La présentation de l’iPad Pro a montré encore une fois la volonté d’Apple de pousser sa tablette comme une solution viable pour le travail mobile, allant jusqu'à y intégrer un SoC M1. On peut ainsi hésiter entre un tel appareil et un MacBook Air ou Pro. Passons en revue les avantages et inconvénients de chacun.
Avec la puce M1, Apple a signé le début d’un profond renouvellement technique. S’affranchissant d’Intel, les premiers Mac équipés ont marqué par des performances élevées au rapport performances/watt crevant le plafond, permettant à l’autonomie d’atteindre jusqu’à 20 heures sur un MacBook Pro.
La première vague de produit exploitant ce SoC se concentrait sur le Mac mini, le MacBook Air et le MacBook Pro 13 pouces, soit les petites machines et – toutes proportions gardées – l’entrée de gamme. Avec la présentation du nouvel iMac, le M1 franchit une nouvelle étape en s’intégrant dans un ordinateur de bureau.
Le nouvel iMac n’est cependant pas le seul appareil annoncé la semaine dernière avec cette puce : c'est aussi le cas de l’iPad Pro. Outre ce surplus de puissance, il a droit à une évolution de sa dalle – le passage à la technologie maison XDR et aux mini-LED pour la version 12,9 pouces – et l’arrivée de la 5G, même si pour cette dernière les ondes millimétriques restent encore une fois cantonnées aux États-Unis.
Ainsi, l'utilisateur qui se cherche une machine Apple mobile, d'un tarif aux alentours de 1 000 euros, se trouve face à un choix cornélien : une bête de course tactile pensée pour la mobilité (sous iPadOS) contre un ordinateur portable tout aussi puissant mais avec une autonomie à peu près doublée (sous macOS). Que choisir ?
L'usage de l’appareil déterminera évidemment la réponse, mais autant s’assurer que vous avez passé en revue tous les critères essentiels à prendre en compte, surtout quand le SoC des deux concurrents est identique.
L'iPad Pro M1 a de quoi séduire
Commençons par le nouveau venu. Le nouvel iPad Pro se veut la formule 1 des tablettes, avec sa puce M1 complète (4+4 cœurs CPU et 8 cœurs GPU) accompagnée par 8 Go de mémoire et 128 Go de stockage.
La dalle du modèle de 12,9" a nécessité plus de travail puisqu’Apple y a inséré la même technologie que celle de son écran Pro Display XDR de 32". On retrouve un peu plus de 10 000 mini-LED permettant une luminosité de 600 nits (1 000 nits plein écran, avec des pointes à 1 600 nits). Le contraste de 1 000 000:1, TrueTone, la gamme P3 et ProMotion (fréquence adaptative jusqu’à 120 Hz) sont également de la partie.
Pour Apple, cet iPad Pro M1 se veut le digne compagnon des personnes travaillant avec le Pro Display XDR. Mais soyons honnêtes, cela ne concerne qu’une poignée d'utilisateurs. Pour les autres, il s’agira « seulement » d’une très belle dalle aux couleurs éclatantes. La machine est bien entendu livrée sous iPadOS.
La 5G remplace en outre la 4G. La gestion des ondes millimétriques – 26 GHz chez nous – est réservée au pays d’origine d’Apple (28 GHz). Qui peut le plus pouvant le moins, on pourra se contenter d’un abonnement 4G pour utiliser la tablette en extérieur. Côté sans fil, la tablette est également équipée en Wi-Fi 6.
On a donc une tablette puissante, avec une dalle tactile de qualité et une connectivité moderne. De quoi accomplir n’importe quel travail où que l’on se trouve ? En théorie oui, mais il faut se projeter et réfléchir aux cas d’usage car au risque d’enfoncer des portes ouvertes, non l’iPad Pro ne conviendra pas à tous les cas de figure.

Premier point évident, l’absence de clavier. L’iPad propose bien sûr son clavier virtuel, mais pour qui doit souvent taper du texte, l’exercice se révèlera pénible. Au prix de l’iPad Pro, il faudra donc ajouter celui de cet accessoire.
La tablette peut se contenter d’un simple clavier Bluetooth, mais beaucoup préfèreront une protection avec clavier intégré, comme le Magic Keyboard d’Apple. Celui-ci est tout de même vendu 399 euros, une note particulièrement salée qui viendra s’ajouter aux 1 219 euros minimum de l’iPad Pro 12,9" (899 euros pour le 11").
On trouve des modèles moins onéreux chez d’autres constructeurs, notamment Logitech. Attention, il faudra attendre la mise en vente d'accessoires compatibles, car on ne trouve pour l'instant aucun modèle conçu pour cette troisième génération de la tablette. Prenez donc garde lors de vos achats.
