Gabe Newell, l'emblématique fondateur de Valve, a donné cette semaine un cours d'une heure intitulé « Reflections of a video game maker » aux étudiants de l'Université du Texas. Il y a abordé divers sujets, dont l'avenir de sa plateforme Steam, et ses craintes pour le futur.
Apple représente un grand danger pour Valve
Le dirigeant fut très loquace et a abordé divers sujets dont celui de sa future « Steambox », une machine à mi-chemin entre la console de jeux et le PC. Il a même exprimé clairement ses craintes, notamment celle de voir Apple débarquer dans le salon de ses clients potentiels.
« La plus grande menace ne viendra pas des consoles, mais d'Apple s'ils s'installent dans les salons avant que ne le fasse l'industrie du PC. Ils ont d'énormes parts de marché et il y a un chemin évident à suivre qui fera entrer leur plateforme dans les salons. Je pense qu'un scénario plausible les verrait sortir une plateforme de salon simpliste, avec laquelle ils écraseraient les fabricants de consoles facilement », affirme-t-il.
Pour s'en sortir, Valve doit « faire assez de progrès dans l'environnement PC pour s'établir une place, et trouver de meilleurs moyens d'aborder le monde mobile avant qu'Apple n'investisse les salons ». Effectivement, l'industrie et les analystes prêtent depuis longtemps à la firme de Cupertino des envies de s'installer sur le marché des téléviseurs intelligents. Si cette incursion devait se faire, elle pourrait bien contrarier les plans de Gabe Newell, d'autant que les budgets R&D d'Apple et de Valve ne sont pas comparables.
Le Steam Workshop affolle PayPal
L'homme est également revenu sur le succès du Steam Workshop, une plateforme où les clients peuvent proposer et commercialiser leur propre contenu. Le succès fut tel qu'après deux semaines, PayPal a commencé à s'inquiéter de la provenance des fonds récoltés par les joueurs. « Je ne sais pas pourquoi ils s'inquiétaient, peut-être d'un éventuel trafic de drogue. Nous avons donc dû travailler avec eux pour leur expliquer que nos clients ne vendaient pas de drogues, mais des chapeaux », plaisante-t-il.
Les soupçons de l'intermédiaire sont peut-être dus aux sommes soudainement engrangées par certaines personnes. Le plus gros vendeur sur le Workshop dédié à Team Fortress 2 a par exemple accumulé plus d'un demi-million de dollars en un an, commission de Valve déduite. « Nous sommes plutôt doués et productifs concernant Team Fortress 2, mais aujourd'hui nous ne pouvons pas lutter avec nos clients concernant la création de contenu sur ce titre », admet l'homme. Toutefois, il ne se laissera pas faire si des concurrents devaient pointer leurs pixels : « nous combattrons Bungie, Blizzard, ou n'importe qui d'autre, mais nous ne chercherons pas à concurrencer notre propre base de clients ».
Le succès du Workshop est également la source d'autres problèmes. Des utilisateurs commençaient à chercher des moyens d'échange autre que le Workshop, et certains pays comme la Corée du Sud ont réglementé ce type d'activité, en y instaurant des taxes. « OK, attendez, dans ce cas que doit-on faire, réduire notre commission afin de compenser la taxe ? Réduire les prix dans certains pays moins développés ? » demande alors le dirigeant.
Finalement, ses équipes finiront par déceler des « sortes de petites crises financières » sur le Workshop, notamment concernant l'échange de chapeaux sur Team Fortress 2. « À cet instant, on s'est dit qu'on devrait probablement en parler à un économiste », déclare Newell, qui finira par en embaucher un.
Steam doit s'émanciper des éditeurs
« Pour l'instant Steam n'est qu'un simple magasin », estime Newell « il y a un tas d'autres trucs, mais cela reste principalement un magasin. On a des gens qui reçoivent des coups de fil d'autres entreprises disant " hé, on voudrait mettre notre jeu sur Steam" et on leur répond "oh vous savez on ajoute trois jeux par jour en ce moment, du coup on est un peu chargés" et ainsi de suite » dépeint-il non sans humour.
Cette situation ne lui convient pas, Gabe souhaite que tous les utilisateurs puissent publier leur propre contenu en appliquant les tarifs de leur choix, évitant ainsi que sa plateforme soit un « goulet d'étranglement ». « Certes, il faudra faire attention aux virus et autres malwares, mais nous voulons vraiment que tout le monde puisse publier ce qu'il souhaite au travers de Steam ».
Un marché ouvert, sans GreenLight, avec des tonnes de jeux indépendants d'une qualité inégale, mais pouvant cacher quelques pépites, et surtout des chapeaux par milliers, c'est ce que devrait nous proposer Steam, d'ici quelques années.