SONY a annoncé que la commercialisation des lecteurs MiniDisc s’arrêterait le mois prochain. Alors que la nouvelle en surprendra certainement plus d’un, il s’agit d’une excellente occasion de voir à quel point les usages ont changé en deux décennies.
Le MiniDisc, une technologie qui avait beaucoup pour réussir
Le MiniDisc, qu’en France on trouvait aussi sous l’appellation minidisque ou simplement MD, a commencé réellement sa carrière en 1992. Il y a vingt ans le lecteur MZ-1 connaît le premier succès d’une longue série d’appareils, mais la technologie ne va surtout rencontrer la réussite commerciale qu’au Japon, terre natale de SONY.
Le MiniDisc est un drôle d’objet, à mi-chemin entre le CD et la cassette. Le CD car il utilise une technologie optique analogue, basée sur le laser. La cassette, car la petite galette est placée dans une structure rigide en plastique. Le MiniDisc permet théoriquement d’obtenir un son propre et qui ne se détériore pas avec le temps comme la cassette, tout en étant beaucoup plus solide que le CD et nettement moins sujet aux vibrations.
D’un point de vue technique, le MiniDisc avait tout pour réussir. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Pourquoi ? Parce que SONY, totalement persuadée de tenir la technologie du futur entre ses mains, a pris soin de l’entourer d’un ensemble presque cérémoniel de conditions d’utilisations. Bonne technologie, utilisation pénible : le destin du MiniDisc était presque prévisible.
Une utilisation parfois pénible
Deux points en particulier venaient contrarier l’utilisateur dans ses manipulations. Premièrement, aucun fichier audio de l’utilisateur ne pouvait être utilisé tel quel. Les MP3, qui commençaient à pulluler, devaient obligatoirement être converti dans le format maison ATRAC (Adaptive Transform Acoustic Coding). On ne trouve plus ce dernier (dans une mouture plus récente) que dans les consoles de SONY, dont la PS Vita.
Deuxièmement, le logiciel utilisé pour la conversion, SonicStage, finira par être honni de tous. Relativement lourd et d’une interface poussive, il va jouer clairement en défaveur des MiniDisc. Même quand les lecteurs deviendront plus tard compatibles directement avec les MP3, SonicStage restera obligatoire pour le transfert, toujours via le câble USB. Des transferts qui peuvent d'ailleurs se révéler particulièrement longs.
Le MiniDisc évolue cependant à travers les années. Par exemple, le format MD de base permettait de stocker environ 80 minutes de son stéréo. Une dizaine d’années plus tard, l’évolution dite Long Play a permis aux utilisateurs d’enregistrer jusqu’à cinq heures de musique en faisant fluctuer la qualité d’encodage. En 2004 enfin, SONY lance des versions à plus haute densité de ses MD. Contrairement aux MD classiques qui contenaient environ 145 Mo d’espace libre, ces « Hi-MD » contenaient 1 Go. Cependant, il fallait évidemment de nouveaux disques mais aussi et surtout de nouveaux lecteurs/enregistreurs, d’ailleurs plus chers que les modèles classiques.
Lecteurs MP3 : le coup de grâce
Mais le vrai problème des MiniDisc fut l’arrivée des lecteurs MP3, et par-dessus tout de l’iPod. D’abord à disque dur, puis à mémoire flash, ils se sont révélés plus petits, mieux résistants aux vibrations et bénéficiant d’une meilleure autonomie. Apple a par la suite lancé sa boutique de musique, l’iTunes Store et la cassure fut consommée : il existait un lien direct entre achat de musique et portabilité pratique.
En septembre dernier, il n’avait donc pas été étonnant d’apprendre que SONY avait stoppé la production des lecteurs MD. Pas plus qu’il n’est étonnant d’apprendre que la production des disques eux-mêmes sera arrêtée le mois prochain. Les boutiques qui en vendent encore feront donc avec leur stock jusqu’à épuisement complet.
« See you old friend »