Après la qualification en demi-finale de la Ligue des champions de football des équipes du Paris-Saint-Germain et de l’Olympique Lyonnais, Winamax Sport a publié un tweet : « On prend l’Europe, on l’encule à deux ». Une référence au groupe PNL, associée aux logos des deux clubs, qui n’a pas plu à une élue LREM.
Olga Givernet a saisi hier le Premier ministre pour dénoncer des « propos choquants et abjects » publiés par le compte officiel de l’opérateur. Alors que l’activité des jeux d’argent en ligne est très encadrée, publicités comprises, l’élue « suspecte » l’éditeur « de profiter d’un buzz médiatique, généré par lui-même sur la base de propos homophobes pour augmenter les prises de pari dans une activité sportive propice et ainsi maximiser ses profits ».
Estimant l’ « éthique remise en question », elle a réclamé « la suspension pure et simple » de l’autorisation de proposer des paris en France au profit de cet opérateur. « Et ce, avant les compétitions en référence dans le tweet ». La députée LREM a de même diffusé la lettre adressée à Jean Castex ce 17 août, non sans mettre en copie Marlene Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, Roxana Maracineanu, ministre des sports, et Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
La ministre des Sports avait jugé ce tweet « à vomir » et, en fine spécialiste du droit de l’hébergement, avait invectivé Twitter France : « Ça ne vous dérange pas de laisser passer ce genre de messages ? »
Le grondement de l'Autorité nationale des jeux
La parlementaire, qui s’inquiétait durant le projet de loi « Pacte » pour le monopole de la Française des Jeux, a également saisi l’Autorité nationale des jeux. L’ANJ, qui succède désormais à l’Arjel, a été invitée à prononcer la suspension de l’agrément autorisant cette société à proposer des paris sportifs en France.
Une suspension ? En cas de manquement d'une société autorisée à proposer des jeux d'agent, il s'agit du troisième niveau dans l’échelle des peines, après l'avertissement, la réduction d'une année au maximum de la durée de l'agrément. Le maximum étant le retrait pur et simple.
Las ! « La communication en cause n’est pas susceptible, en l’état, d’être considérée comme un manquement de cet opérateur à ses obligations au sens des dispositions législatives et règlementaires en vigueur » lui a répondu l’entité, présidée par Isabelle Falque-Pierrotin. Elle s’estime donc dans l’impossibilité, en l’état de la législation adoptée par les sénateurs et…les députés, de prendre une telle décision.
Cependant, elle « s’étonne qu‘un opérateur français de premier plan ait choisi d’appuyer sa campagne promotionnelle sur un tweet qui, directement inspiré d’un groupe de Rap français disposant d’une très forte audience chez les jeunes publics et notamment les mineurs, peut comporter un risque d’incitation au jeu pour ces derniers, risque auquel les opérateurs sont légalement tenus de faire obstacle ».
Un contrôle aiguisé de la stratégie promotionnelle de Winamax
Elle annonce du coup que lors du contrôle de la stratégie promotionnelle des opérateurs, elle se montrera « particulièrement vigilante » sur le cas Winamax en octobre prochain.
« Cette stratégie promotionnelle devra scrupuleusement respecter les obligations qui sont les siennes en matière de prévention des risques d’addiction et de protection des mineurs ». Pari tenu ? L’ANJ estime au final que cette communication, venant d’un opérateur aussi important, « n’est pas de nature à envoyer un signal de confiance aux joueurs et à donner une image exigeante et durable de ce marché ».
Et de terminer son communiqué par une demande de retrait sans délai du tweet litigieux. « Nous supprimons immédiatement notre tweet "choquant", "abject" et insupportable » a répondu, un brin moqueur, l’opérateur, en réponse au message posté par la députée LREM.