Plongée dans Proton, la nouvelle interface en préparation de Firefox

Gros sourcils
Plongée dans Proton, la nouvelle interface en préparation de Firefox

Mozilla travaille sur une nouvelle interface pour son navigateur : Proton. Elle doit lui apporter une modernisation bienvenue, dans la veine du « less is more ». L’approche se veut ainsi minimaliste, de nombreux éléments participant à cet effet. Les onglets, en revanche, ne sont pas du goût de tout le monde.

Dans la guerre des navigateurs, l’interface joue désormais un rôle presque aussi grand que les performances et les fonctionnalités. « Interface » est d’ailleurs ici un mot valise, qui mélange tant l’interface utilisateur (UI) que l’expérience utilisateur (UX). C’est dans cette discipline que plonge Mozilla, guettant de près la réponse à ses tests.

Proton est le nom du projet, qui vise à moderniser l’interface de Firefox pour en changer la perception par les utilisateurs. Car pour une partie du public, peu importe les performances – les concurrents tiennent presque tous dans un mouchoir de poche – si l’apparence du produit fait « vieillotte ».

D’autant que les fonctions proposées ne font pas toujours la différence tant il existe un énorme tronc commun entre les navigateurs, qu’aucun n’aurait l’idée de changer. L’interface est donc un terrain de différenciation qui participe au « plaisir » de l’utilisation. De quoi pousser Mozilla a intervenir, Firefox n’ayant guère changé depuis l’arrivée de Photon avec Quantum. Près de quatre ans sans réelle nouveauté visible, une éternité en informatique.

Comment tester Proton

Projet open source et communautaire oblige, Proton est accessible à tous ceux qui souhaitent le tester. Pour cela, installez la dernière préversion Nightly du navigateur depuis le site dédié (en bas de page). Jusqu’à récemment, il fallait y activer toute une série de flags depuis le about:config. Les bases de l’interface sont maintenant présentes par défaut, même s’il faut toujours se rendre dans ce menu pour s’assurer que tout est bien actif.

Voici les éléments nécessaires, leur mise en place par défaut se faisant au fur et à mesure de l’avancée du projet :

  • browser.proton.appmenu.enabled : menu principal de Firefox
  • browser.proton.tabs.enabled : apparence des onglets (normalement actif par défaut)
  • browser.proton.toolbar.enabled : barre d’outils (Précédent, Suivant, etc.)
  • browser.proton.urlbar.enabled : barre d’adresse
  • browser.proton.contextmenus.enabled : menus contextuels
  • browser.aboutwelcome.design : écran d’accueil visible au premier lancement (about:welcome)
  • browser.proton.modals.enabled : fenêtres modales
  • browser.proton.infobars.enabled : barres d’informations (comme lors d’un blocage de popup)

Première approche de Proton et de ses onglets

Que l’on soit sous Linux, macOS ou Windows, l’apparence générale du navigateur sera strictement identique. On remarquera çà et là quelques minuscules différences, qui tiennent à l’alignement avec l’esthétique du système utilisé, comme la police par défaut (qui peut pourtant avoir un impact fort sur le ressenti).

  • Firefox Proton
  • Firefox Proton
  • Firefox Proton

Il est probable que votre œil soit rapidement attiré par les nouveaux onglets. Difficile de les manquer, tant leur esthétique rompt avec ce que l’on a l’habitude de voir. Plus question en effet de la règle – voire l’axiome – selon laquelle la barre d’adresse doit toujours être accrochée à l’onglet en cours, pour bien montrer que les deux éléments sont liés. Avec Proton, ce lien est supposé intrinsèque, et Mozilla estime probablement que tout le monde aujourd’hui sait suffisamment se servir d’un navigateur pour se passer d’une liaison tangible.

Ces onglets font débat, essentiellement car leur épaisseur est souvent trop importante. L’aspect « détaché » surprend une partie des utilisateurs mais, dans la plupart des cas, les personnes s’y font. L’épaisseur est d’autant pointée du doigt qu’elle a un impact direct sur la quantité de contenu qu’une fenêtre de Firefox affiche sur un écran donné. En l’état, Proton prend un peu plus de place que Photon. Mais cette épaisseur cache un aspect fonctionnel puisqu'elle autorise deux lignes de texte, ce que l’on verra surtout à la lecture d’un média, comme sur YouTube :

Firefox Proton

Les nouveaux onglets fonctionnent finalement comme un simple cadre se déplaçant sur le fond. Les seules séparations étant celles du cadre, il n’y en a plus aucune entre les onglets en arrière-plan. En pratique, ce n’est pas dérangeant : les favicons et croix et de fermeture servent de séparateurs.

On remarque également la manière dont Mozilla a voulu nettoyer la barre d’outils. D’abord, les icônes pour Précédent, Suivant et Actualiser ont été modernisées. C’est une réussite : fini le gros cercle autour de Précédent qui s’approchait des bords et créait un déséquilibre. L’icône de la petite maison pour l’Accueil a disparu.

Firefox Proton

À droite, les changements sont encore plus significatifs. Plus de bouton vers la Bibliothèque, ni pour Téléchargements. Juste un pour Pocket – ce qui n’est pas du goût de tout le monde – et un accès au menu général.

Puisqu’il s’agit toujours de Firefox, on peut bien sûr tout personnaliser, via la fonction idoine du menu général ou d'un clic droit dans la barre. D’ailleurs, tout comme aujourd'hui, le bouton Téléchargements n’a pas vraiment disparu, il est simplement configuré par défaut pour disparaître quand il n’y a rien à afficher.

