pCloud s'est fait remarquer en proposant 500 Go ou 2 To de stockage « à vie ». Le service dispose d’une large panoplie d’applications officielles avec de nombreuses fonctionnalités, certaines étant payantes. Voici notre analyse de cette solution qui n'a pas que des points positifs.
Des solutions de stockages en ligne il en existe des dizaines et il n’est pas toujours facile pour elles de se démarquer. Des Dropbox ou kDrive (lire notre analyse) misent sur les fonctionnalités annexes, tandis que iCloud (Apple), Drive (Google) et OneDrive (Microsoft) sont profondément intégrés au sein d'un écosystème complet.
pCloud, jeune société Suisse lancée en 2013, revendique aujourd’hui plus de 10 millions d’utilisateurs. Comme la quasi-totalité de ses concurrents, le service propose une offre gratuite permettant de le tester de manière limitée. Cela ne se fait pas au niveau de la durée, aucune carte bancaire n’est exigée pour en profiter, la création d'un compte ne nécessite que votre email et un mot de passe.
Mais plusieurs restrictions importantes sont de la partie, comme pour les fameuses offres valables « à vie ».
Des données au Luxembourg ou à Dallas, au choix
Lors de la création du compte vous avez deux possibilités stocker vos données dans l'union européenne (Luxembourg) ou les États-Unis (Dallas). Vos documents ainsi que l’ensemble de vos données personnelles y seront enregistrés. Quelle que soit la zone sélectionnée, la société affirme disposer de « cinq copies sur des serveurs d'au moins trois emplacements différents dans centres de stockage hautement sécurisés et surveillés 24/7 ».
Attention, car en changer dans un second temps ne sera pas sans conséquences. Une option est disponible dans les paramètres du compte, précisant que « le transfert de données prend du temps […] que les dossiers que vous partagez et les dossiers partagés avec vous seront suspendus [et que] votre compte sera temporairement indisponible lorsque le déplacement est en cours ».
Nous avons tenté de passer notre compte (comprenant seulement 21 Mo de données) de l’Europe aux États-Unis, au bout de plusieurs heures l’opération était toujours « en attente ».
Une offre gratuite limitée, des abonnements « à vie »
Si pCloud mise beaucoup sur la communication virale (via l'affiliation) et les influenceurs, la société doit aussi son succès en partie au fait qu'elle propose deux offres valables « à vie », avec 500 Go ou 2 To de stockage contre un paiement unique. Qu’est-ce que cela signifie exactement et quels sont les services proposés par pCloud ?
Avec un compte standard (gratuit), vous avez 10 Go par défaut, mais seuls 5 Go sont accessibles dans un premier temps. Des « actions » permettent de débloquer les 5 Go restants : vérifier son email, uploader un fichier, télécharger et installer les applications, etc. Les parrainages vous permettent aussi d’augmenter votre espace de stockage : 1 Go par filleul, dans la limite de 10 Go. Au total, il est ainsi possible d’avoir jusqu’à 20 Go gratuitement.
La vérification de l’email est un passage obligatoire pour une utilisation au long cours d’un compte gratuit. Ceux « qui n'ont pas vérifié leur adresse e-mail dans un délai raisonnable [sans plus de précision, ndlr] seront supprimés définitivement, ainsi que les fichiers qu'ils contiennent », peut-on lire dans les conditions d’utilisation.
Ce n’est pas la seule limitation pour ceux qui ne passeraient pas à la caisse : « Les comptes gratuits ont 15 Go de trafic d'upload à distance qui est utilisable une fois uniquement ». Une telle limite peut très rapidement être atteinte, de quoi inciter rapidement les clients à payer. Par contre, le trafic en upload « est illimité pour les utilisateurs Premium et Business ».
Payez votre forfait au mois, à l’année ou pour la « vie »
En plus de son offre gratuite, pCloud propose donc des forfaits payants avec 500 Go (Premium) ou 2 To (Premium Plus) de stockage. Le premier est actuellement à 4,99 euros par mois, le second à 9,99 euros. En vous abonnant sur un an, la facture baisse de 20 % : 47,88 euros par an pour 500 Go, 95,88 euros par an pour 2 To.
Pour les abonnements valables « à vie » comptez 175 euros pour 500 Go, 350 euros pour 2 To. Ces tarifs sont donc intéressants (par rapport à un paiement annuel) si vous restez au moins quatre ans. Dans sa foire aux questions, la société explique avoir « défini un compte à vie pour durer 99 ans ou la vie de l'utilisateur, en fonction de la durée la plus courte ». Pour le reste, il faudra se contenter de la promesse de la société : « Nous vous garantissons de profiter d'un compte Premium pendant la durée de vie du produit »... et de l'entreprise.
Car si jamais pCloud venait à mettre la clé sous la porte ou à stopper son « produit » pour se concentrer sur d’autres activités, l’offre « à vie » suivra très certainement le même chemin sans autre forme de procès. Choisir un abonnement « à vie » revient donc à faire un pari sur l’avenir.
Bien réfléchir à vos besoins avant de sauter le pas
Pensez également que vous serez limité à 2 To, sans possibilité d’évoluer pour le moment, alors que le numérique occupe une place de plus en plus importante dans nos vies. 2 To sont suffisant aujourd’hui, est-ce que ce sera encore le cas dans plusieurs années ? Est-ce que des mises à jour seront proposées par pCloud, gratuitement ?
Notez d'ailleurs que si passer de 500 Go à 2 To « à vie » est possible il faut... payer la totalité de l’abonnement, soit 350 euros. L’espace de stockage ne s’additionne pas, vous aurez donc « seulement » 2 To et pas 2,5 To (2 To + 500 Go de votre précédent abonnement).
La société prévient d’ailleurs ses futurs clients : « Si vous n'êtes pas sûr que le plan Lifetime soit la solution à vos besoins de stockage, nous vous recommandons d'opter pour nos abonnements mensuels et annuels », qu’il est possible de faire évoluer plus facilement.
Il est évidemment possible de passer d’une offre mensuelle/annuelle à une valable « à vie » par la suite. L’hébergeur ajoute qu’il « n'existe aucune clause d'activité pour les utilisateurs Lifetime. Votre compte et votre contenu resteront disponibles même si vous êtes inactif ». Ce n’est pas le cas de l’offre gratuite : « Si vous n'avez pas été actif pendant 6 mois, votre compte pCloud sera fermé et la suppression de vos fichiers sera programmée ».
Une offre Business et un abonnement Famille
pCloud propose également des abonnements Business et Famille. Comme son nom l’indique, le premier s’adresse aux professionnels. Il est facturé 9,99 euros par mois ou 95,88 euros par an et par utilisateur (1 To de stockage pour chacun), avec au minimum trois utilisateurs. Une offre d’essai gratuite est également proposée.
L’offre Famille est calquée sur Premium Plus, mais avec la possibilité de gérer jusqu’à cinq comptes au lieu d’un seul (les 2 To de stockage sont partagés). Il vous en coutera 500 euros pour l’abonnement « à vie » (il n’est actuellement pas possible de souscrire par mois ou année). C’est donc 150 euros de plus que Premium Plus tout de même, pour une capacité de stockage identique (2 To).
La migration d’un compte Premium (Plus) « à vie » vers le forfait Famille n’est pas possible pour le moment.

