Jacques Fansten, réalisateur, scénariste mais aussi président de la SACD nous a adressé sa réponse à la tribune de Philippe Axel. Il y dénonce les amalgames, méconnaissance, injures et diffamations. Comme la tribune de l'auteur de « BY-NC-ND », nous publions cette lettre in extenso (M.R.)
La confusion est rarement utile au débat et les amalgames contribuent à l'obscurcir. Dans une tribune publiée par PC INpact, Philippe Axel, auteur-compositeur-interprète, qui a vis-à-vis de la SACEM quelques griefs sur lesquels je n'ai pas à me prononcer, met dans le sac de ses récriminations la SACD qui n'a rien à voir avec ce qu'il dit ou reproche.
Non, contrairement à ce qu'il affirme, il n'y a pas de producteurs, ni d'éditeurs ou de diffuseurs au sein de la SACD. Elle est la "Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques", alors que la SACEM, contre laquelle il s'insurge, est une "Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique". C'est là toute la différence, depuis fort longtemps, entre une société d'auteurs et une société de droits d'auteurs : il appartient à chacune de ces sociétés de s'organiser comme elle le désire, mais il ne faut pas confondre les deux modes de fonctionnement et d'intervention.
Donc, non, Monsieur Axel, les auteurs n'ont pas besoin de "reprendre possession" du Conseil d'Administration de la SACD, puisque 100% de ceux qui y siègent sont des auteurs ! Sans doute aurait-il fallu vous informer avant de proférer des énormités qui pourraient faire du tort.
La SACD, la plus ancienne des sociétés d'auteurs, respecte toujours, contrairement à ce que vous semblez croire, l'idée qu'il avait énoncée et que vous citez, d'une "force de tous les auteurs pour tous les auteurs".
Vous semblez regretter qu'elle se soit prononcée contre l'idée d'une "licence globale", c'est votre droit. Mais je dois vous dire que ce n'est en aucun cas parce qu'elle subirait le point de vue des "producteurs", mais parce que les auteurs de l'audiovisuel et du cinéma, c'est-à-dire d'œuvres chères et financées aujourd'hui par des exclusivités régulées par la loi, savent que cette idée ne répond pas à la seule question qui vaille : comment pourra-t-on créer les œuvres futures ? Ils sont convaincus que, pour des raisons de coût comme de droit international, elle est inapplicable pour le cinéma et l'audiovisuel.
Il faut dire à Monsieur Axel, qui a bien le droit de penser ce qu'il pense mais pas de diffamer, qu'avant de lancer des accusations, même si elles ne sont qu'incidentes, il faut d'abord se renseigner. D'ailleurs Internet, même sans licence globale, aurait pu l'aider en cela.
Non, la SACD n'est pas "privatisée". Une commission officielle, instaurée par la loi et issue de la Cour des Comptes, la contrôle chaque année, comme toutes les sociétés de perceptions. Quand parfois, elle pose des questions, nous tentons d'y répondre et quand elle soulève des problèmes nous cherchons à y remédier, mais globalement elle reconnaît plutôt à la SACD un fonctionnement vertueux. Il est facile de le vérifier : ses rapports annuels sont consultables sur notre site !
Monsieur Axel, il est injurieux pour les 30 auteurs, je dis bien les auteurs, qui composent le Conseil d'Administration de la SACD, et qui travaillent de toutes leurs forces, parfois au détriment de leur œuvre, à la défense du droit d'auteur et de ce qu'ils pensent être l'intérêt général, que des les accuser ainsi, par des facilités d'écriture, des effets de plume, des amalgames et surtout une grande méconnaissance du sujet.
La défense du droit d'auteur, si essentiel pour nous et si malmené par les temps qui courent, n'a pas besoin de méthodes indignes. Car, paradoxe supplémentaire, ces attaques infondées contre la SACD rejoignent justement celles de certains producteurs qui se battent contre la gestion collective et celles de la Commission Européenne trop soumise aux intérêts des Multinationales et à son obsession de la concurrence industrielle.
Monsieur Axel, renseignez-vous, il y a suffisamment de combats à mener pour la place de la culture et de la création pour ne pas se tromper ainsi d'adversaire. Ce n'est pas parce que vous ne savez rien de la SACD que cela vous donne le droit d'affirmer n'importe quoi à son sujet.
Jacques Fansten
Réalisateur et scénariste et, cette année, président de la SACD.