Alors qu’une étude pointait il y a quelques mois les effets négatifs de la fermeture de MegaUpload sur les entrées dans les salles de cinéma, de nouveaux travaux réalisés par deux chercheurs américains témoignent aujourd'hui d’un impact positif de cette fermeture sur l’offre légale de vidéos en ligne. Rien ne permet cependant d’assurer que cette constatation est également valable pour les autres fichiers traditionnellement échangés sur Internet (musique, ebook, logiciels,...).
« Nos recherches indiquent que durant 18 semaines et à travers 12 pays, les revenus issus des contenus vidéos pour les deux studios furent de 6 à 10 % plus élevés qu’ils ne l’auraient été s’il n’y avait pas eu de fermeture [de MegaUpload] » indiquent les chercheurs. Ils évaluent même l’augmentation hebdomadaire des ventes de vidéos entre 10 500 et 15 300 unités supplémentaires. S’agissant des contenus loués (VoD, etc.), celle-ci serait selon leurs travaux comprise entre 13 700 et 24 000 unités de plus.
Ces scientifiques notent en outre que ces augmentations ont été plus importantes pour les États où les plateformes de Kim Dotcom étaient très populaires (l’Espagne et la France notamment). « Les pays dans lesquels l’utilisation de MegaUpload était la plus importante avant cette fermeture ont vu les ventes et locations dématérialisées augmenter plus largement que [dans les autres pays] » écrivent-ils.
L’on se rappelle d’ailleurs que deux semaines après l'opération à l'encontre de MegaUpload, Canal+, M6 et TF1 n’avaient pas hésité à se féliciter de l’impact positif de cette fermeture sur les sites légaux. Nicolas de Tavernost, patron de la six, indiquait par exemple début février que W9 Replay avait vu son trafic multiplié par quatre en quinze jours.
Des conclusions basées sur les chiffres de deux studios anonymes
Les auteurs de cette étude concluent en affirmant qu’ils démontrent ainsi que « la fermeture d’un site majeur de piratage peut augmenter les ventes de l’offre légale en ligne ». Aussi, ils ajoutent que, « par extension », leurs travaux apportent « une preuve que le piratage de films sur Internet supplante l’offre légale de vidéos en ligne ».
Cependant, leurs conclusions doivent être prises avec les pincettes de rigueur : les auteurs de cette étude reconnaissent d’ailleurs noir sur blanc que leurs travaux ne concernent que l’offre légale en ligne (et donc pas les entrées en salle, les ventes physiques, etc.), et ce sur le secteur du film uniquement, puisqu’il n’est pas question de musique ou de jeux vidéo par exemple. Surtout, ils ont stoppé leurs observations il y a de ça 10 mois, après avoir fait des relevés 4 mois et demi après la fermeture de MegaUpload.
Pour mémoire, une précédente étude publiée en novembre 2012 démontrait que les résultats du box-office étaient plus importants lorsque MegaUpload était encore ouvert, hormis sur les blockbusters. Les deux scientifiques à l’origine de ces travaux mettaient alors en avant le rôle joué par le bouche à oreille.