En France, 9,2 millions d’abonnements Internet passent par la fibre, sur 22,2 millions de lignes éligibles. L’Arcep fait le point sur la situation, avec une attention particulière sur les zones AMII et AMEL. L’Autorité en profite pour annoncer les deux premiers statuts de « zone fibrée » et mettre à jour son moteur de recherche Ma connexion Internet.
Chaque trimestre, l’Arcep publie un observatoire des déploiements des réseaux sur le fixe, avec une attention particulière sur la fibre optique. Pour rappel, le Plan France Très Haut Débit (THD) prévoit d’apporter une couverture de 30 Mb/s minimum à l’ensemble des foyers d’ici 2022, avec 80 % minimum en fibre optique.
Avec la pandémie et les mesures de confinements, cette année 2020 est très particulière, même si les quatre opérateurs s’en tirent bien. Au deuxième trimestre, le gendarme des télécoms expliquait qu’il ne semblait « pas avoir eu d’impact sur la croissance du nombre d’accès à haut et très haut débit et sur la conversion des abonnés à la technologie FTTH ». Qu’en est-il au troisième ?
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La machine est repartie de plus belle, et les trois mois ont été « marqués par une progression record de l’adoption de la fibre optique (FTTH) et une poursuite des déploiements à un rythme élevé ». Le régulateur en profite pour dévoiler les deux premières « zones fibrées » dans lesquelles il n’est plus obligatoire d’installer des lignes téléphoniques en cuivre dans les constructions neuves. Il améliore aussi son site Ma connexion internet.
FTTH : 1 million d’abonnements et 1,4 million de prises
Après avoir franchi le cap des 30 millions d’abonnements au haut et très haut débit fin juin, on est désormais à 30,259 millions, toutes technologies confondues. 13,563 millions sont des abonnements dits très haut débit – à plus de 30 Mb/s – dont 9,249 millions en fibre optique (FTTH). Le THD est toujours le principal moteur de la croissance (+ 938 000), tout particulièrement la fibre avec 944 000 abonnements de plus en trois mois, tandis que le haut débit est en baisse de 722 000. Au final, le delta est positif avec 216 000 abonnements haut et très haut débit supplémentaires.
Le premier confinement a nettement augmenté l’utilisation du numérique dans certains foyers, qui ont pour certains dû sauter le pas vers le FTTH. Quand on est plusieurs à la maison, avec des usages divers (streaming, visioconférences, jeux, upload…), on est quand même bien plus à l’aise avec de la fibre optique que du xDSL. Pour rappel, les réseaux ont pour leur part tenu le choc.
Le déploiement des réseaux en fibre optique de bout en bout a continué avec un rythme du « toujours soutenu » : 1,4 million de lignes, soit le deuxième meilleur trimestre depuis le début du plan France THD. Sur les trimestres précédents, il était question de 1,3 et 1,2 million de lignes, soit un total de 3,9 millions sur les neuf premiers mois de 2020. En 2019, 4,8 millions de prises étaient déployées, cette année est donc bien partie pour battre le record, d’autant que le dernier trimestre de l’année est généralement plus élevé que les autres.
Un « rythme insuffisant » et des disparités en zones très denses
Les déploiements sont par contre assez inégaux en fonction des zones. Dans les ZTD (Zones Très Denses), l’Arcep regrette qu’« un rythme insuffisant s’est installé depuis de nombreux trimestres ». Cet été, le bilan est de 102 000 nouvelles prises en trois mois, et 301 000 depuis le début de l’année. De 6 millions de locaux couverts fin juin, on passe ainsi à 6,1 millions fin septembre.
De plus, « il existe une forte disparité dans l’avancement du déploiement dans les zones très denses ». Paris et Lyon sont à 95 et 94 % de couverture, tandis que Toulouse, Nice, Montpelier et Bordeaux dépassent les 80 %. Par contre, Lille n’est qu’à 46 %, Marseille à 65 % et Nantes à 66 % ; des écarts très importants.
On retrouve une situation similaire au niveau des départements. Alors que le taux moyen national est de 83 %, le Nord et le Puy-de-Dôme sont à 49 % seulement, la Seine-Maritime à 59 %, le Vaucluse à 60 %, etc. Ils sont seize en tout à être sous la moyenne nationale.
1,3 million de lignes supplémentaires dans les zones moins denses
Dans les zones moins denses d’initiatives privées, les déploiements vont bon train avec 11,5 millions de locaux éligibles, soit un million de plus qu’au précédent relevé. Sur les RIP – les fameux Réseaux d’Initiative Publique – 4,6 millions de lignes sont raccordables au FTTH (+300 000), dont 1,6 million dans des communes rurales et 0,6 million dans celles en montagne.
