Points d’Échange Internet : France-IX absorbe Rezopole et veut étendre son empreinte en France

Points d’Échange Internet : France-IX absorbe Rezopole et veut étendre son empreinte en France

Ce n’est que le début

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Sébastien Gavois

Publié dans

Internet

14/01/2021 6 minutes
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Points d’Échange Internet : France-IX absorbe Rezopole et veut étendre son empreinte en France

Dans le petit monde des points d’échange à Internet, une importante « fusion par voie d’absorption » vient d'être réalisée entre deux acteurs importants de l’hexagone : France-IX et Rezopole. La nouvelle entité ne cache pas ses ambitions  de « poursuivre son développement dans des villes stratégiques ».

Comme nous avons eu l’occasion de l’expliquer en détail dans notre dossier sur le fonctionnement d’Internet, les points d’échange (IXP) occupent une place importante. Il s’agit en effet d’infrastructures physiques permettant à différents acteurs d’Internet de s’interconnecter ; on peut les comparer à de très (très) gros switchs.

On peut avoir plusieurs points d’échange dans chaque pays. Ils sont souvent gérés par des associations afin d’afficher une certaine neutralité. Dans l’hexagone, nous avons France-IX qui dit être « l'un des principaux points d'échange Internet d'Europe » et dispose de partenariats avec d’autres IXP sur le territoire.

Une carte mondiale des points d’échange est disponible par ici

Depuis des années, France-IX veut prendre de l’importance, ce qui fait aujourd'hui avec « sa fusion [par voie d’absorption, ndlr] avec Rezopole, le point d’échange régional le plus important en France ». « Ce rapprochement s’inscrit dans la stratégie de croissance de France-IX qui consiste à étendre sa présence sur le territoire national et francophone et élargir sa gamme de services », peut-on lire dans le communiqué annonçant la nouvelle.

Poser ses valises à Lyon, proposer des services supplémentaires

France IX revendique de « fédérer les principaux acteurs de l’Internet national et international sur sa plateforme et compte aujourd’hui plus de 400 membres », tandis que Rezopole regroupe « plus de 100 membres connectés à Lyon et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ». Elles se veulent donc en partie complémentaire.

L’association lyonnaise propose aussi des services au-delà du peering : hébergement, NAP (Network Access Point), formations, conseil et infogérance BGP, animation de filières, etc. Ces « bonus » intéressent aussi France IX qui compte développer son portfolio et proposer « des services intégrés et complémentaires de qualité à l’ensemble de ses membres, notamment à destination des entreprises et des clients internationaux ».

« Créer un leader »

Dans ce rapport du conseil d’administration de France-IX du 15 octobre 2020, on peut lire que cette fusion « permettra également de créer un leader disposant de positions fortes en régions et notamment en Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA ». France-IX est présent à Paris et Marseille, tandis que Rezopole gère LyonIX.

Dans ce document, on apprend que cette opération est réalisée dans un « contexte international de plus en plus compétitif ». Pour Rezopole, cela permettrait d’une certaine manière de casser un plafond de verre : « L’association Rezopole, qui a atteint aujourd’hui sa taille maximale, pourra bénéficier de la solidité financière de France-IX et d’une stratégie de développement lui permettant d’assurer à ses salariés une évolution intéressante ».

Les détails de cette fusion-absorption

Cette fusion se réalisera en plusieurs étapes. Tout d’abord, le point d’échange régional apporte « sa branche complète et autonome d’activité de développement de l’Internet par la mise en place d’une plateforme d’interconnexion » ; soit l’ensemble des actifs et passifs de l’association pour simplifier.

En contrepartie elle recevra « 28 744 actions nouvelles, d’un euro chacune de valeur nominale, entièrement libérée, créée à titre d'augmentation de son capital par la SAS France IX Services », une filiale prenant la forme d’une société commerciale détenue à 100 % par l’association France-IX. Le capital de la SAS passera de 250 000 à 278 744 euros.

« Dans le cadre de cette fusion, l’Association Rezopole apportera à l’association France IX les actions de la SAS France IX Services reçues en contrepartie de l’apport susvisé. Ainsi, l’association France IX restera associée unique de la SAS France IX Services ». Cette fusion entraine aussi « la dissolution sans liquidation de Rezopole ».

Selon France-IX, cette opération est largement approuvée par les membres des deux associations : 95 % des siens et 94 % pour Rezopole l’ont « plébiscitée » lors des votes en assemblée générale. « C’est un nouveau cap qui est franchi aujourd’hui avec pour volonté de développer toujours davantage la communauté Internet en France ». On s’en doutait fortement et c’est confirmé : la nouvelle entité « opèrera sous la marque France-IX ».

