Une nouvelle version de Firefox est disponible, alors que le navigateur vient de faire peau neuve. Les évolutions sont appréciables, mais ne semblent pas suffisantes pour enrayer la baisse de la part de marché du navigateur open source. Malgré les inquiétudes, aucun plan de bataille n'est clairement évoqué.
Firefox 91 est là. Comme à chaque fois, le navigateur apporte son lot de nouveautés. Malgré l'été, cette nouvelle mouture comporte des améliorations intéressantes, comme la politique HTTPS-first. Ainsi, toutes les connexions seront tentées dans une version sécurisée par défaut, quelle que soit l'URL. Si cela ne fonctionne pas, alors une connexion HTTP classique sera négociée. Les détails se trouvent par ici.
Nettoyage des cookies et gestion du compte Microsoft
Certains retiendront surtout le renforcement du nettoyage des cookies afin d'éviter qu'ils ne soient utilisés à des fins de pistage. La méthode se veut plus fine, sans perturber la navigation. Les données des sites et des outils de pistage qu'ils intègrent étant désormais isolés, ils peuvent en effet être nettoyés de manière simultanée.
Ainsi, si vous supprimez les données liées à un domaine en particulier, celles liées à des services comme Facebook le seront également si elles ont été stockées lors d'une navigation sur ce site. Pour rappel, ces dispositifs ne sont actifs que si vous utilisez un mode de navigation strict.
Autre nouveauté qui intéressera cette fois plutôt les adeptes des services de Microsoft, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises : le dispositif de connexion unifiée (SSO) intégré à Windows, propre à l'entreprise, est désormais géré par Firefox. Il s'agit d'une option à activer, dont le fonctionnement est détaillé par ici.
Lorsqu'elle est en place et si vous avez un compte Microsoft renseigné sous Windows, il sera utilisé pour vous connecter directement aux services de l'entreprise, avec les éventuelles couches de sécurité spécifiques (code PIN, Hello, gestion des domaines en entreprise, etc.).
Vous trouverez le détail des autres évolutions par ici, celles pour les développeurs par là.
La situation de Firefox inquiète
Une mise en ligne qui intervient dans un contexte particulier. En effet, la situation de Firefox inquiète, alors que le navigateur s'est fait doubler par Edge de Microsoft sur le marché des navigateurs pour PC de bureau depuis quelques mois, selon Statcounter. En juillet, il ne détenait plus que 7,62 % du marché, contre 8,21 % pour Edge.
Chrome reste largement en tête, avec près de 70 % des utilisateurs qui continuent de lui faire confiance, l'ensemble des autres acteurs se partageant les restes. Sur le mobile, c'est à la fois similaire et différent. Car Chrome y détient 63,63 % du marché, mais avec comme principal opposant Safari (24,4 %) et Samsung Internet (5,62 %). Les 6 % restant sont partagés entre l'ensemble des outils tiers, Firefox ne comptant que pour 0,51 %, soit quatre fois moins qu'Opera (1,94 %). Une situation globale nette, même si elle diffère d'un pays à l'autre.
En France, Chrome est globalement plus faible sur les PC de bureau (61,44 %) et Firefox plus fort (14,38 %). Edge est plutôt au coude à coude avec Safari, leurs scores étant respectivement de 9,62 % et 9,84 %. Sur le mobile, Chrome est en tête mais avec 58,18 % de parts de marché « seulement » contre 29,9 % pour Safari, 7,8 % pour Samsung Internet et 1,29 % pour Firefox. Le manque de percée de ce dernier sur le mobile reste criant.
Mais c'est surtout la tendance sur le long terme qui questionne, alors que Firefox est l'un des rares navigateurs à résister à la tendance du tout-Chromium, désormais tout puissant en ligne sur l'implémentation des standards.
Selon les données de Mozilla, son navigateur comptait 244 millions d'utilisateurs actifs dans le monde au 31 décembre 2018, dont 15,4 millions en France. Désormais, on est à 196 millions dans le monde – soit une perte de 48 millions (-20 %) – et 10,8 millions (-30 %) en France. La situation s'accélère d'ailleurs chez nous depuis le début de l'année puisque l'on comptait 13,2 millions d'utilisateurs au 4 janvier. Les nouvelles versions n'y ont rien changé.
Le nombre d'utilisateurs de Firefox en France baisse, surtout ces derniers mois
« Réimaginer le navigateur » (et make the world a better place)
De son côté, l'équipe semble opter pour la méthode Coué. Elle a publié il y a quelques jours, peu après les premiers billets et articles évoquant ces inquiétudes, une vidéo où il est question de réimaginer le navigateur pour le remettre au service de ses utilisateurs, incitant ces derniers à faire des retours au fil des évolutions, pour parvenir à « déverrouiller le potentiel du web indépendant et ouvert pour tous » à travers de nouvelles expériences.
Mais pour le moment, rien de plus concret n'a été diffusé. On ne sait ainsi pas comment Mozilla compte s'y prendre pour imposer son rythme ou que ses rêves finissent par se concrétiser... sans Firefox dans le paysage.