Accord avec Google : la presse allemande ne veut pas copier la France

La loi c'est moi

Alors que la presse française vient de trouver un accord avec Google, moyennant 60 millions d'euros pour une durée indéfinie pour le moment, l'Allemagne a une vision différente de la situation. Le pays de Nietzsche et de Brahms estime en effet qu'un tel arrangement ne résoudrait en aucun cas leurs différends.

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Rendez-vous au printemps 

En septembre dernier, la presse française menaçait tous les moteurs de recherche et agrégateurs d'actualités d'une taxe pour chaque lien et chaque citation d'un article, ceci via un projet de loi rédigé par l'association de la presse d'information politique et générale (IPG).

 

La France était toutefois loin d'être le premier pays à s'attaquer à ce problème en passant par la voie législative. En août 2012, Google tremblait déjà alors qu'un projet de loi protégeant la propriété intellectuelle de la presse en ligne venait de passer une première étape en Allemagne, avant de passer plus tard devant les députés. Le Bitkom, le syndicat professionnel allemand des technologies de l'information et de la communication, estimait à l'époque que cette loi envoyait un très « mauvais signal » aux sociétés allemandes présentes sur Internet. Quant à Google, il a tout simplement résumé qu'il s'agissait d'une « journée noire pour Internet en Allemagne ».


Quelques mois plus tard, la presse belge (en décembre) puis la française (le 1er février) ont donc trouvé leur solution avant les Allemands, pourtant en quelque sorte initiateurs du conflit. Il faut dire que le projet de loi suit son cours et qu'il devrait être voté par les députés allemands au printemps prochain si tout va bien.

L'accord français « n'est pas un modèle pour l'Allemagne »

En Allemagne, l'accord français est vivement critiqué par les représentants des journaux locaux. La Verband Deutscher Zeitschriftenverleger (VDZ), c'est-à-dire l'Association des éditeurs de magazines allemands, et la Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger e.V. (BDZV), l'équivalent du VDZ côté journaux cette fois, ont ainsi estimé que l'accord français « n'est pas un modèle pour l'Allemagne ».

 

Les deux associations concèdent que ces 60 millions d'euros sont une belle contribution, mais en aucun cas cet accord ne résout la problématique de base. En effet, la VDZ et la BDZV jugent qu'un tel accord ne serait pas juste vis-à-vis des autres agrégateurs d'actualités, qui agissent pourtant de la même façon que Google. Qui plus est, la menace d'un droit voisin en faveur de la presse est automatiquement écartée, l'accord annulant la proposition de loi.

« La solution de la France est un pari sur le monopole de Google »

Dans leur communiqué commun, les deux associations de presse allemandes apprécient ainsi bien peu l'accord français, d'autant que selon Christoph Keese, l'un des porte-parole des associations, « la solution française est un pari sur le monopole de Google ». Une analyse intéressante, sachant qu'en France tout comme en Allemagne, les parts de marché de la firme du géant de l'internet sont très importantes (supérieures à 90 %) et qu'un accord avec Google impliquerait une nouvelle négociation si un concurrent venait à déployer ses ailes. Ce qui n'est toutefois pas d'actualité.


Ce même Christoph Keese avait d'ailleurs un avis bien tranché vendredi dernier lors de l'officialisation de l'accord entre la presse française et Google, en affirmant sur Twitter que cet arrangement n'était qu'un camouflage et que le seul but était bien d'éviter la loi.


En Allemagne, tout semble donc indiquer que la presse locale est bien décidée à forcer Google à ouvrir son portefeuille en passant par la loi, jugeant l'accord français peu intéressant - avis par ailleurs aussi partagé en France (voir ici ou ). De quoi transformer ces 60 millions d'euros sur plusieurs années en une somme ridicule ?


Notons que Google connait de nombreux problèmes outre-Rhin. Outre ces déboires avec la presse, l'entreprise américaine ne peut plus diffuser via YouTube de clips détenus par les ayants droit allemands, ceci depuis 2009. Alors que les autres pays scellent des accords - la France est actuellement en négociation pour renouveler son contrat - en Allemagne, lesdites négociations sont au point mort depuis désormais quatre longues années.

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