pendant ce temps là, ça fait un an et demi qu’on bosse tranquille via Discord entre télétravailleurs.


On se lève messenger, on petit déjeune whatsapp, on travail facebook/room/workroom, on goute avec nos enfants sur insta et on se couche stories. Si j’etais parano, je me persuaderais que facebook est comme un parasite qui se nourri de nos vie.


Clairement, cette idée ne me dit rien du tout. Au bout d’un moment, on est humain. Je ne sais pas vous mais plus le temps passe, et plus après une journée à être passé devant un écran d’ordi, j’ai envie de faire autre chose que… de l’ordi.
L’avenir à mon sens serait plutôt de faire du télétravail sans avoir besoin d’aller au bureau chaque semaine afin que chacun puisse habiter où il veut, plutôt que proche de son entreprise systématiquement (si possible bien entendu).


Plus je vieillis et plus j’imagine mes gosses dans “les cavernes d’aciers” d’Isaac Assimov. :craint:


J’ai hâte de la prochaine étape : prendre le contrôle d’un robot humanoïde et l’utiliser pour faire ses courses ou aller au bureau, voir même draguer et baiser. Tant que mes sens sont stimulés. Quoi comment c’est le film Clones ? :transpi:



kalou75 a dit:


Plus je vieillis et plus j’imagine mes gosses dans “les cavernes d’aciers” d’Isaac Assimov. :craint:




EDIT: J’ai confondu avec “Face aux feux du soleil”, mais bon ça marche aussi avec celui-là :)



SebGF a dit:


Soit ce sur quoi ils s’assoient depuis le début de leur existence ?




Pas mieux.



Plus sérieusement, je doute qu’une entreprise un tant soit peu sérieuse utilise ce truc. Et, je doute que des particuliers utilisent ce truc (si tant est que ça leur soit ouvert). La “réputation” de Facebook en terme de non respect de la vie privée n’est plus vraiment à faire.



Gilbert_Gosseyn a dit:


Pas mieux.



Plus sérieusement, je doute qu’une entreprise un tant soit peu sérieuse utilise ce truc. Et, je doute que des particuliers utilisent ce truc (si tant est que ça leur soit ouvert). La “réputation” de Facebook en terme de non respect de la vie privée n’est plus vraiment à faire.




Des tas d’entreprises utilisent Facebook Workplaces sans sourciller.