Richard Stallman, connu pour ses prises de position souvent tranchées vis-à-vis du code propriétaire, vient de signer une tribune au Guardian, dans laquelle il regrette la fermeture des chaînes de produits culturels tels que HMV. Selon lui, ces boutiques garantissaient une « route sure et éthique » afin d’accéder à la musique, tandis que les ventes effectuées depuis Internet, elles, présentent de nombreux biais.
Richard Stallman, en juin 2011.
Plusieurs enseignes de produits culturels connaissent de sérieux problèmes, que ce soit en France - à l’instar de Virgin Megastore, placé en redressement judiciaire la semaine dernière - mais aussi de l’autre côté de la Manche. HMV, l'équivalent britannique de la FNAC, a ainsi déposé le bilan il y a quelques jours. Mais pour Richard Stallman, initiateur du projet GNU et créateur de la Free Software Foundation (FSF), la fin annoncée de ce type de magasins s’avère particulièrement « regrettable ». Pourquoi ? Non pas en raison des emplois perdus, mais plutôt parce que le système remplaçant le précédent représente l'avènement d'un « désastre ».
« Les magasins comme HMV me manquent parce que je pouvais y aller avec de l’argent liquide, acheter des enregistrements (généralement des CD), puis les ramener à la maison » regrette Richard Stallman. L’intéressé explique ensuite que ces boutiques autorisaient l’écoute de titres sur place, avant un éventuel achat. Ce qui lui permettait d'ailleurs de découvrir de nouvelles choses. Surtout, il raconte : « Une fois que j'avais acheté mes CD, j'étais libre de les donner ou de les prêter à des amis. En vertu du droit d'auteur, je pouvais même les copier - autrefois sur des cassettes audio - et les donner à mes amis. Tout ceci sans que l’État n’en sache rien ».
Sauf que Richard Stallman voit d’un mauvais œil cet avenir dans lequel chaque consommateur achèterait de la musique en ligne, tant sous forme physique que numérique. Selon lui, sur Internet « vous êtes obligés de vous identifier auprès du vendeur (et aussi de Big Brother, qui vous surveille par la même occasion). Et s’il ne s’agit pas d’un CD, vous devez accepter un contrat restrictif vous privant des droits dont nous jouissions tous ».
« Pour tous ceux qui aiment à la fois la musique et la liberté, il n’est pas question de considérer cette forme actuelle de ventes en ligne, qui nous laisse de moins en moins d’occasions d'acheter de la musique ». Mis à part quelques exceptions (certains magasins, des ventes directes lors des concerts...) la seule façon d’obtenir valablement des copies d’œuvres musicales se trouve selon lui dans le partage de fichiers numériques.