Voici un rapide résumé de la situation, avec le pourcentage de couverture en se basant sur les données INSEE :
- Zones très denses : 6,1 millions de locaux (+0,1 million), soit 83 % (+1 point)
- Zones moins denses d’initiative privée : 11,5 millions de locaux (+1 million), soit 73 % (+8 points)
- Zones moins denses d’initiative publique : 4,6 millions de locaux (+0,3 million), soit 27 % (+2 points)
- Total : 22,2 millions de locaux (+1,4 million), soit 68 % (+3 points)
Pour arriver aux 80 % de fibre en 2022, il faut donner un coup d’accélérateur sur les zones moins denses d’initiative publique qui représentent le plus gros foyer de prises, avec le plus petit nombre de déploiements actuellement.
Sur les 22,2 millions de lignes éligibles, le régulateur ne dénombre que 9,2 millions d’abonnés (la répartition dans les différentes zones n’est pas précisée). Dans la pratique, 42 % des locaux éligibles à la fibre en profitent.
L’Autorité précise que son observatoire est pour le moment incomplet : « les chiffres de mutualisation des réseaux » et « la mise à jour de cartefibre.arcep.fr avec les données du 3e trimestre » sont encore en cours de production ; elles interviendront dans le courant du mois de décembre.
Le respect des engagements en zones AMII et AMEL
Cet observatoire est l’occasion de faire un point d’étape sur le contrôle du respect des engagements d’Orange et de SFR dans les zones « AMII » (appel à manifestation d’intention d’investissement), avant l’échéance de fin 2020 : « À la fin du troisième trimestre 2020, environ 72 % des locaux des communes sur lesquelles Orange s’est engagé et 82 % de ceux dans les communes sur lesquelles SFR s’est engagé ont été rendus raccordables ».
Le gendarme donne donc rendez-vous le trimestre prochain pour « quantifier précisément le niveau d’atteinte des objectifs par les opérateurs ». Comme nous l’avons déjà indiqué, il rappelle que « la production de nouvelles lignes FTTHH est habituellement très élevée » durant les trois derniers mois de l’année. Les délais seront-ils tenus ? Réponse dans trois mois.
Le suivi des engagements s’étend désormais aux déploiements de fibre souscrits par des opérateurs auprès de collectivités, et donc dans le cadre des AMEL (Appels à Manifestation d'Engagements Locaux). Ils sont au nombre de dix, avec quatre opérateurs d’infrastructures :
- Altitude en Côte d’Or et dans les Landes
- Covage en Saône-et-Loire et en Savoie
- Orange dans le Lot-et-Garonne, en Haute-Vienne ainsi qu’en Vienne et Deux-Sèvres
- SFR en Alpes de HauteProvence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône, Eure et Loire ainsi que Nièvre
Pour le moment, c’est le calme plat et la plupart des indicateurs sont à 0. Le plus « élevé » est SFR en Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône avec moins de 50 000 locaux raccordables, pour un objectif de 150 000 fin 2020. Sur les tableaux on peut voir que certains « objectifs locaux raccordables » sont très loin d’être tenus.
Deux « zones fibrées », le cuivre peut y mourir
L’Arcep délivre ses deux premières attributions du statut « zone fibrée ». Son but est de « qualifier les territoires où le réseau en fibre optique à très haut débit est entièrement déployé et opérationnel », ouvrant la voie « à une migration de masse du réseau cuivre vers la fibre ».
Ce statut est important, car il met « fin dans la zone concernée à l'obligation d'installation des lignes téléphoniques en cuivre dans les constructions neuves, qu’il s’agisse de maisons individuelles ou d’immeubles groupant plusieurs logements ou locaux à usage professionnel ».
Voici les deux heureux élus :
- THD 42 Exploitation et le Syndicat Intercommunal d’Énergies de la Loire : 23 communes de la Loire
- Aisne THD et l’Union des Secteurs d’Énergies du Département de l’Aisne : 51 communes de l’Aisne
Le site Ma connexion Internet s’améliore
Enfin l’Autorité a mis à jour son site Ma connexion Internet. Lancé en bêta en avril, ce moteur de recherche cartographique permet d’obtenir la liste des FAI et technologies disponibles à votre adresse. Un appel à contribution avait été lancé dans la foulée. Cette nouvelle mouture prend en compte les retours et ajoute « de nombreux opérateurs locaux, l’enrichissement de l’affichage des cartes et une meilleure fiabilité des données ». Les données ont été mises à jour au passage, elles sont désormais datées du 31 mars 2020.
L’Autorité rappelle que Ma connexion Internet est toujours en bêta et que les travaux continuent. Elle prévoit de publier une version « plus complète et plus fiable » du site au printemps 2021.