Publicité en ligne : la Commission européenne ouvre une enquête contre Google

Publicité en ligne : la Commission européenne ouvre une enquête contre Google

À qui le tour ?

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Sébastien Gavois

Publié dans

Droit

22/06/2021 4 minutes
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Publicité en ligne : la Commission européenne ouvre une enquête contre Google

Les pratiques de Google sur la publicité en ligne vont être examinées de près par la Commission européenne. L’institution va vérifier si la société n’a pas favorisé ses propres services « au détriment de prestataires de services de technologie publicitaire, d'annonceurs et d'éditeurs en ligne concurrents ».

Il y a quelques semaines, l’Autorité de la concurrence sanctionnait Google à hauteur de 220 millions pour abus de position dominante sur la publicité en ligne ; la société n’avait d’ailleurs « pas contesté les faits ». C’est désormais au tour de la Commission européenne d’entrer dans la danse et d’ouvrir officiellement une enquête sur un possible comportement anticoncurrentiel « dans le secteur des technologies de publicité en ligne ».

But de l’opération : déterminer si le géant du Net a favorisé « ses propres services de technologies d'affichage publicitaire en ligne au sein de la chaîne de fourniture "ad tech", au détriment de prestataires de services de technologie publicitaire, d'annonceurs et d'éditeurs en ligne concurrents ».

C’est un marché juteux, rappelle la Commission européenne : « En 2019, les dépenses consacrées à l'affichage publicitaire dans l'UE se sont élevées, selon les estimations, à 20 milliards d'euros environ ». Google y joue un rôle central d'intermédiation entre les annonceurs et les éditeurs concernant « l'affichage d'annonces publicitaires sur des sites web ou des applications mobiles ».

Une concurrence « plus difficile » à cause de Google ?

Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence, rappelle – à juste titre – que l’entreprise de Mountain View est présente « à presque tous les niveaux de la chaîne de fourniture » de la publicité en ligne. « Nous craignons que Google n'ait rendu l'exercice d'une concurrence sur l'"ad tech stack" plus difficile pour les services de publicité en ligne concurrents », ajoute-t-elle. 

La vice-présidente en profite pour en rajouter une couche. Bien que l’enquête soit « axée sur l'affichage publicitaire », la Commission examinera « également les pratiques de Google en matière de suivi des utilisateurs afin de nous assurer qu'elles sont compatibles avec une concurrence équitable ». 

L’enquête approfondie portera sur plusieurs éléments :

  • « l'obligation de recourir aux services Display & Video 360 («DV360») et/ou Google Ads de Google pour acheter des affichages publicitaires en ligne sur YouTube […]
  • l'obligation d'utiliser Google Ad Manager pour offrir des affichages publicitaires en ligne sur YouTube […]
  • l'avantage apparent conféré à Ad Exchange (AdX) de Google par DV360 et/ou Google Ads, ainsi que l'avantage potentiel conféré à DV360 et/ou à Google Ads par AdX […]
  • les restrictions imposées par Google en ce qui concerne la capacité de tiers […] d'accéder aux données relatives à l'identité ou au comportement des utilisateurs, données qui sont disponibles pour les propres services d'intermédiation publicitaire de Google, y compris Doubleclick ID […]
  • le projet de Google d'interdire le placement de "cookies" tiers sur Chrome et de les remplacer par la panoplie d'outils "Privacy Sandbox" […]
  • le projet de Google de ne plus mettre l'identifiant publicitaire à la disposition de tiers sur les appareils mobiles intelligents de type Android lorsqu'un utilisateur renonce à la publicité personnalisée ».

Google brosse dans le sens du poil

La réponse de Google ne s’est pas fait attendre : « Nous continuerons à nous engager de manière constructive avec la Commission européenne pour répondre à ses questions et démontrer les avantages de nos produits pour les entreprises et les consommateurs européens », affirme un porte-parole.

« Des milliers d’entreprises européennes utilisent chaque jour nos produits publicitaires pour atteindre de nouveaux clients et financer leurs sites web. Elles les choisissent parce qu’ils sont compétitifs et efficaces », ajoute-t-il à nos confrères.

La Commission rappelle que « l'ouverture d'une enquête formelle ne préjuge pas de son issue ». Elle ajoute qu’aucun délai légal n'est prévu pour la clôture d'une enquête sur de possibles pratiques anticoncurrentielles, et ne donne aucun calendrier concernant la fin de cette procédure.