Si on veut exploiter toutes les possibilités, il faudra peut-être aussi acheter une souris, puisque l’iPad Pro les prend en charge, même si c'est de manière incomplète selon les modèles. Et tant qu’à faire, autant prévoir un Apple Pencil, vendu 135 euros. La note de la liberté est salée.
Ainsi équipé, l'appareil peut parer à presque toutes les solutions. Presque, car l’utilisation depuis une tablette ne garantit pas que vous pourrez toujours être efficace. Tout dépend en fait des tâches à accomplir. L’environnement logiciel est crucial et doit être analysé, car les applications mobiles sont le plus souvent moins complètes que leurs équivalents pour ordinateurs. Même les plus courantes comme Word, Excel, PhotoShop, AutoCAD et autres.
Les écarts sont plus ou moins importants, et ce sera à vous de définir si les fonctions absentes vont vous manquer. La question se pose également pour celles et ceux qui travaillant avec un CMR ou toute autre interface d’administration passant par le web. Certaines s’accommoderont très bien des navigateurs mobiles et le moteur WebKit, d’autres pas. Là encore, les tests sont importants.
Autre point à prendre en compte, le multitâche. iPadOS dispose de plusieurs capacités, dont celle d’afficher deux applications en même temps sur l’écran. Mais même en 12,9", la quantité d’informations pouvant être affichée ne sera peut-être pas suffisante. Si votre travail implique de gérer plusieurs fenêtres auxquelles vous devez pouvoir accéder rapidement, l’iPad ne sera sans doute pas la solution idéale. Idem si vous comptez régulièrement sur les notifications : il est bien plus simple de garder un œil sur le Dock et les pastilles rouges que de vérifier dans le centre de notifications si vous n’avez pas raté quelque chose pendant que vous étiez en train de vous servir un café.
L’écran tactile en outre représente à la fois un avantage ou un inconvénient selon ce que vous comptez faire. Si votre activité implique par exemple de dessiner ou de tracer des plans, le stylet sera un outil de choix. Si au contraire vous devez essentiellement écrire et manipuler des informations, le même écran vous fera lever la main pour interagir avec les éléments tactiles. Pour de nombreuses manipulations, une souris se révèlera plus rapide, même si iPadOS contient des raccourcis clavier pour accélérer une partie des opérations.
Enfin, travailler sur iPad sera irrémédiablement plus lent si vous devez manipuler des fichiers. Certes iPadOS intègre une application dédiée désormais, mais un vrai gestionnaire de fichiers sera toujours plus efficace pour tout ce qui touche aux sélections multiples, copies, déplacements et autres. On pense aussi à certains usages pour le moment limités à macOS comme le fait de pouvoir virtualiser un système comme Linux ou Windows.
Le MacBook Pro et les vieux pots
Apple n’a pour l’instant renouvelé que le modèle 13,3" de son MacBook Pro, presque aligné avec l'iPad Pro de 12,9". La comparaison est intéressante car à taille de dalle équivalente, les usages feront toute la différence. D'autant que les machines utilisent le même SoC M1, et devraient donc avoir des performances similaires.
Ainsi, pour la première fois chez Apple, un ordinateur a la même puce qu’une tablette. Les deux sont accompagnés de 8 Go de mémoire, mais cette caractéristique ne permet de tirer aucune conclusion, tant leur exploitation est différente. En revanche, le MacBook Pro est fourni avec au moins 256 Go de stockage (SSD), soit le double de l’iPad Pro. Quant à l’écran, il est forcément moins impressionnant que celui de la tablette, mais dispose quand même d’une définition de 2560 x 1600 pixels, avec une luminance de 500 nits, une gamme de couleurs P3 et TrueTone.

Ce que le MacBook Pro perd en tactile, il le gagne en productivité dans de nombreux cas. On revient en effet sur un ordinateur complet, avec le système d’exploitation idoine. Entre la puce M1 et le SSD, la réactivité est excellente, à tel point qu’Apple a pesamment insisté sur cet argument dans sa présentation du nouvel iMac.
Contrairement à l’iPad Pro, le MacBook n’a pas à se limiter aux applications trouvées sur l’App Store : peut (presque) installer ce que l’on souhaite, en provenance de n’importe quel site (avec les dangers qui vont avec). On a également accès à un terminal complet (natif), ce qui aura son importance pour les développeurs par exemple.
Le multitâche sera également beaucoup plus efficace, avec le Dock pour revenir sur n’importe quelle application et la possibilité d’afficher plusieurs fenêtres à l’écran, même si les 13,3" seront vite une limite. macOS permet cependant d'augmenter la définition (1280x800 par défaut). On perd alors l’effet Retina, mais on gagne en surface de travail. Certains outils comme EasyRes vont plus loins, permettant de choisir n’importe quelle définition, y compris le 2 560 x 1 600 natif qui nécessitera de plisser copieusement les yeux pour y lire les minuscules caractères.
