En négociations avec la SACEM depuis l'automne dernier, YouTube a retiré la publicité des clips en France il y a une semaine. Un retrait problématique pour tous les représentants d'ayants droit et les producteurs. Certains menacent d'ailleurs la plateforme vidéo de Google de retirer leurs clips.
Les négociations se durcissent
Il y a quelques années, YouTube et la SACEM ont signé un accord afin que le premier rémunère le second grâce aux publicités visibles avant les clips. Cet accord a toutefois pris fin le 31 décembre dernier. Et alors que les négociations continuent, YouTube a imprimé une pression supplémentaire en retirant les publicités, à la grande surprise de la société d'auteurs, qui a demandé leur retour immédiat. « Cette interruption, si elle se prolongeait, ne pourrait qu’être préjudiciable aux négociations en cours » expliquait d'ailleurs la SACEM il y a quelques jours.
Du côté des maisons de production, le discours oscille entre menace et volonté de négocier. « Nous demanderons à YouTube d'enlever nos vidéos clips » a par exemple affirmé aux Échos Pascal Nègre, le président d'Universal France et tout nouveau président monde des « New Business ». Des propos agressifs néanmoins adoucis par Stéphane le Tarvernier, président de Sony Music France et du SNEP : « Retirer les contenus serait négatif, ce serait un retour vers le passé. Nous devons trouver un accord pour partager la valeur ».
L'exemple allemand
Il est vrai qu'avant 2010, les clips sur YouTube (en France) n'engendraient aucune rémunération pour les ayants droit, à quelques exceptions près. Un retrait définitif n'est toutefois pas une chimère. Comme nous l'expliquions la semaine passée, les représentants d'ayants droit allemands sont en guerre avec YouTube depuis de nombreuses années. La GEMA, l'équivalent allemand de la SACEM, est ainsi en conflit avec YouTube depuis 2009. Ainsi, depuis deux ans et une décision de justice, YouTube ne propose plus aucun clip aux Allemands.
À l'instar de l'Allemagne, la France pourrait donc se priver de clips sur YouTube si les négociations venaient à s'éterniser. Notez qu'en 2009, les majors envisageaient de créer leur propre plateforme ou de signer avec des concurrents américains. En 2008, Warner avait d'ailleurs déjà retiré ses clips (aux USA), ceci après la fin de son premier accord signé en 2006.
Preuve que la menace de retrait est à prendre au sérieux. Toutefois, qui aura le plus à perdre à un tel retrait ? La question peut se poser, sachant que YouTube est aujourd'hui devenu une machine énorme, capable de générer des centaines de millions de vues rien qu'en France, et des milliards de vues dans le monde, ceci uniquement pour des clips. La concurrence, le Français Dailymotion notamment, doit se frotter les mains d'un tel scénario.