Comme chaque année à l'approche du printemps, Google fait le ménage dans certains de ses services. Cette fois-ci, on apprend que l'agrégateur de flux RSS de la société, Reader, fermera ses portes dès le 1er juillet prochain. Une annonce qui risque de faire beaucoup de bruit.
Régulièrement, Google procède à la fermeture de certains de ses services afin de recentrer ses activités sur les plus utilisés et / ou les plus rentables. L'année dernière, c'est iGoogle qui en avait fait les frais (le service fermera ses portes le 1er novembre 2013) et il y a deux ans c'était au tour des Labs.
Le message obtenu lors de l'ouverture de Google Reader ce matin
Cette année encore, plusieurs services du géant du web vont progressivement disparaitre. Si pour la plupart d'entre eux cela se fera plus ou moins dans l'indifférence, ce n'est déjà pas le cas pour Reader, son agrégateur de flux RSS. Celui-ci ne sera plus accessible dès le 1er juillet prochain, soit dans à peine plus de trois mois. Un délai très court pour un service qui a huit ans d'existence, d'autant plus comparé aux 16 mois de répit qui avaient été accordés à iGoogle.
« Une base d'utilisateurs dévoués », mais pas vraiment monétisable ?
Dans son annonce, Google précise que Reader dispose d'« une base d'utilisateurs dévoués qui seront tristes de le voir partir. Nous sommes également tristes » avant d'ajouter ensuite qu'il y a deux raisons à cet arrêt : « l'utilisation de Google Reader a baissé et, en tant que société, nous devons concentrer notre énergie sur moins de produits. Nous pensons que ce genre de mise au point améliora l'expérience des utilisateurs »... dans l'immédiat ce ne sera en tout cas pas le cas de ceux qui utilisent Google Reader ou une application tirant parti de celui-ci.
Google Reader en 2006... et 6 ans plus tard
En effet, le principal point fort de Google Reader n'est pas spécialement son interface puisqu'il s'agit d'un client comme un autre. Comme on peut le voir dans ce test du célèbre Matt Cutts en 2006, par rapport à la présentation actuelle, très peu de choses ont changé. Le code s'est amélioré, le design s'est épuré... mais c'est à peu près tout. On notera au passage qu'aucune publicité n'était présente, un fait rare pour un service de la société.
Une simplicité qui plaisait à certains, et qui avait même poussé de nombreux développeurs à ne pas chercher à lutter face au géant du web. Certains voient ainsi dans la fin de cet outil le début d'une période de renouveau pour les solutions de gestion des flux RSS, qui ne se développaient plus qu'à travers quelques clients pour PC tels que RSS Owl par exemple, ou pour des solutions principalement orientées vers un usage mobile ou assez spécifique : Feedly, Flipboard, Pulse, Reeder...
Google Reader était avant tout une API, utilisée par les meilleurs clients du moment
Ce sont d'ailleurs ces outils qui risquent le plus de souffrir de la fin de Google Reader, car derrière le site qui n'était effectivement pas forcément très utilisé en tant que tel. Il en était tout autrement de son API qui était au coeur de nombreux outils : synchronisation, gestion des favoris... on y retrouvait de nombreuses fonctionnalités intéressantes.
C'est d'ailleurs peut-être tout le problème : un écosystème entier s'est créé autour d'une solution qui ne rapportait rien à Google si ce n'est des statistiques sur la popularité des flux RSS. Certains voient ici l'expression d'un souci de rentabilité qui devrait au final chambouler pas mal de monde, mais aussi peut être être à l'origine de nouveaux champions du genre.
Avec Takeout vous pouvez récupérer la liste de vos abonnements... et ensuite ?
Il sera d'ailleurs intéressant de voir qui émergera de cette situation dans les semaines et les mois à venir. Nos confrères se battent déjà pour élire le meilleur remplaçant de Google Reader : certains évoquent Netvibes, Newsblur ou Feedly par exemple. N'hésitez pas à nous dire quelles sont vos solutions au sein de nos commentaires, celles-ci sont nombreuses et leur développement devrait connaître un nouvel élan.
Feedly a été l'un des plus prompts à réagir. En effet, quelques heures seulement après l'annonce surprise de Google, la société se fendait d'un billet sur son blog afin d'expliquer qu'elle avait anticipé cette situation et qu'elle travaillait déjà sur un clône de l'API de Google (nom de code Normandy). Pour ses utilisateurs, la transition devrait donc se faire sans accrocs. Reeder à de son côté tenu à rassurer sur son avenir suite à cette annonce.
Don't worry, Reeder won't die with Google Reader.
— Reeder (@reederapp) 14 mars 2013
Comme toujours avec les services de Google, vous avez la possibilité de récupérer vos données personnelles via Takeout. Dans le cas de Reader, cela comprend la liste de vos abonnements au format OPML, des articles que vous avez partagés ou bien placés en favoris, de vos commentaires, etc. Pour cela, il suffit de suivre ce lien.
N'oubliez pas de rajouter ceux de PC INpact ou même ceux de Prix du Net (actualités, bons plans, etc.) :
Pour rappel, nos membres Premium disposent en plus de la possibilité d'avoir un flux RSS complet, contenant l'intégralité de nos actualités.
Les utilisateurs grognent sur Twitter, des pétitions sont en ligne
Quoi qu'il en soit, cette annonce a rapidement enflammé Twitter où de nombreux messages ont été publiés dans les quelques minutes qui ont suivi, le terme #GoogleReader est d'ailleurs rapidement arrivé dans le trio de tête des « tendances » mondiales du service de microblogging. Notez que certains sont plus virulents que d'autres :
Google is murdering Google Reader. It is committing appicide. Hate crime. NO GR, NO PEACE
— Jim Aley (@jimaley) 14 mars 2013
Comme lors du changement de design fin 2011, des pétitions ont déjà été mises en ligne afin de demander à Google de revenir sur sa décision. L'une d'entre elles a même été déposée sur le site de la Maison Blanche, reste à voir si elle atteindra les 100 000 signatures nécessaires afin d'obtenir une réponse officielle de la part de l'administration de Barack Obama. Une autre a été mise en ligne sur Change.org.
Le flux qui cache la forêt en feu ?
Mais certains voient surtout dans cette annonce les prémices d'une autre qui pourrait intervenir prochainement : la fin de FeedBurner, un outil qui vous permet de gérer et personnaliser vos flux RSS. C'est par exemple le cas de nos confrères de TechCrunch qui considèrent cette annonce comme « un nouveau clou dans le cercueil de FeedBurner ». Il faut dire que Google ne semble plus vraiment se préoccuper de son service depuis quelque temps, sans doute afin de privilégier son service d'actualités ou son réseau social Google+ ?
Hasard du calendrier ou pas, le compte Twitter officiel du service est sorti d'outre-tombe quelques heures avant l'annonce de la fermeture de Reader pour rappeler que son blog a été fermé il y maintenant plus de sept mois. D'après nos confrères, si vous utilisez ce service, il serait temps de commencer à chercher une solution de repli.
Tout ce bouleversement soulève finalement une autre question, plus vague, sur l'utilité des flux RSS qui, pour rappel, datent d'avant les années 2000 : ont-ils encore un rôle important à jouer sur Internet ? D'après nos statistiques, sur lesquelles nous aurons rapidement l'occasion de revenir, ils sont toujours bien plus exploités que d'autres outils pour l'information issue de sites tels que PC INpact. Une inertie peut être trop importante au goût de certains.