Débits, synchronisation locale, différentielle…
Nous passerons rapidement sur le fonctionnement de pCloud et de ses applications fixes et mobiles, qui ne réservent aucune surprise particulière. Lors de la création d’un compte, un fichier « Guide de démarrage - partir du bon pied » est automatiquement placé à la racine de votre pCloud.
Ce document de 17 pages explique le fonctionnement des applications et des différents services. Il est en français et simple à appréhender, un bon point. Lors de nos tests, nous avions des débits de l’ordre de 200 Mb/s pour envoyer un fichier unique de 10 Go et d’environ 100 Mb/s pour le récupérer (sur une ligne en fibre optique à 1 Gb/s en download et 500 Mb/s en upload), que ce soit via l’interface Web ou le client Windows.
De son côté, pCloud affirme que « la plateforme Web et l'application ne limitent aucunement votre vitesse de téléchargement ou d'upload, peu importe si vous êtes un utilisateur Gratuit ou Premium ».
Le service prend en charge la synchronisation LAN : « pCloud Drive utilise le P2P (peer-to-peer), qui est une connexion d'ordinateur à ordinateur dans votre réseau local (LAN), pour accélérer la synchronisation ». Il est possible de la désactiver dans les paramètres de l’application.
Autre bonne nouvelle, la synchronisation au niveau blocs est gérée : « Si vous mettez à jour des fichiers synchronisés, seules les modifications seront téléchargées afin de réduire le temps de téléchargement ». Ces deux fonctionnalités étaient par exemple absentes de kDrive. Il n’y a par contre pas de compression avant d’envoyer un fichier, dommage. L’upload d’un fichier « vide » de 10 Go nécessitera donc de transférer 10 Go de données.

