Selon l’ADAMI, un artiste gagne 0,0001 euro sur le stream d'une chanson

Argent trop cher

L'offre légale de musique en ligne rapporte peu aux artistes : 0,0001 euro ou 0,01 centime sur une chanson écoutée gratuitement en streaming, 4 centimes pour un téléchargement sur iTunes. Voilà le constat de l'ADAMI, qui pointe surtout l'inégale répartition de rémunération qui existe entre producteurs et artistes s'agissant des ventes numériques. Des chiffres qui tombent à pic, puisque la mission Lescure est actuellement en train de préparer ses préconisations à destination du gouvernement, attendues pour fin mars.

L’ADAMI a dévoilé lors du Midem de Cannes une étude qu’elle a fait réaliser à partir de 662 contrats phonographiques. L’objectif ? Déterminer de manière précise ce que gagne la grande majorité des artistes interprètes - qu’elle est censée représenter - lorsqu’un de leurs titres est vendu sur une plateforme de téléchargement en ligne ou bien sur un site de streaming de type Deezer.

 

adami étude

 

Résultat : selon les chiffres présentés par la société de gestion collective, une chanson achetée 1,29 € sur iTunes a rapporté 4 centimes d’euros à l'artiste. En ce qui concerne le streaming, la rémunération des artistes est encore moins importante, variant entre 0,0001 euro (soit 0,01 centime) et 0,004 euros (0,4 centime) par écoute, en fonction de l’offre pour laquelle a opté l’internaute (gratuite ou premium).

 

adami étude

 

Notons cependant que le rapport entre ce qui revient respectivement au producteur et à l’artiste reste plutôt semblable dans les deux cas de figure, puisque l’on se retrouve avec un rapport de 1 euros pour l’artiste / 19 euros pour le producteur dans le cas du téléchargement, et de 1 euros pour l’artiste / 18 euros pour le producteur pour le streaming (ce rapport est de 1/14 pour les ventes physiques, toujours selon l’ADAMI).

 

Pour ceux que ce sujet intéresserait, rappelons que PC INpact a publié il y a quelques semaines un dossier complet sur un label indépendant (lien), dans lequel il est également question des rémunérations issues des offres légales en ligne.

« Une situation inéquitable »

L’étude publiée cette semaine par l’ADAMI n’est pas anodine, puisque Pierre Lescure est actuellement en train de préparer ses conclusions relatives à la mission qui lui a été confiée sur l’acte 2 de l’exception culturelle. D’ailleurs, l’organisation a rappelé à Cannes qu’elle militait pour un modèle de gestion collective du droit exclusif, qu’elle perçoit comme un « modèle d’avenir ».

 

Hier, c’est Jean-Paul Bazin, directeur général de la SPEDIDAM, qui a rajouté une couche à l’appui de ces chiffres. Pour lui, le système de répartition actuel n’est pas du tout satisfaisant : « Du côté des artistes-interprètes (musiciens, choristes...) c'est simple, ils touchent 0 € en provenance de la musique dématérialisée ». Le représentant de la société de gestion collective fait ainsi valoir que si les vedettes, telles que Johnny Hallyday ou Mylène Farmer, perçoivent des sommes certes « dérisoires » au titre des offres légales de musique en ligne (montant évoqués ci-dessus), les artistes-interprètes (le guitariste, le batteur, les choristes... de ces artistes principaux) ne touchent quant à eux rien du tout.

Les producteurs pointés du doigt

Au final, ce sont les producteurs qui sont pointés du doigt, ce qui n’est d’ailleurs pas nouveau. « Le problème est que les artistes interprètes ne reçoivent rien, que ce soit sur le streaming, ou les webradios, ou sur la vente de morceaux à la demande… » regrettait déjà il y a un an et demi Jean-Paul Bazin. Pourquoi ? Parce que les artistes « touchent un cachet une fois lors de l’enregistrement, et ne touchent plus rien après, même en cas de gros succès. Ils abandonnent tous leurs droits numériques, car hélas ils ne sont pas en position de force face aux producteurs ». L’intéressé s’élevait alors contre un sérieux paradoxe : plus les ventes sur Internet se développent, plus les revenus des producteurs augmentent.

 

Rappelons enfin que plusieurs organisations de producteurs comme la SCPP ou l’UPFI ont milité ces dernières semaines pour un nouveau droit à rémunération, qui consisterait notamment à faire payer les moteurs de recherche. Les indépendants ont par ailleurs prôné ce week-end à Cannes la mise en place d’une amende de 140 euros en lieu et place de la peine de suspension de l’accès à Internet pouvant - sur le papier - intervenir dans le cadre du dispositif Hadopi. À la clé, la possibilité de sanctionner les abonnés sans que l’intervention du juge soit nécessaire. Autrement dit, un système conduisant à des condamnations plus automatiques, plus rapides, plus massives.

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