Netflix, fort de sa nouvelle série maison House of Cards, ne manque pas d'ambition et compte tripler son nombre d'abonnés d'ici les deux prochaines décennies. La société américaine espère ainsi atteindre les 90 millions d'abonnés. Un nombre astronomique qui peut paraître irréaliste, et pourtant...
Une saison complète dès le premier jour
Il y a quelques jours, le géant de la vidéo à la demande illimitée Netflix a frappé un très grand coup en proposant la série House of Cards à ses abonnés. Pour beaucoup, il s'agit d'un véritable évènement, ceci pour plusieurs raisons. :
- Tout d'abord, la série est proposée exclusivement sur Netflix, ce dernier s'affranchissant ainsi pour la première fois des maisons de production, à l'instar d'un Amazon qui se transforme en éditeur ou d'un YouTube qui compte investir dans des contenus exclusifs.
- Deuxièmement, Netflix a proposé l'intégralité de la première saison d'un coup d'un seul, permettant ainsi à ses abonnés de regarder la série à leur rythme. Cela assure aussi la fin de la saison même faute d'audience.
- Troisièmement, les épisodes ne sont pas découpés en multiples morceaux, contrairement aux séries actuelles, forcées par les chaînes de télévision de se saucissonner afin d'intégrer des publicités toutes les cinq minutes.
- Enfin, la série a pour principal acteur Kevin Spacey (Usual Suspect, Seven, American Beauty) et a été réalisée par David Fincher (Alien 3, Seven, Fight Club, The Social Network), sa toute première série par ailleurs.
100 millions de dollars de budget
Dotée d'un budget conséquent de 100 millions de dollars pour vingt-six épisodes (deux saisons de treize épisodes), la série de politique américaine House of Cards est basée sur une ancienne série britannique du même nom, elle-même adaptée d'un roman de Michael Dobbs sorti en 1989.
En Amérique du Nord, le lancement de House of Cards est une véritable claque, non pour le contenu en lui-même (qui n'a pas été visionné par tous) mais par son existence même. Car non seulement la série est dotée d'un grand budget, à l'instar de ce que fait HBO, mais Netflix compte bien répéter sa performance plusieurs fois par année. Interrogé par GQ, Ted Sarandos, qui s'occupe des contenus chez Netflix, a ainsi affirmé qu'il espérait produire cinq nouvelles séries par an.
Un tel rythme obligera en effet Netflix à accroître rapidement son nombre d'abonnés afin de compenser ses frais. Avec 500 millions de dollars à investir sur deux ans pour cinq séries, cela reviendrait ainsi à recruter plus de 2,6 millions d'abonnés durant deux années complètes. Un nombre pas forcément si élevé, sachant que Netflix compte au 31 décembre dernier plus de 33 millions d'abonnés dans le monde, dont plus de 30 millions payants (3 millions profitant du premier mois gratuit) et près de 25,5 millions de payants aux USA uniquement.
En un an, Netflix a d'ailleurs gagné près de 10 millions d'abonnés, engendrant ainsi près d'un milliard de dollars supplémentaires. Preuve que dépenser quelques centaines de millions de dollars par an n'est pas une si grande folie, même si la plateforme de SVOD souffre aussi d'une inflation de ses frais de droits d'auteur. Ces derniers sont en effet logiquement corrélés au succès de Netflix, tout en profitant de la concurrence (Amazon, Hulu Plus, chaînes payantes, etc.) pour faire grimper les prix.
Grâce à ses contenus exclusifs achetés à prix d'or aux producteurs, et à son propre contenu maison financé à coup de centaines de millions de dollars, Netflix espère bien multiplier son nombre d'abonnés. Plus précisément, d'ici deux décennies, la plateforme compte atteindre les 90 millions d'abonnés, lui permettant aux tarifs actuels de générer près de 9 milliards de dollars par an. Avoir autant d'abonnés ferait surtout de Netflix un intermédiaire incontournable pour tout producteur...
Internet vs chaînes traditionnelles
Une véritable compétition va donc désormais commencer entre Netflix et les chaînes payantes. Ou plus généralement, nous pourrions dire qu'un duel s'annonce entre Internet et les chaines dites traditionnelles. Car avec l'essor des télévisions connectées et du haut et très haut débit, obtenir du contenu vidéo directement par internet est aujourd'hui d'une grande facilité. Et les acteurs d'internet, en particulier les plateformes comme YouTube et Netflix, pensent de plus en plus à proposer du contenu exclusif. De quoi transformer les habitudes des consommateurs, mais aussi celles du monde de la publicité, des producteurs, et pourquoi pas des scénaristes et des réalisateurs, qui devront s'habituer aux nouveaux formats et à l'approche différente que peut apporter Internet.