pCloud Crypto : le chiffrement côté client, en option
Comme tous les services du genre, pCloud met en avant la sécurité de vos données. Dans sa FAQ, l’entreprise affirme que « tous les fichiers que vous stockez sur pCloud sont sécurisés à l'aide d'une méthode de cryptage 256-bit AES pendant et après le transfert ». Rien d’exceptionnel ici, c’est le minimum que l’on peut attendre.
Il est possible d’ajouter une couche de chiffrement côté client – avant d’envoyer des données – mais cette option est payante : 4,99 euros par mois, 47,88 euros par an ou 125 euros « à vie ». Une offre d’essai de 14 jours est proposée. On regrette qu’elle ne soit pas incluse dans les forfaits Premium (Plus).
Il est évidemment possible de passer par des outils tiers, notamment Cryptomator, qui s’occupera de chiffrer vos fichiers avant qu’ils ne soient récupérés par pCloud. Là encore, le fonctionnement de pCloud Crypto est conforme aux attentes : vous précisez un mot de passe qui servira à chiffrer (et déchiffrer) vos fichiers. Ils sont ensuite transférés dans un « dossier Crypto » séparé du reste de votre compte.
pCloud affirme n’avoir aucun moyen d’accéder à ces données. De plus amples informations sont disponibles ici.

Historique de versions et partages de fichiers
Par défaut, pCloud conservera un historique de vos fichiers sur une période de 15 jours pour les comptes gratuits et de 30 jours pour ceux payants. Il est possible de grimper jusqu’à un an via un « add-on », là encore en passant à la caisse : Extended File History (HFP). Sur notre compte gratuit, cette option était proposée à 39 euros par an.
Le partage d’un dossier ou d’un fichier est possible quel que soit votre compte, mais des fonctionnalités comme la protection par mot de passe et l’ajout d’une date de fin de validité sont réservées aux comptes Premium (Plus). pCloud permet également de personnaliser les liens avec une image, un logo et un texte. Une seule personnalisation est possible pour les comptes gratuits, alors qu’elles sont illimitées pour les autres.
Attention par contre, « les utilisateurs des plans Standard et Premium peuvent partager des dossiers jusqu'à 150 fois par jour. Cette restriction ne s'applique pas aux utilisateurs souscrivant un plan Business et ils peuvent partager des dossiers autant de fois qu'ils le désirent tous les jours ».
Une limite en bande passante mensuelle (avec une réinitialisation à date de facturation) existe : 50 Go pour pCloud gratuit, 500 Go pour Premium et 2 To pour Premium Plus. Pour aller au-delà, il faut contacter la société.

Héberger un site statique
Comme d’autres services de stockage en ligne, pCloud permet de mettre en place un site Web accessible à tout le monde, statique (HTML, CSS, JS) et donc sans code côté serveur (PHP ou autre). Les titulaires d’un compte gratuit n’ont droit qu’à un essai de 7 jours ; tandis que c’est inclus par défaut pour les Premium (Plus).
L’entreprise explique que « pour utiliser pCloud comme une solution d’hébergement pour votre site, placez simplement des fichiers textes au format HTML dans le dossier public (ou un sous-dossier). Cliquez sur Partager et Copier le lien sur le répertoire principal, là où se trouvent les ressources de votre site. Cela copiera l’URL de l’index sur le presse-papiers et vous pourrez prévisualiser votre site ». Un exemple est disponible ici.

Faut-il craquer pour pCloud ?
Au final, pCloud est plutôt agréable à utiliser dans l’ensemble et ne réserve pas de mauvaise surprise si ce n’est certaines options à payer en plus. On regrette ainsi que pCloud Crypto soit facturée en supplément, y compris pour les clients Premium (Plus), d’autant que son tarif est relativement élevé.
On apprécie par contre la synchronisation différentielle et via le réseau local, ainsi que la présence d’applications officielles pour Linux, macOS et Windows. Des add-on pour les navigateurs Chrome, Firefox et Opéra sont également de la partie, ainsi que des applications pour Android et iOS.
pCloud ne jouit pas d’une large intégration dans les applications tierces ni dans les NAS, et ne prend pas en charge le (S)FTP pour les transferts de fichiers. Une solution de repli pourrait être de passer par WebDAV. La prise en charge de ce protocole n’est pas mentionnée par pCloud, mais une URL dédiée est disponible.
Nous avons tenté de nous y connecter (via plusieurs clients) avec plusieurs comptes (dont un Premium) sans succès, alors que certains y arrivent encore. Nous avons interrogé la société sur le support de ce protocole, sans réponse. Pour les développeurs qui souhaitent mettre les mains dans le cambouis, des API et SDK sont disponibles par ici.
Reste la question du prix : à 10 euros par mois pour 2 To, pCloud est dans la moyenne de ce que l’on trouve généralement chez la concurrence. L’abonnement « à vie » peut donc être une option intéressante à condition de rester plusieurs années et de ne pas avoir de besoins qui évoluent trop au fil du temps. Il s’agit clairement de prendre un pari sur l’avenir, d’autant qu’il n’est pour le moment pas possible de dépasser les 2 To.