Hadopi/Linkstorm déplore la piètre visibilité des offres légales sur les moteurs

Autant nettoyer les écuries d'Augias, c'est plus simple

La Hadopi a publié hier son rapport Linkstorm, dédié à l'analyse du référencement des offres légales PUR dans les moteurs de recherche et dont on vous parle depuis de nombreux mois. Outre des données sur le comportement des internautes quant à leur accès légal et illégal de certains fichiers, le rapport démontre une très faible visibilité des offres légales dans les moteurs de recherche.

Hadopi Linkstorm

Ces 8 requêtes ont été réalisées pour 300 films différents.

Une visibilité ridicule pour les offres PUR, même avec l'expression VoD

La statistique est douloureuse : « sur l’ensemble des requêtes analysées en 15 semaines, les sites labellisés représentent 3 % des 10 premières réponses » selon le rapport. Et quand on sait que bien des internautes ne dépassent pas la première page des moteurs de recherche, autant dire que la visibilité des offres PUR est quasi nulle sur la toile.

Parmi les requêtes analysées, certaines affichent logiquement peu de sites légaux. Personne ne s'étonnera ainsi que taper le nom d'un film plus « torrent » ne mène pas vers MyTF1VOD ou encore Canalplay, tout comme le titre du film plus « film complet ». Par contre, l'on pourrait tout de même s'attendre à de bons résultats lorsque l'on tape le nom d'un film accompagné de « VoD », « regarder », « streaming », « télécharger » ou même le titre du film seul. Or si l'on dépasse parfois les 3 %, les résultats ne sont en rien exceptionnels.

 

Seulement 9 % des 10 premières réponses, soit moins d'un lien sur dix, mènent ainsi vers une offre légale labellisée avec l'expression « VoD ». Un taux qui tombe à moins de 5 % pour « télécharger », et même à 2 % pour « streaming » et 1,5 % pour « regarder ». Le constat est alarmant dès lors qu'une personne souhaitant utiliser un moteur de recherche pour voir ou télécharger un film légalement aurait donc du mal à obtenir ce qu'elle désire. Ce qui n'aide en rien l'offre légale et pousse d'autant plus l'accès illégal aux contenus vidéo.

L'étude Linkstorm note d'ailleurs que les sites « apparamment illicites » sont largement majoritaires, dépassant assez souvent au cours des 15 semaines d'études les 40 % de réponses pour les 10 premiers résultats, soit 13 fois plus que les offres PUR. Suivent les sites d'information (éditorial) avec environ 30 % des réponses.

 

Bonne nouvelle toutefois, les offres « apparamment licites » mais qui ne sont pas encore labellisées PUR affichent un taux moyen compris entre 7 et 8 %, hormis en semaine 15 où ce taux atteint les 10 %. Si l'on cumule les sites PUR et les offres légales non labellisées, nous obtenons donc une visibilité située entre 10 et 13 %. Un résultat moyen pour les huit requêtes qui n'en reste pas moins toujours très faible.

  

Hadopi Linkstorm

Résultats pour la requête « nom du film » + VOD

L'expression VoD utilisée seulement dans 3 % des cas

Dans les détails, c'est-à-dire en fonction de chaque requête, le duo PUR plus les offres « apparamment licites » a ses meilleurs résultats pour la requête « nom du film » plus l'expression VOD, avec au total de près de 20 % des résultats. Un des graphiques fournis par l'Hadopi indique toutefois que cette part atteindrait plutôt les 30 %, il doit cependant s'agir d'une erreur de légende. Quoi qu'il en soit, le rapport Linkstorm remarque que l'expression VoD est extrêmement peu utilisée (3 % des requêtes), soit trois fois moins que télécharger (8 %), dix fois moins que streaming (29 %) et vingt fois moins que le nom du film seul (59 %). Ces bons résultats pour la requête VoD est donc à tempérer dès lors que personne ne la tape dans les moteurs de recherche.

 

Les autres bons résultats pour le duo légal concernent les requêtes « nom du film » + Voir (10,37 %), « nom du film » + Télécharger (10,3 %), le « nom du film » seul (8,11 %), et « nom du film » + Streaming (7,48 %). A contrario, et sans grande surprise, le pire résultat pour l'offre légale dans son ensemble est la requête  « nom du film » + Torrent, avec 85,58 % d'offres apparamment illicites, et surtout à peine 1,21 % pour les sites PUR et les offres apparamment licites.