Les autres éléments d'interface

Le menu général surprendra également à sa première ouverture. Au revoir les icônes, place au texte uniquement. Mozilla en a profité pour faire un peu de ménage. En tout, 16 lignes de texte contre 20 jusqu’ici. Dans l’ordre, on trouvera le compte connecté puis, sous un liseré coloré, le bloc des onglets et fenêtres, celui des sections (Téléchargements, favoris, mots de passe…), des actions liées à la page, et enfin des fonctions du navigateur.

Firefox Proton

Si la suppression des icônes demandera un petit temps d’adaptation, le nouveau menu est clairement une oxygénation bienvenue. Un peu plus large et long, les éléments n’y sont plus compactés.

On retrouve le même changement d’approche qu’entre Chrome et Edge, Microsoft préférant prendre un peu plus ses aises. On remarque aussi l’utilisation de coins arrondis, que l’on retrouve d’ailleurs dans le menu contextuel, qui a subi en partie le même traitement. Ces coins ne sont pas les mêmes, et on ne sait pas encore s’il s’agit d’une volonté de Mozilla ou d’une simple passe d’uniformisation qui n’aurait pas été faite.

La barre d’adresse est, elle aussi, révisée. Les coins sont légèrement arrondis, et on ne trouve à droite que deux icônes : le mode lecture et l’ajout de marque-page. Actuellement, ces icônes sont très marquées, dans un noir au trait un peu épais qui s’accorde assez mal avec l’impression de légèreté du reste.

Actuellement, ces icônes sont grises et donc plus discrètes. La vue développée est légèrement plus aérée et semble plus propre. Le cadre arbore lui aussi des coins arrondis et laisse tomber une ombre légère.

  • Firefox Proton
  • Firefox Proton
  • Firefox Proton
  • Firefox Proton
  • Firefox Proton

Le panneau d’information accessible depuis l’icône de bouclier subit le même traitement, et la différence jure quelque peu. Avec le retrait de toute couleur, le panneau semble bien grand et vide quand aucun dispositif de suivi n’est détecté. Les animations du panneau sont également très saccadées, preuve que le travail n’est pas terminé.

Enfin, les fenêtres modales sont révisées, dans un look très épuré là encore : un simple cadre blanc avec ombre portée, le bouton de fermeture dans un bleu électrique. Il ne s’agit plus d’une fenêtre séparée, mais intégrée. Il est impossible de la déplacer et le fond de Firefox se grise pour bien représenter l’idée que tant qu'aucune réponse n'est donnée, aucune autre action ne pourra être menée. On retrouve ce thème avec le panneau d’impression.

Firefox ProtonFirefox Proton

Que penser de Proton ?

Mozilla prend ici quelques risques, notamment avec ses nouveaux onglets. Avantage pour l’éditeur, Firefox ne pourra pas être confondu avec un concurrent. Un point qui pourrait être positif alors que certains reprochent aux dérivés de Chromium de se ressembler un peu trop, en dehors d’un Vivaldi qui cultive sa différence avec énergie.

Nous dirons pour notre part que Mozilla tient le bon bout, mais que tout n’est pas rose. Les retours de la communauté seront cruciaux, du moins quand ils sortent du « c’est différent, donc c’est moche ». La manière dont y répondront les développeurs également. Cela peut d'ailleurs conditionner la réussite du projet.

Les onglets nous semblent un peu trop épais, et nous ne sommes pas persuadés que l’affichage de deux lignes de texte soit un évènement suffisamment fréquent et fonctionnellement intéressant pour justifier cette taille sur tous les sites. D’autant que le rendu particulier des polices par Firefox sous Windows donne un résultat brouillon.

Pour le reste, Proton représente une nécessaire modernisation d’un Firefox dont l’interface accuse le poids des ans. En matière de design, les courants ne changent pas si vite de direction, et le chemin emprunté avec Photon reste d’actualité. Proton va simplement plus loin, à condition qu’une uniformisation soit appliquée au reste de l’interface.

Firefox Proton

Par exemple, le menu du clic droit sur un onglet n’a pas été encore vraiment traité, tandis que celui sur les pages web semble incomplet et son apparence est très différente selon que l’on se trouve sur Linux, macOS ou Windows.

Bien qu’elle sorte sans doute du cadre de cette rénovation, la Bibliothèque mériterait également un sérieux rafraîchissement. Et puisque Firefox semble vouloir rabattre les informations des fenêtres séparées au sein de l’interface principale, pourquoi ne pas fournir un « À propos » intégré dans un onglet, comme le font les navigateurs dérivés de Chromium et comme Mozilla l’avait déjà fait pour les paramètres ?

Proton est quoi qu’il en soit un projet en cours. Ce qui signifie que rien de ce que nous voyons également n’est définitif. Ses éléments arrivent petit à petit dans le canal Nightly et, tant qu’ils y restent, ils sont à considérer comme en cours de réflexion. Un dernier mot d'ailleurs, sur Firefox Nightly. Ces versions, compilées à raison de deux par jour, sont parfois très instables. Ne soyez donc pas étonnés si le navigateur se bloque parfois.

Mais cette mouture a deux gros avantages : les nouveautés y sont déversées quotidiennement et permettront donc de suivre l’évolution de Proton, et il s’agit d’un canal séparé, sans danger pour le Firefox stable.

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