Le W3C vient de publier le premier brouillon d’un standard qui permettra à terme aux sociétés de diffuser des contenus multimédias protégés par DRM. Il s’agit en fait d’une suite logique à une proposition faite voilà un an.
Rappel des faits. En février 2012, trois ingénieurs déposaient au W3C une proposition de nouveau standard. David Dorwin (Google), Adrian Bateman (Microsoft) et Mark Watson (Netflix) travaillaient sur un projet baptisé Encrypted Media Extensions dont l’objectif était de permettre au HTML5 de servir de relai à des contenus protégés par des verrous numériques, les fameux DRM.
Un an plus tard, le W3C vient de publier un brouillon de cette technologie, qui n’a d’ailleurs pas changé de nom. C’est de fait l’occasion de faire le point sur le caractère particulier d’un standard qui semble, de prime abord, heurter de plein fouet le caractère ouvert et libre des technologies du web, surtout en regard d’un W3C qui lutte pour uniformiser les technologies.
C’est en fait bien de cela dont il s’agit : uniformiser. Les Encrypted Media Extensions, ou EME, ne sont pas à proprement parler une technologie de type DRM. Il s’agit précisément d’une « tuyauterie » qui permettrait aux sociétés intéressées d’y déverser ensuite leur contenu. Ce n’est donc pas un lot d’API pour chiffrer/crypter/protéger le contenu, mais une infrastructure commune pour formaliser une pratique qui, dans tous les cas, va se répandre.
L’idée derrière les EME est en quelque sorte de compléter les balises audio et vidéo du HTML5. Il ne fait aucun doute que le standard est important pour l’avenir du web, mais tous les besoins ne sont pas pour autant comblés. À travers la nouvelle technologie, un contenu de type « Premium », tel que la vidéo à la demande, pourrait utiliser ces balises. Avantage : plus besoin d’un composant tiers capable de gérer les droits numériques sur un contenu, tel que Flash, Silverlight ou autre.
Les EME ne sont par ailleurs qu’une proposition. Dans la discussion qui suit l’annonce par Philippe Le Hégaret du W3C, il est bien précisé que la publication d’un brouillon n’a d’autre valeur que consultative. En d’autres termes, le W3C travaille dessus, mais il n’existe aucune garantie que la technologie sera finalement adoptée. Il existe d’ailleurs un certain débat autour de la question car certains jugent que ce type de travail n’entre pas dans les attributions du W3C.