Le sujet des conditions de travail chez les fournisseurs d’Apple revient régulièrement sous le feu des projecteurs. Un nouveau rapport publié par Apple met en lumière les progrès accomplis dans ce domaine, les actions effectuées par la firme ainsi que les situations problématiques découvertes.
Le nombre d'audits a explosé
Les conditions de travail chez les fournisseurs d’Apple reviennent régulièrement sur le tapis. Les rapports publiés dans ce domaine ont très largement pointé du doigt les conditions de travail, et si Foxconn constitue l’essentiel des informations dans cette catégorie, il est loin d’être le seul fournisseur concerné. La tension accumulée sur le sujet, capable de sérieusement ternir l’image immaculée de la pomme, avait poussé Apple notamment à intégrer il y a presque un an une association qui s’occupe justement d’auditer les conditions de travail dans les entreprises, la Fair Labor Association (FLA).
Chaque année depuis sept ans, Apple publie son Supplier Responsibility Progress Report. La firme y fait le compte rendu des audits menés durant l’année écoulée, des constats qui en ont été faits et des actions décidées pour y remédier le cas échéant. La participation à la FLA a visiblement déclenché une frénésie de contrôles divers car le nombre d’audits est passé de 229 en 2011 à 393 en 2012, soit une augmentation de 72 %.
Ces audits ne concernent pas tous directement les conditions de travail mais sont liés, d’une manière ou d’une autre, au bien-être général. Par exemple, 55 audits ont été menés sur les problématiques environnementales tandis que 40 audits se sont concentrées expressément sur les normes de sécurité. 27 audits ont concerné une pratique très particulière nommée « bonded labor » (littéralement servitude pour dettes) et qui impose aux employés de payer une taxe pour avoir été recruté.
Ces audits ont concerné une énorme masse salariale car ils ont touché de nombreux fournisseurs. Au total, plus d’un million et demi de personnes ont été concernées par ces enquêtes. D’après le nouveau rapport, on apprend ainsi que 92 % d’entre elles disposent d’un planning appliquant bien la règle des 60 heures maximum par semaine.
Falsification de papiers d'identité
Dans ce rapport, qui contient de très nombreuses autres informations, on y apprend certains constats particulièrement graves. Ainsi, la firme Guangdong Real Faith Pingzhou Electronics Co. (PZ) employait l'an passé 74 enfants de moins de 16 ans. En conséquence, Apple a stoppé toute relation avec le constructeur. Mais l’enquête qui a été menée a révélé d’autres pans de l’affaire.
Derrière PZ se tenait entre autres une agence pour l’emploi, Shenzhen Quanshun Human Resources. Cette dernière falsifiait les papiers d’identification des enfants pour qu’ils obtiennent, artificiellement bien sûr, la majorité. Toujours selon cette enquête, les parents étaient impliqués dans ce réseau de falsification. Comme montré notamment dans le reportage d’Envoyé Spécial sur Foxconn, il est en effet très courant que les employés renvoient une partie (parfois importante) de leurs gains à leur famille pour les aider. Les enfants ont quoi qu’il en soit été renvoyés dans leurs familles aux frais de Pingzhou Electronics.
« Le travail des mineurs est un sujet auquel aucune entreprise ne veut être associée »
Évidemment, Apple a tout intérêt à communiquer de cette manière sur des sujets aussi sensibles. D’abord parce que les progrès semblent bel et bien présents, mais aussi parce qu’il y a un retour évident en termes d’images, même s’il est difficilement quantifiable d’un point de vue financier. Jeff Williams, vice-président des opérations de la firme, indiquait d’ailleurs à ce sujet chez Bloomberg : « Le travail des mineurs est un sujet auquel aucune entreprise ne veut être associée, en conséquence je ne pense pas qu’il reçoive toute l’attention qu’il mérite et n’est de fait pas réglé comme il le devrait. »
Le même Jeff Williams indique d’ailleurs que le simple fait de nommer maintenant en clair les sociétés impliquées accroit la pression. Il existe selon lui un large voile sur la question des mineurs : « Pour la plupart des entreprises, soit il n’y a tout simplement aucun rapport, soit ils disent qu’ils ont cherché mais n’ont rien trouvé, ou ils cachent les résultats d’une certaine manière. S’ils n’en trouvent pas, c’est qu’ils ne cherchent pas assez. »
Surveillance constante ?
Le problème est cependant délicat car il recouvre plusieurs réalités. Par exemple, l’entreprise qui embauche les mineurs peut ne pas être au courant qu’il s’agit de mineurs. Physiquement, la différence peut être faible entre un jeune de 16 ans et un autre de 18 ans. Mais le problème réside surtout dans la falsification des papiers. La rotation du personnel d’une entreprise comme Foxconn est titanesque et la faiblesse se situe justement ici : au croisement de la nécessaire rapidité de traitement des papiers d’embauche et de la vérification approfondie des informations.
Toutefois, il ne faut pas oublier que si l’embauche des mineurs est un sujet grave, il n’est pas le seul. En outre, si les conditions de travail s’améliorent, les progrès en sont clairement perceptibles parce qu’elles partent de « loin ». L’année 2013 verra donc d’autres actions mises en place et on pourra notamment voir comment la situation évoluera une fois que le plus urgent aura été paré.