La Hadopi publie une étude suggérant son efficacité auprès des jeunes

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La Hadopi vient de dévoiler les conclusions d'une étude portant sur les « digital natives », ou plus précisément sur la génération des 15-24 ans. Il ressort de ce document qualitatif (différent donc d'une étude statistique) une opposition relativement marquée entre les plus jeunes (les 15-18 ans) et leurs aînés les plus proches (les 19-21 ans). L’occasion pour la Haute autorité de souligner en filigrane l’impact de ses nombreuses opérations destinées à sensibiliser ce public régulièrement pointé du doigt en matière de « piratage ».

étude Hadopi

 

Cette étude qualitative basée sur le témoignage de six groupes de quatre à cinq jeunes chacun (deux groupes pour les 15/18 ans, mais aussi pour les 19/21 ans et les 22/24 ans) a été menée en décembre dernier par l’Institut CSA. Elle avait d’ailleurs fait l’objet deux mois plus tôt d’un appel d’offres dont le montant maximal s’élevait à 30 000 euros.

Opposition entre une génération « Kleenex » et leurs benjamins plus scrupuleux

Principale conclusion mise en avant par cette étude : un véritable clivage entre les 15-18 ans et les 19-21 ans, les premiers ayant selon ces observations bien plus de scrupules à s’adonner à des pratiques illicites de type téléchargement illégal que leurs proches aînés. Les 22-24 ans se situeraient quant à eux dans une attitude plutôt mixte, entre les deux. La Hadopi retient ainsi que « les 15-18 ans vivent moins bien » l’illégalité de leurs consommations culturelles en ligne, tandis que les 19-21 ans sont présentés comme étant « décomplexés » vis-à-vis de ces pratiques.

 

étude hadopi

 

À en croire les résultats égrainés dans ce document, l’envergure de cette différence de prise de conscience serait par ailleurs relativement large. Les 15-18 ans sont en effet d’après la Hadopi « une cible consciente des dangers : isolement et repli sur soi, amitiés artificielles via les réseaux sociaux (Facebook,...) », déclarant par ailleurs « avoir réduit le temps passé sur Internet depuis 2-3 ans (moins de jeux vidéo en ligne notamment) ». En revanche, du côté des 19-21 ans, c’est l’inverse qui est présenté, les jeunes adultes concernés « vivant bien les mauvaises expériences et minorant les dangers », et ce en lien avec « une consommation chronophage et croissante d’Internet ». S'agissant de la légitimité du droit d’auteur, les postures sont également distinctes. 

Une connaissance limitée de la Hadopi

Pas sûr pourtant que les « digital natives » aient bien tout compris du fonctionnement de la Haute autorité, y compris les 15-18 ans. « Si tous les jeunes rencontrés connaissent l’Hadopi et sa raison d’être, ses missions sont mal connues et le principe d’envoi de recommandations mis à distance car pour eux cela est avant tout destiné aux très gros téléchargeurs », note ainsi l’étude. On remarquera également qu’il est indiqué que les jeunes ne se considèrent « pas réellement comme des contrevenants » à partir du moment leurs téléchargements restent limités et destinés à un usage personnel. La Haute autorité note enfin à cet égard que « quelques jeunes, parmi les profils les plus décomplexés » (autrement dit les 19-21 ans), « déclarent avoir mis un frein à leurs pratiques illicites » après avoir reçu un avertissement de la Hadopi, mais sans pour autant « avoir totalement arrêté » ces agissements.

 

« Beaucoup pensent que quelqu’un épie leurs échanges par e-mail, ils évitent donc de parler du sujet par ce moyen de communication » a précisé un représentant de la Hadopi à Métro. Rappelons pourtant que seuls les échanges en peer-to-peer (Emule, BitTorrent...) sont surveillés dans le cadre du dispositif de riposte graduée. Cette connaissance pour le moins limitée du périmètre d’action de la Haute autorité n’est d’ailleurs pas quelque chose qui ne concerne uniquement les jeunes. Une étude récente des chercheurs du Marsouin indiquait en effet que 68 % des internautes pensent que le téléchargement direct (via des hébergeurs comme MEGA ou Rapidshare) est surveillé par la Hadopi, et 12 % estiment même que les échanges de la main à la main (sur clé USB ou disque dur) entrent également dans son giron.

 

étude hadopi

 

Enfin, l’on apprend que les jeunes font une distinction entre les différentes pratiques : le streaming est considéré comme « a priori licite », le téléchargement est perçu comme une pratique « plus sérieuse », tandis que la mise en ligne de contenus est considérée comme quelque chose de « grave » (voir schéma ci-dessus).

Une étude à la mesure des efforts engagés par la Hadopi

En filigrane, l’on devine facilement l’intérêt de cette étude : installer l’idée selon laquelle les ados sont plus réceptifs aux problématiques liées au « piratage » que leurs aînés ayant grandis dans un monde où la Hadopi n’existait pas encore. Il faut dire aussi qu’étant donné les moyens dépensés par la Haute autorité en vue de sensibiliser les jeunes, il valait mieux que cette étude aille dans ce sens là !

 

Rappelons en effet qu’outre les fameux clips visant à mieux vous éduquer ou apprendre à vos enfants la bonne parole (tout en sauvant Emma LePrince), la Hadopi avait lancé en 2009 un appel d’offres afin de former les jeunes quant « aux dangers pour la création que comporte l'appropriation illicite d'œuvres protégées », et ce en partenariat avec l’Éducation nationale. En janvier 2012, la présidente de l’Hadopi Marie-Françoise Marais avait par ailleurs participé à une journée de sensibilisation de lycéens à Cannes, avant d’envisager une participation de la Haute autorité au salon Kidexpo, qui fut finalement annulée.

 

 

On ne pourra enfin qu'insister sur le fait que cette drôle de porosité existant depuis plusieurs années entre l'univers des majors, de la surveillance du web et celui de l'Éducation nationale puise son ADN dans la loi Hadopi. Depuis ses origines, le texte envisage d'inculquer les bonnes pratiques du téléchargement aux jeunes en mal de clics, mais sans dire un mot sur les modalités pratiques de cette transmission du savoir licite.

 

L'article L. 312-6 du Code de l'Éducation nationale prévoit que, dans le cadre des enseignements artistiques obligatoires, « les élèves reçoivent une information sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin pour la création artistique. »

 

L'article L. 312-9 ajoute que, dans les cours de technologies et d’informatique, et « notamment à l'occasion de la préparation du brevet informatique et internet des collégiens », les élèves « reçoivent de la part d'enseignants préalablement sensibilisés sur le sujet une information sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de délit de contrefaçon. Cette information porte également sur l'existence d'une offre légale d'œuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin sur les services de communication au public en ligne ».

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