Google et la Commission, une longue histoire « d’amour »

Depuis 2017, Google a été sanctionnée à plusieurs reprises par la Commission européenne, pour plus de 8 milliards d’euros au total.

Écrit par Sébastien Gavois

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Une concurrence « plus difficile » à cause de Google ?

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Commentaires (6)


Moi ce que j’aimerais surtout c’est qu’on régule l’utilisation de la publicité intrusive de manière générale, notamment sur les services et produits payants.



J’ai actuellement une Shield TV achetée la modique somme de 200 € il y a quelques mois, et aujourd’hui après une mise à jour je découvre que Google (via Nvidia) a poussé une mise à jour qui affiche des contenus sponsorisés, films et séries de chaînes payantes, sur tout le tiers supérieur de l’écran d’accueil.



Ça occupe beaucoup de place, ça attire l’oeil, et ce n’est pas désactivable. On ne peut même pas filtrer le type de contenu affiché. Et ça existe depuis un an déjà sur certains appareils. Je trouve personnellement ça admissible et j’aimerais bien qu’on commence à se pencher sur ce sujet-là, ce n’est pas la première fois qu’un constructeur / fournisseur de service ajoute de la publicité après coup sur un produit.


Wow c’est reloux ca pour ta shield, surtout vu le prix du produit, si en plus tu dois supporter ca, c’est la merde :(


Je confirme: la dernière mise à jour de la Shield est décevante sur ce point. Franchement, l’écran d’accueil qui fait la pub pour AppleTV et d’autres services de contenus, sans désactivation possible, c’est pénible.
Je songe à rooter pour dégager ça.



SomeDudeOnTheInternet a dit:


Moi ce que j’aimerais surtout c’est qu’on régule l’utilisation de la publicité intrusive de manière générale, notamment sur les services et produits payants.



J’ai actuellement une Shield TV achetée la modique somme de 200 € il y a quelques mois, et aujourd’hui après une mise à jour je découvre que Google (via Nvidia) a poussé une mise à jour qui affiche des contenus sponsorisés, films et séries de chaînes payantes, sur tout le tiers supérieur de l’écran d’accueil.



Ça occupe beaucoup de place, ça attire l’oeil, et ce n’est pas désactivable. On ne peut même pas filtrer le type de contenu affiché. Et ça existe depuis un an déjà sur certains appareils. Je trouve personnellement ça admissible et j’aimerais bien qu’on commence à se pencher sur ce sujet-là, ce n’est pas la première fois qu’un constructeur / fournisseur de service ajoute de la publicité après coup sur un produit.




Pourquoi râler autant si c’est admissible ? :transpi:


C’est quoi la plaisanterie ? Déjà si les cookies tiers ont perduré, c’est parce que l’UE a refusé de les interdire, pour ne surtout pas toucher au juteux business de M. Zurckenberg. Cette même UE qui a “raté” l’amende de 13 milliards chez Apple, prouvant que sa justice est aussi inefficace que sa politique. Et quand bien même elle arrive une fois ou l’autre à placer une petite amende chez un GAFAM (jamais chez microsoft, vous l’aurez noté…), c’est pour du beurre, vu le montant ridicule de l’amende face au bénéfice annuel, prouvant bien que toute ces initiatives sont de la communication pour imbéciles heureux. Vous pouvez toujours afficher fièrement les 8 milliards d’amende cumulés, finalement imposés sur google, en bas de l’article - c’est bien gentil - mais sur combien d’années écoulées, et avec quels bénéfices cumulés ? 100 milliards ? 200 ?
La plaisanterie, c’est gentil un moment, mais je reste sidéré de voir que jamais, au grand jamais, M. microsoft n’est attaqué sur ses abus de position dominante évidents sous w10, sur sa télémétrie à outrance, sur ses propres pubs qu’il balance aux consommateurs, sur ses réglages qu’il impose à coup de mises à jour forcées, etc.
De là à croire que microsoft dirige en fait ces attaques redondantes sur ses concurrents., vu le lobbying de la firme et ses nombreux collabos dans l’UE, c’est plus que possible…



hansi a dit:


(jamais chez microsoft, vous l’aurez noté…),




Toujours champion de la désinformation, toi…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaires_et_controverses_de_Microsoft#Affaires_de_l’Union_Europ%C3%A9enne">Tiens