Vega : l’échec de VV17 causé par… une procédure imprécise et « une inversion de connexions »

Jamais deux sans trois ?
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Vega : l’échec de VV17 causé par… une procédure imprécise et « une inversion de connexions »

En novembre, la mission VV17 échouait à cause d’une anomalie sur le lanceur Vega. En cause, « un câblage et à une connexion incorrects des actionneurs électromécaniques ». Des actions ont été prises pour éviter que cela ne se reproduise et Arianespace espère revenir en vol au premier trimestre 2021.

L’Agence spatiale européenne et Arianespace enchainent les déconvenues avec le lanceur Vega. En juillet 2019, la mission VV15 connaissait aussi un funeste destin, après un sans-faute depuis 2012. La cause la plus probable de l’anomalie était une « défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Zefiro 23 ». Des « actions correctives portant sur l’ensemble des sous-systèmes, des processus et des équipements concernés » étaient mises en place pour éviter que cela ne se reproduise.

L’Europe prenait une bouffée d’oxygène en septembre 2020 avec le lancement réussi de VV16, d’autant que cette mission était l’occasion de valider SSMS (Small Spacecraft Mission Service), le service de lancement partagé Vega (qui sera aussi disponible sur les futurs lanceurs Vega-C et Ariane 6). Le retour en vol devait se faire rapidement – dès le mois de mars – mais la pandémie mondiale de Covid-19 est venue gripper les rouages.

« Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge »

Il y a un mois, la mission VV17 était un cuisant échec, de nouveau à cause d’une « anomalie », mais sur le quatrième étage cette fois-ci. Les satellites d’observation de la Terre SEOSAT-Ingenio et TARANIS pour le Centre National d’Études Spatiales (CNES) étaient perdus. Un coup dur pour les partenaires, Arianespace et l’Europe, d’autant que c’était le second échec sur les trois derniers lancements.

Rapide rappel des faits : « Les trois premiers étages ont fonctionné de façon nominale jusqu’à l’allumage de l’étage supérieur AVUM, huit minutes après le décollage. Une dégradation de la trajectoire a alors été détectée, générant une perte de contrôle du lanceur puis la perte de la mission ».

De premiers éléments sont rapidement arrivés, par l’intermédiaire de Roland Lagier (CTO d’Arianespace) : « C'était clairement un problème de production et de qualité, une série d'erreurs humaines, et non un problème de conception ». La commission chargée de l’enquête vient de rendre son verdict.

Elle confirme les premières hypothèses : il ne s’agit pas d’un problème de conception, mais d’intégration : « l’échec est dû à un câblage et à une connexion incorrects des actionneurs électromécaniques du système de contrôle de vecteur de poussée de l’étage supérieur AVUM, entrainant une inversion des commandes de direction qui a conduit à la dégradation de la trajectoire et la perte du véhicule ».

La commission décrit le déroulement des faits, en trois temps : « (i) une procédure d’intégration imprécise qui a causé (ii) une inversion de connexions électriques, non détectée lors (iii) des différentes étapes de contrôle et de test effectuées entre l’intégration de l’étage supérieur AVUM et l’acceptation finale du lanceur, et ce à cause d’incohérences entre les exigences spécifiques et les contrôles recommandés ».

Pluie de recommandations pour éviter un nouveau drame

Les experts ont formulé un ensemble de recommandations pour éviter que cela ne se reproduise. La commission recommande qu’une ribambelle d’inspections et de tests supplémentaires soient effectués rapidement sur les deux prochains lanceurs Vega, car ils sont déjà entièrement ou partiellement produits. Sans surprise, il en va de même pour les prochaines fusées à construire.

Sur le plus long terme, des « recommandations permanentes » sont formulées, à la fois sur la fabrication, l’intégration et le « processus d’acceptation » durant l’assemblage du lanceur en Italie et Guyane. Un groupe de travail dirigé par l’ESA et Arianespace a été mis en place pour vérifier la bonne exécution de cette feuille de route.

Pour Stéphane Israël, président exécutif d’Arianespace, « la clarté des conclusions présentées par la Commission indépendante donne la possibilité à Avio, le maître d’œuvre de Vega, de prendre en compte immédiatement ces recommandations sur ses lignes d’intégration, avec le soutien d’Arianespace et de l’ESA ».

Vega VV17
Il y a comme un petit souci avec la trajectoire sur l’écran de derrière…

Petit retard à prévoir pour le prochain lancement…

Un léger retard sur le planning est à prévoir pour le patron d’Arianespace : « Ce plan d'actions nous rend confiants dans notre capacité à reprendre les vols d'ici à la fin du premier trimestre 2021. Sachant qu'avant l'anomalie, le prochain lancement était programmé en février 2021. C'est donc un retard limité que nous anticipons ». 

En attendant, Arianespace peut se réjouir du lancement d’une fusée Soyouz depuis de cosmodrome de Vostochny, la première mission conjointe Arianespace-Starsem depuis la toute nouvelle base spatiale russe. 36 satellites OneWeb sont à bord (la société vient de renaitre de ses cendres). Ils sont largués quatre par quatre, les huit premiers sont déjà libérés, les autres devant suivre rapidement.

… mais VV18 reste en piste pour le premier trimestre 2021

Pour le moment, le prochain lancement de Vega est programmé pour le premier trimestre 2021. Cette mission VV18 embarquera le premier satellite de la constellation d’observations de la Terre Pléiades Neo, développée par Airbus, mais il ne sera pas seul à bord.

Comme avec VV16 (qui n’a pas explosé en vol), il s’agira d’une mission SSMS, dite de « juxtaposition (avec passagers auxiliaires) » : « le dispenseur a une configuration reposant sur un module hexagonal sous la principale interface avec la charge utile principale ». Cinq sociétés ont déjà signé avec Arianespace, VV18 affiche désormais complet.

« Nous allons vérifier avec Airbus que tout a été fait correctement afin d'aller vers un retour en vol fiable. Nous impliquerons très fortement notre client dans le suivi de la mise en œuvre des actions », affirme Stéphane Israël. Un troisième échec en si peu de temps serait un gros coup de massue pour Arianespace… ce qui pourrait bien pousser ses partenaires vers des concurrents.

… suivi par VV19 et Vega-C

VV19 doit ensuite s’envoler au second trimestre, là encore avec une charge principale et des passagers auxiliaires. Il reste encore de la place pour des nanosatellites et dispositifs de déploiement de CubeSats. Le successeur du lanceur léger de l’Europe – Vega-C – devrait effectuer son vol inaugural en juin prochain, puis une mission commerciale au quatrième trimestre 2021, sur laquelle il reste de la place pour des petits satellites.

Il faudra par contre attendre 2022 pour le vol inaugural du lanceur lourd Ariane 6. Vous pouvez d’ailleurs retrouver un dossier sur cette fusée dans notre magazine #2.

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