Conformément aux propos de Jean-Marc Ayrault hier après-midi, François Hollande a tenu hier à Clermont-Ferrand un discours portant sur le très haut débit (THD). 20 milliards d'euros seront ainsi dépensés d'ici 10 ans, et l'État interviendra dans les zones à faible densité a promis le président de la République.
« C'est sur le très haut débit que nous pouvons être les meilleurs »
François Hollande, outre parler brièvement de l'économie et du déficit de la France, est notamment venu à Clermont-Ferrand pour parler de « la croissance de demain » et de « l'ambition numérique ». À partir de la 13 minutes de son discours, le président a ainsi confirmé les propos de son premier ministre au sujet du très haut débit. En voici un extrait :
« La France, à plusieurs reprises dans son histoire industrielle, a été capable d'être en avance. De prendre des risques et des paris technologiques. (...) Nous avons besoin d'allier l'industrie et le service. (...) Nous pouvons, dans l'économie du 21e siècle, prendre de l'avance aussi. Et c'est sur le numérique, sur le très haut débit, que nous pouvons être les meilleurs. (...) L'économie numérique dans notre pays représente déjà 5 % de la croissance, 5 % du PIB, 1 million de salariés. Mais il nous manque encore des outils essentiels. Et notamment des infrastructures. Et c'est là que nous rencontrons le très haut débit. J'ai souhaité donc venir ici pour illustrer cette ambition. »
Pour François Hollande, le THD a de multiples atouts : il renforce la compétitivité des entreprises et améliore l'attractivité du territoire, il permet de transférer bien plus rapidement les données (de tous types), et surtout, le THD pousse à la création de nouveaux services. Le président parle ainsi des vêtements intelligents ou encore les économies d'énergie. Pour le président, le très haut débit peut révolutionner certains secteurs (éducatif, médical, administratif, etc.).
« Chaque citoyen, où qu'il vive en France, doit pouvoir disposer des mêmes services »
« C'est un défi majeur » précise François Hollande. « Le très haut débit abolit les distances. Chaque citoyen, où qu'il vive en France, doit pouvoir disposer des mêmes services, pour sa formation, sa santé, ses loisirs. Et donc il y a un facteur d'égalité. Et les entreprises doivent avoir la même possibilité de réussir où qu'elles soient implantées. (...) J'ai pris la décision, de dégager 20 milliards d'euros, dans les 10 ans qui viennent, pour l'accès au haut débit. »
Comment sera répartie cette somme ? Un tiers, soit près de 7 milliards d'euros, sera dépensé dans les zones denses, c'est-à-dire les villes. Le secteur privé s'occupera de cette charge, sachant qu'Orange a déjà prévu plusieurs milliards de budget uniquement pour la fibre optique d'ici 2020. Un autre tiers, dans les zones moins denses, « sera co-financé par les opérateurs à partir des infrasctures déployées par les collectivités ». Enfin, le dernier tiers, sera intégralement dépensé par l'État et les collectivités « pour permettre à chaque citoyen, même s'il vit dans une zone déshéritée, de pouvoir accéder au très haut débit ». En somme, l'État se chargera des zones à très faible densité du pays.
Un établissement public sera chargé de coordonner et d'accompagner techniquement et financièrement le déploiement des réseau précise François Hollande. Quant à la source de tous ces milliards, il n'est pas question d'une taxe sur les opérateurs assure le président de la République, ceci dans un but d'une stabilité fiscale. Ce dernier a ainsi affirmé que l'argent sera principalement tiré du programme d'investissement d'avenir ainsi que par les redevances payées par les opérateurs pour exploiter les fréquences mobiles.
D'ici cinq ans, 50 % de la population devra être couverte en très haut débit espère François Hollande. Et sur dix ans, 100 %. Dès le mois d'avril prochain, les guichets de subventions seront ouverts pour les zones les moins denses.
« Mais le jour où il n'y aura plus de contenus, à quoi serviront les tuyaux ? »
Enfin, François Hollande a brièvement abordé les conflits entre les opérateurs français et les éditeurs de contenus, tout en élargissant le sujet. « Nous devrons faire attention à ce que dans cette longue chaîne qui va du matériel jusqu'à l'usage, il n'y ait pas des opérateurs qui puissent prendre une partie de la rente. Nous savons bien que un des enjeux... je ne vais pas citer de grands groupes, de grands fournisseurs d'accès, mais qui ont, eux, les tuyaux, et qui assèchent en réalité les contenus. Mais le jour où il n'y aura plus de contenus, à quoi serviront les tuyaux ? Et si les contenus ne sont pas rémunérés, qui financera demain la création, la culture, l'information, la presse ? »