La vie privée, ça va payer

PDG + RGPD = ROI
Economie 6 min
La vie privée, ça va payer
Crédits : DKart/iStock

PricewaterhouseCoopers (PwC), l'un des quatre grands cabinets d'audit et de conseil, a identifié une liste de 7 « mégatendances » en matière de protection de la vie privée à l'horizon 2030. Cette « feuille de route pour les PDG » serait susceptible de leur faire gagner « des avantages concurrentiels durables » par rapport à ceux qui n'en ont cure.

PwC explique que son équipe de « plus de 600 professionnels de la protection de la vie privée dans plus de 40 pays » a identifié ces 7 « mégatendances » aux termes d'une analyse effectuée en trois étapes  :

  • Nous avons effectué une méta-analyse des rapports sur les mégatendances publiés par huit maisons de stratégie pour identifier les tendances potentielles;
  • Nous avons construit un modèle de lien de cause à effet des tendances candidates pour identifier les relations entre elles; et
  • Nous avons classé leur probabilité et leur impact sur les indicateurs du marché local à l'échelle mondiale.

Chacune d'entre elles est suivie de conseils destinés à aider les PDG à identifier les vecteurs et déclencheurs susceptibles de les déployer, mais qui concernent également l'ensemble des salariés, clients et consommateurs.

PwC estime au premier chef que « convertir les données en valeur de manière sûre et éthique est l'impératif commercial de la prochaine décennie. Celui qui contrôle le cycle de vie de ses données dirigera le plus son destin (...) à mesure que la valeur perçue des données augmente, elles deviendront une cible accrue de l'espionnage des entreprises et de cyberattaques étatiques », intensifiant le besoin d'intégrité et d'authentification des données.

D'autant que « dans le même temps, le déploiement croissant de l'intelligence artificielle, de la robotique et d'autres technologies ayant un impact sur la vie privée créera de nouveaux risques en matière d'éthique des données ».

Ce pourquoi les entreprises qui se positionneront « sur une éthique des données et des technologies alignées » auront des avantages par rapport à la concurrence.

Vers une « application automatisée de la confidentialité »

Il table, en second lieu, sur un régime « tripolaire » de réglementation de la protection de la vie privée autour des modèles européens, américains ou chinois.

Partant du constat que « les pays continueront à voir des avantages au cours de la prochaine décennie en adoptant de nouvelles réglementations sur la protection de la vie privée », les différentes exigences et l'application des trois pôles pousseront les multinationales à repenser la migration vers le cloud, et à « modifier l'équilibre du modèle opérationnel mondial entre ce qui est centralisé et ce qui est régionalisé ».

Troisième mégatendance : « l'application automatisée de la confidentialité ». PwC estime en effet que les entreprises seront confrontées à une exposition accrue sur ces questions : « les régulateurs sont à court de ressources et sous pression pour produire des résultats, et plusieurs d'entre eux obtiennent de plus grandes autorités d'application ainsi que des niveaux maximums d'amendes et de pénalités plus élevés ».

Dès lors, « les approches traditionnelles de la conformité à la vie privée qui se concentrent sur la documentation papier des politiques et des procédures se révéleront inadéquates à cet examen numérique continu ».

Les entreprises de la Big Tech seront au surplus « au centre des préoccupations des régulateurs et des militants et se trouveront exposées à des amendes, des sanctions, des poursuites et un examen public croissants ».

PwC anticipe, en quatrième lieu, le fait qu'« une part croissante des consommateurs sera prête à quitter les entreprises auxquelles ils sont fidèles s'ils trouvent un concurrent capable de leur offrir les mêmes ou de meilleures commodités, mais avec un contrôle et une valeur plus fiables de leurs données ».

Les entreprises qui ont le plus à gagner seront dès lors « celles qui peuvent dépasser leurs concurrents en offrant une meilleure combinaison de prix, de qualité de produit, de service et de flexibilité des contrôles de confidentialité, d'accès aux données, de portabilité, de correction, de restriction d'utilisation et d'effacement ».

Vers une « pénurie de talents en ingénierie de la confidentialité »

PwC estime par ailleurs que « la pandémie COVID-19 a accéléré le suivi technologique des entreprises du statut et de la productivité des employés », et que « les technologies telles que la reconnaissance faciale et l'intelligence artificielle pourraient être utilisées pour accroître les disparités raciales et socio-économiques ».

Une cinquième mégatendance consisterait dès lors à déployer « un programme de protection de la vie privée des employés, une culture de confidentialité positive endémique, de performance et d'impact éthique des nouvelles technologies et des utilisations des données sur le lieu de travail ». Il s'agirait d'offrir aux employés « les moyens de gérer leur vie privée au travail et à la maison, y compris des moyens pour sécuriser le travail à domicile ».

Pour survivre et prospérer à travers les tendances susmentionnées, les entreprises les plus touchées « appliqueront de nouvelles normes plus strictes dans leur entreprise et à travers leurs chaînes d'approvisionnement et leurs chaînes de valeur des données ».

La sixième mégatendance viserait à « établir des normes technologiques de confiance, codes de conduite et programmes de certification » dans tous les aspects de l'entreprise afin de bénéficier d'« avantages concurrentiels auprès des entreprises clientes, des consommateurs finaux et des employés ».

PwC estime à ce titre que « la demande de personnes capables d'appliquer des exigences de confidentialité complexes à des problèmes commerciaux dépassera l'offre » et entraînera, septième mégatendance, une « pénurie de talents en ingénierie de la confidentialité ».

Les six autres mégatendances de la protection de la vie privée vont en effet « toutes dans cette direction : un besoin mondial et soutenu de concevoir de nouvelles technologies de confiance et de normes d'éthique des données ».

Dès lors, les besoins vont aussi augmenter en personnels formés en science, technologie, ingénierie et mathématiques, « déjà très demandés, ainsi que pour ceux formés en philosophie et en éthique ». De plus, les ingénieurs devront acquérir une expertise en matière de confidentialité, « tandis que les avocats devront acquérir une connaissance approfondie de la technologie et de l'éthique ».

Les multinationales qui « adoptent l'approche traditionnelle consistant à compter sur une ou deux personnes dans leur service juridique pour répondre à tous leurs besoins en matière de confidentialité ne répondront pas à leurs objectifs commerciaux 2030 liés à la technologie ou aux données ».

Ils seront même « surclassés par la concurrence, connaîtront des taux plus élevés d'attrition des consommateurs et des employés, et des cycles de vente plus lents », tout en absorbant « de plus en plus de risques ».

« Les entreprises qui naviguent le mieux dans ces sept mégatendances de la vie privée de la prochaine décennie obtiendront des avantages concurrentiels durables par rapport à celles qui poursuivent les approches de sprint qu'elles avaint suivies pour, par exemple, la préparation au RGPD », conclut PwC.

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