Si en France, la plupart des opérateurs mobiles ont peu apprécié l'arrivée de Free Mobile, en Pologne, l'opérateur Play crée des dégâts. Arrivé en 2007, Play pratique des tarifs très agressifs et propose des offres difficiles à contrer pour la concurrence. Résultat, Telekomunikacja Polska S.A, opérateur n°1 en Pologne et contrôlé par Orange, a annoncé le départ de 1700 personnes.
Play, le Free Mobile polonais
Très présent en France, au Royaume-Uni, ou encore en Égypte et en Roumanie, France Télécom (Orange) est aussi un acteur majeur en Pologne. Il faut dire que le Français contrôle à quasi 50 % Telekomunikacja Polska S.A. (TP SA), qui se nomme d'ailleurs tout simplement Orange désormais. Mais si sa filiale polonaise reste toujours puissante sur son territoire, il n'en demeure pas moins qu'il subit de plein fouet la montée en puissance constante de Play, qui a recruté des millions d'abonnés ces dernières années. Avant l'arrivée de Free Mobile en France, Play était d'ailleurs l'opérateur mobile le plus dynamique dans toute l'Europe.
Mais que propose donc Play, lui aussi quatrième opérateur de téléphonie mobile dans son pays, pour bouleverser autant le paysage polonais ? Pour 9 Zlotis, soit à peine plus de 2 euros, Play propose 200 minutes de communication, les SMS et MMS illimités. Un forfait qui en rappelle un autre, bien que celui-ci implique une souscription de 12 mois et sans mobile. Pour 5 euros supplémentaires, vous obtiendrez 1 Go de données pour accéder à Internet, soit tout de même un forfait très compétitif pour 7 euros par mois. Et les plus gourmands pourront toujours se tourner vers le forfait à 99 Zlotis (23,6 euros), proposant les appels, les SMS et les MMS illimités, ainsi que 2,5 Go de données. Là encore, ce forfait s'approche franchement de celui de Free Mobile.
Une baisse du bénéfice de 85,8 %
À l'instar de la France, les prix sont donc tirés vers le bas en Pologne, rognant ainsi sur les marges de tous les opérateurs. Pour Orange Pologne, les résultats financiers s'en ressentent. Son chiffre d'affaires du dernier trimestre 2012 a reculé de 6,4 %, et son chiffre d'affaires annuel a régressé de 4,1 %. Quant à son bénéfice, il s'est écroulé de 55,4 % en 2012, et surtout de 85,8 % au dernier trimestre, signe que l'opérateur souffre de la concurrence et du marché plus globalement.
En difficulté depuis plusieurs années, Orange Pologne estime que les futures années ne seront guères plus roses. Ces 1700 départs et licenciements ne doivent donc rien au hasard. Sachant que la filiale compte tout de même plus de 22 000 employés et que des milliers d'emplois ont déjà été supprimés dans le passé. Afin de redresser ses comptes et donc réduire ses coûts, TP SA va d'ailleurs fusionner ses activités fixes et mobiles.
France Télécom se veut rassurant
Suite à ces nouvelles, TP SA a vu sa valeur en bourse s'effondrer. Une actualité qui a dépassé les frontières de la Pologne, puisque France Télécom a lui aussi souffert en matinée (-3 %) avant de se redresser quelques heures plus tard (-1,5 %). La Pologne étant un marché clé pour France Télécom, qui publiera la semaine prochaine ses résultats annuels, la société française a publié il y a quelques heures un communiqué afin de rassurer les investisseurs :
« Le Groupe précise que les annonces de sa filiale polonaise, TP SA, intervenues ce matin, n’ont pas d’incidence sur les perspectives communiquées aux investisseurs pour ses exercices 2012 et 2013, en particulier les engagements pris en matière de rémunération des actionnaires, le 25 octobre dernier. » Seule la publication de ses résultats le 20 février prochain devrait toutefois rassurer (ou non) ses actionnaires. Si le dernier trimestre 2012 s'approche voire surpasse le troisième 2012, où Orange avait réalisé de très beaux recrutements en mobile, les investisseurs devraient être rassurés.