Lyon n’est qu’une étape…

Maintenant, l’association veut « se concentrer sur le marché français et consolider ses contenus francophones qui sont aujourd’hui essentiels pour ses membres locaux et internationaux. L’implantation stratégique de Rezopole en région Auvergne-Rhône-Alpes (Lyon, Grenoble et Annecy) est un premier pas pour atteindre cet objectif ».

On comprend en creux que d’autres opérations du genre sont donc envisagées. France-IX ne s’en cache pas :

« À terme, la nouvelle entité aura pour volonté de poursuivre son développement dans des villes stratégiques où les infrastructures sont déjà existantes, mais aussi de consolider sa présence dans les territoires d’outre-mer et les pays de la francophonie »

Du changement au CA, Philippe Duby est candidat

Notez au passage que les membres de France IX ont récemment élu Sarah Nataf et réélu Christian Kaufmann au conseil d’administration, avec respectivement 22,7 et 34,1 % des voix. Deux autres postes restent encore à pourvoir et une assemblée générale est prévue pour le 29 janvier.

« Nous avons en effet procédé en deux temps afin de garantir davantage d’équité aux membres Rezopole […]. Nous souhaitons donc encourager autant que possible leur représentation au sein du nouveau conseil en permettant aux membres Rezopole de soutenir et voter pour les candidats issus de leur communauté », explique France-IX.

Parmi les candidats, Philippe Duby, ex-président de Rezopole. Il sera fixé sur son sort dans deux semaines.

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Écrit par Sébastien Gavois

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Poser ses valises à Lyon, proposer des services supplémentaires

« Créer un leader »

Les détails de cette fusion-absorption

Lyon n’est qu’une étape…

Du changement au CA, Philippe Duby est candidat

Commentaires (8)


petite question, c’est bien “France i-iks”, et pas “France 9” c’est bien ça ? (idem pour LyonIX)
IX pour “Internet (e)Xchange” ou un truc du genre ?



edit : typo


Dites moi, c’est quoi le modèle économique de ce type d’IX?
Je vois bien où peuvent se trouver les coûts mais d’où viennent les revenus?


Les revenus viennent des membres des plateformes, la capacité n’est pas gratuite : il faut de fait payer le matériel et les salaires des gens comme moi qui maintiennent tout ça en état de fonctionnement.



Les prix sont affichés publiquement : https://www.franceix.net/fr/solutions/pricing/



eres a dit:


Dites moi, c’est quoi le modèle économique de ce type d’IX? Je vois bien où peuvent se trouver les coûts mais d’où viennent les revenus?




Un élément de réponse tiré du dossier de NXI sur le fonctionnement des tuyaux d’Internet :



Points d’Échange Internet (IPX) : Une infrastructure physique permettant à différents acteurs d’Internet de s’interconnecter. On peut comparer les points d’échange à de très (très) gros switchs avec une importante capacité (on ne parle pas de Gb/s, mais en Tb/s). Tout le monde peut venir s’y connecter (contre le paiement d’un abonnement), mais ce n’est pas « open bar » pour autant : certains acteurs peuvent être présents de manière restreinte. En Europe nous avons France-IX, DE-CIX, NL-ix, etc. Il peut y en avoir plusieurs par pays et ils sont souvent gérés par des associations dans le but de se détacher des opérateurs et d’afficher une certaine neutralité.



fry a dit:


petite question, c’est bien “France i-iks”, et pas “France 9” c’est bien ça ? (idem pour LyonIX) IX pour “Internet (e)Xchange” ou un truc du genre ?




IX = Internet eXchange. Pas un numéro.


Il faut savoir que même au sein de l’écosystème, il n’est pas rare que des gens fassent l’erreur.



Pour l’anecdote, lorsqu’on interviens en datacenter, dire qu’on vient pour “france9” permet généralement d’être trouvé plus vite que “France I-iks”…


Squalala

Il faut savoir que même au sein de l’écosystème, il n’est pas rare que des gens fassent l’erreur.



Pour l’anecdote, lorsqu’on interviens en datacenter, dire qu’on vient pour “france9” permet généralement d’être trouvé plus vite que “France I-iks”…


excellente (et triste ?) anecdote :)


Squalala

Il faut savoir que même au sein de l’écosystème, il n’est pas rare que des gens fassent l’erreur.



Pour l’anecdote, lorsqu’on interviens en datacenter, dire qu’on vient pour “france9” permet généralement d’être trouvé plus vite que “France I-iks”…


Assez drôle comme retour de terrain :)