Le MacBook aura bien sûr pour lui l’avantage des logiciels complets. Pas question de versions tronquées à cause de la place prise par les contrôles tactiles. On peut installer le « vrai » Photoshop, la suite Office complète, des outils de développement, etc. Bien sûr, si vous devez dessiner, tracer et autres activités à base de stylet, le MacBook ne vous apportera rien, à moins d’avoir en plus un iPad, qui pourra alors être utilisé comme tablette graphique.
Le choix au-delà de la question du prix
À 1 449 euros, le premier MacBook Pro est plus onéreux que l’iPad Pro. Mais pour ce prix, le clavier est – évidemment – déjà présent, attaché à la machine. Contrairement à la tablette, il s'agit d'une machine prête à l’emploi avec frappe physique et pavé tactile si l’on ne possède pas de souris. Autre avantage, on peut se servir d'une souris allant plus loin que les classiques deux boutons, pour peu que le constructeur fournisse des pilotes adaptés.
On s’habitue vite au clic molette pour ouvrir un lien dans un nouvel onglet du navigateur, ou aux boutons latéraux pour Précédent et Suivant. Un critère qui relèvera pour certains du simple bonus, et pour d’autres d’une nécessité.
En matière de connectivité, le MacBook Pro a l’avantage… mais d’une très courte tête, puisqu’il ne propose que deux ports USB Type-C, compatibles Thunderbolt. C’est peu pour une machine estampillée « Pro », mais c’est toujours un de plus que l’iPad. Dans les deux cas, on peut se servir d’un connecteur pour relier l’appareil à un écran externe.
Côté connectivité sans fil, l’avantage est clairement à l’iPad Pro. Car si le MacBook Pro dispose des mêmes Bluetooth 5.0 et Wi-Fi 6, il n’a aucune option cellulaire, alors que la tablette dispose d’une puce 5G. On peut bien sûr partager la connexion d'un iPhone, mais ce sera toujours plus fastidieux d’attendre que l’appairage se fasse. Là encore, on s’étonne qu’une gamme « Pro » ne dispose d’aucune option de ce type.
On en vient enfin à un point capital quand il s’agit d’appareils conçus pour la mobilité : l’autonomie. Dans ce domaine, le MacBook Pro bat à plates coutures l’iPad Pro. Apple donne pour ce dernier jusqu’à 10h pour la navigation web ou la lecture de vidéos. Le MacBook Pro peut grimper jusqu’à 17h et 20h. Des chiffres qui sont évidemment à prendre avec des pincettes, mais la différence est pratiquement du simple au double.
Notez que si nous avons choisi le MacBook Pro pour la comparaison, cette dernière peut se faire avec le MacBook Air. Un design plus ancien, pas de Touch Bar et une première configuration désactivant l’un des cœurs du GPU, mais un prix attractif de 1 129 euros, l’écran étant le même. L’autonomie est moindre (jusqu’à 16 heures), mais si l’idée est d’avoir avec vous un appareil capable de suivre vos tâches quotidiennes sans trop se soucier de la batterie et avec une réactivité générale identique à celle du MacBook Pro, ce modèle vaut que l’on s’y penche.
L'inévitable question du « plaisir » à l'achat
Les temps sont intéressants chez Apple, car pour une base équivalente, on se retrouve avec deux manières très différentes d’exploiter la puissance fournie. L'entreprise, qui se refuse à choisir entre iPadOS et macOS, va sans doute analyser la réaction de ses clients afin d'ajuster sa stratégie.
Quoi qu'il en soit, si vous avez opté pour une solution de la marque à la pomme, la question de l’appareil qui vous accompagnera dans vos déplacements est légitime. Les budgets « tout compris » étant proches, ce sont avant tout vos usages et habitudes qui détermineront celui qui répondra le mieux à vos attentes.
Le MacBook est un ordinateur avec toutes les facilités qui vont avec et l’autonomie très élevée permise par la puce M1. L’iPad Pro a pour lui les usages tactiles, la compatibilité avec le Pencil et la connectivité 4G/5G. Dans une moindre mesure, sa dalle représente un avantage si vous êtes équipé d’un Pro Display XDR.
Bien sûr, il y a la dimension « plaisir », qui peut – comme toujours – faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Vous savez peut-être par exemple qu’un iPad Pro ne sera pas toujours idéal, mais si la nouvelle tablette vous fait envie, vous passerez sans doute outre. C'est désormais à vour de choisir.
N'hésitez pas à nous détailler les raisons de votre préférence au sein des commentaires pour prolonger le débat.