Depuis plusieurs années, l'Europe et la Chine sont opposées à travers les équipementiers ZTE et Huawei. Selon le Financial Times, le conflit pourrait prendre fin d'ici peu. Une rencontre entre des responsables européens et chinois aura lieu demain selon notre confrère, et un abandon des poursuites européennes contre ZTE et Huawei sera proposé, en échange de plusieurs concessions. Mais un tel accord est encore loin d'être signé.
Commission européenne (Bruxelles).
Des prix anormalement tirés vers le bas ?
Grâce à des tarifs agressifs, ZTE et Huawei envahissent l'Europe ces dernières années. Si le grand public ne connait d'eux que leurs téléphones et leurs clés 3G, les deux sociétés chinoises sont surtout des équipementiers des grands opérateurs télécoms européens. Huawei est ainsi partenaire de SFR pour déployer la 4G dans certains quartiers de Paris selon notre confrère Les Échos. Mais cette montée en puissance des Chinois gêne, d'autant que le pays le plus peuplé du monde est accusé de faire preuve de « dumping », c'est-à-dire d'aider ses sociétés via des financements abusifs, ceci afin de tirer les prix vers le bas et ainsi tuer la concurrence.
La pression sur les équipementiers chinois s'est ainsi accélérée depuis l'an passé. Outre la possible interdiction des routeurs chinois pour une raison de sécurité, ce sont surtout les pratiques de dumping qui sont dans le collimateur de l'Union Européenne, ceci depuis au moins 2010. L'an passé, le Financial Times nous annonçait déjà que Bruxelles était en voie de sanctionner ZTE et Huawei, car disposant de preuves solides de dumping contre les deux constructeurs chinois. 55 milliards de lignes de crédit à très bon marché auraient notamment été consentis à Huawei et ZTE par la China Development Bank et la China Export-Import.
Des tarifs plus élevés et un marché chinois plus ouvert
Cette fois, le quotidien économique britannique nous apprend qu'une réunion importante aura lieu demain dans la capitale belge. La solution afin de mettre fin au conflit pourrait être la suivante : en échange de l'arrêt des poursuites de Bruxelles envers les deux sociétés chinoises, ces derniers devront augmenter leurs tarifs de 29 % en Europe. Qui plus est, la Chine devra consentir à ouvrir son marché des télécoms aux équipementiers européens (Alcatel, Ericsson, NSN), de l'ordre de 30 % environ.
Selon un diplomate européen interrogé par le Financial Times, la Chine ne devrait pas accepter ces conditions. Si tel était le cas, des sanctions pourraient être infligées à ZTE et Huawei. Des droits de douane exceptionnels pourraient être l'une des solutions adoptées afin de compenser le dumping opéré par les deux constructeurs chinois.
La crainte des représailles
D'après le Financial Times du mois de mai dernier, Karel De Gucht, le Commissaire européen au Commerce, estimait que les entreprises européennes ne portaient pas suffisamment plainte contre leurs concurrents chinois, par crainte de représailles. En effet, la Chine a légèrement ouvert son marché aux constructeurs étrangers. Alcatel-Lucent a par exemple signé un contrat important en Chine l'an passé. Or si les tensions entre l'Europe et la Chine venaient à s'intensifier, les constructeurs européens craignent que le pays asiatique ferme intégralement son marché.
Les négociations qui débuteront demain revêtent donc une importance particulière, les conséquences pouvant être importantes, que ce soit en Europe ou en Chine.