L'offre légale « souffre d'un déficit de visibilité » 

Pour la Hadopi, la conclusion est évidente : « l'offre licite de films dématérialisés souffre d'un déficit de visibilité parmi les 10 premières réponses renvoyées par les moteurs de recherche sur les requêtes les plus formulées par les internautes qui souhaitent regarder un film ».

Point intéressant, le rapport note judicieusement que l'offre légale pourrait trouver un relais majeur grâce aux sites éditoriaux. En effet, ces sites d'information sont particulièrement bien référencés. Ils sont ainsi n°1 sur plusieurs requêtes, dont la plus tapée par les internautes, c'est-à-dire celle portant sur le nom du film seul (58 % des requêtes). Un très bon référencement des sites éditoriaux probablement possible grâce à la création de fiches sur les films avant même leur sortie en salle imagine l'Hadopi. Cette dernière se demande d'ailleurs si les éditeurs de sites de VoD ne pourraient pas copier les sites éditoriaux.

Devenir partenaire des sites éditoriaux pour profiter de leur visibilité

Mais surtout, cette visibilité très forte des sites d'information pourrait être exploitée par les offres légales sous-entend fortement le rapport Linkstorm. « Plus généralement, le positionnement fort des sites proposant des contenus éditoriaux pourrait justifier la mise en œuvre de démarches partenariales entre les sites proposant un accès aux œuvres et ceux qui les commentent » résume l'Hadopi.

 

Cette optique tournée vers un meilleur référencement n'est pas nouvelle. La semaine dernière, nous vous rapportions qu'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, affirmait dans une réponse à une question écrite qu'il était « pertinent d'appuyer les agrégateurs dans leur dialogue avec les diffuseurs, afin de parvenir à des compromis permettant une meilleure circulation des contenus légaux. Concernant la visibilité des agrégateurs, ceux-ci sollicitent un appui de la Haute Autorité leur permettant de faire face à d'importants coûts de SEO (Search engine optimization). Ce travail d'optimisation semble aujourd'hui indispensable pour exister sur les moteurs de recherche. »

La tentation du surréférencement

Dans cette même réponse, la ministre se plaignait déjà du mauvais référencement des offres légales, preuve que la problématique est posée. Mais face au constat alarmant de ce rapport, la tentation du surréférencement est à craindre, alors que sous le précédent gouvernement, l'amendement 50 de la loi Hadopi en posait déjà les bases, bien qu'il fut abandonné par la suite.

 

À cette époque, Google n'avait d'ailleurs pas caché qu'un surréférencement des offres labellisées PUR était un danger.  « Ce serait aller loin que de demander aux moteurs de recherche de sur-référencer certains sites labellisés, cela constituerait une forme de censure. De plus une telle demande méconnaitrait le fonctionnement automatisé des moteurs de recherche. »

Les films et séries plus consommés illégalement que les autres biens culturels

Hadopi LinkstormTaux de consommation entre janvier 2012 et janvier 2013.


Enfin, notez qu'avant d'aborder le sujet du référencement, le rapport Linkstorm s'est de nouveau intéressé aux comportements des internautes vis-à-vis de leur consommation de biens culturels. Un sondage en ce sens a ainsi été réalisé en janvier dernier, et les résultats indiquent que 78 % des sondés ne consomment jamais illégalement (67 % pour les films, 94 % pour les photos), et seulement 3 % ne consomment strictement jamais légalement (9 % pour les séries tout de même).

 

Autres données intéressantes, celles portant sur les raisons des 33 % de personnes consommant des films de manière illicite. Sans surprise, la question du prix arrive en tête (69 %), suivi par le problème du choix (40 %) et des habitudes de consommer des films gratuitement sur internet (38 %). Les DRM gênent aussi une faible partie des sondés (12 %). Quant au fait de trouver des sites légaux, seuls 8 % estiment la démarche difficile.


Hadopi Linkstorm

Raisons de ne pas consommer des films légalement.

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