Il y a un peu plus d'un an, OVH lançait son propre service de stockage en ligne : HubiC. Depuis, de nombreux changements sont intervenus, et force est de constater que la communauté d'utilisateurs semble un rien déçu par cette bêta qui montre encore de nombreuses faiblesses. L'hébergeur a souhaité revenir sur ces 12 derniers mois et parler de l'avenir de son outil.
Le marché du stockage en ligne est le nouvel Eldorado des géants du Web, bien que le leader ne fasse pas partie de leur cercle : Dropbox. En effet, comme un récent sondage nous l'a montré : pas moins de 25 % de nos lecteurs exploitent cette application contre 8,9 % pour HubiC d'OVH. Mais comme le rappelle la société française qui revendique actuellement 130 000 clients, son concurrent direct a déjà plusieurs années d'existence alors qu'elle a préféré y aller à tâtons lors d'une première phase de bêta.
Sondage effectué le 18 janvier 2013, 5836 votants
Dans son long billet (qui arrive sans doute un peu tard pour certains), l'hébergeur détaille les différents choix qui ont été les siens, afin de mieux évoquer le futur de son service dont version finale sera lancée durant le premier semestre, ce qui sera l'occasion de dévoiler la véritable offre commerciale.
HubiC : avant le lancement de la véritable offre, petit retour en arrière
Pour rappel, lancé il y a un an, HubiC était l'évolution d'un premier jet concernant le stockage en ligne qui se reposait principalement sur le protocole WebDAV : CloudNAS. Celui-ci permettait à l'utilisateur de se connecter à son espace en créant un lecteur virtuel au sein de son système d'exploitation, une solution simple, mais qui avait le désavantage de ne pas être très rapide. Selon OVH, les clients demandaient surtout l'arrivée d'applications mobiles et la possibilité de partager simplement des données. Après trois mois de test et 3 000 utilisateurs séduits, la mise en place d'HubiC a commencé.
Au départ, tout se basait sur des machines virtuelles qui profitaient de la force du groupe : 140 000 serveurs et une infrastructure déjà solide. Mais cette solution a rapidement montré ses limites pour plusieurs raisons que nous avions déjà eu l'occasion d'évoquer avec Octave Klaba en janvier dernier.
Au lancement, la société indique que près de 3 000 comptes étaient créés chaque heure (40 000 début janvier), avec au final près de 5 To de données rajoutées chaque semaine (trois réplications + backup). Des chiffres qui sont importants, mais qui semblaient surtout déséquilibrés d'un compte à l'autre puisque certains rajoutaient des données de manière constante.
OVH dépassé par ses choix initiaux, multiplication des clients sous Windows
L'équipe procédait alors à une répartition manuelle, mais comprenait rapidement que ce n'était plus possible. En parallèle, la mise en place des différents clients a été un rien chaotique, OVH avouant que son métier de départ n'était pas de faire des applications. L'équipe de départ avait en effet été renforcée pendant le premier trimestre et sous Windows HubiC Browser est venu remplacer le premier client, mettant au passage fin à l'utilisation sous forme de lecteur virtuel.
Une première régression, d'autant plus que la nouvelle application ne supportait pas le glisser-déposer par exemple, sans proposer la synchronisation tant attendue. Dans le même temps, les offres commerciales étaient lancées : avec des tarifs attractifs et la promesse d'un stockage des données en France, certains y trouvaient leur compte, bien que la société ne communique pas sur son nombre de clients payants.
Pour faire face à tous ces problèmes, OVH a décidé en septembre dernier de revoir ses choix technologiques et de passer sur OpenStack, comme nous l'avons déjà évoqué. Une solution qui lui permet d'assurer une meilleure répartition de l'ensemble des données sur trois datacenters (deux à Roubaix, un à Strasbourg), d'effectuer un découpage et une parallélisation lors de l'envoi des gros fichiers (5 Mo et plus) et même d'activer le streaming audio (et bientôt vidéo).
Un passage sous OpenStack dans la douleur, une communication insuffisante en amont
Mais cela impliquait une intervention lourde : la migration de l'ensemble des 130 000 comptes, soit 2 Po, sur la nouvelle infrastructure. SI au départ tout doit s'effectuer sans coupure de service, il sera au final décidé de ne pas rendre les comptes accessibles en écriture afin de simplifier et d'accélérer le traitement. Au final, 90 % des comptes sont déplacés en trois semaines, l'ensemble en un mois et demi, le tout sans perte de données... mais les clients sont mécontents.
OVH précise dans son billet qu'il « regrette évidemment les désagréments subis, dont les causes étaient peu compréhensibles jusqu’ici pour les utilisateurs ». Le problème est en effet là : le manque de communication. Rien n'a été dit aux clients d'OVH dans les phases antérieures et ce n'est qu'une fois la migration terminée qu'un mail leur indiquait que les applications iOS ne fonctionneraient plus. Avec les débits qui étaient déjà parfois largement réduits dans les mois précédents, cela pouvait faire beaucoup. Finalement, les détails de l'opération n'ont été évoqués par les équipes d'HubiC qu'en décembre dernier, au moment des fêtes de Noël.
Après la pluie... le beau temps ?
Mais après cette douloureuse étape, OVH nous promet des jours meilleurs. L'ensemble des applications est désormais adapté à OpenStack (la version iOS étant en train d'être validée par Apple), une v2 de la version Web est en cours de test et la synchronisation (que nous avions récemment testée) devrait passer à une phase publique sous peu.
Aux dernières nouvelles, elle était prévue sous Linux pour le 18 janvier alors que la mise à jour OS X devrait arriver le 1er février. D'autres nouveautés sont d'ailleurs évoquées pour les mois à venir : support de Time Machine et version « Team » pour les clients payants, mode hors ligne sous Android, système de notification, streaming vidéo...
L'hébergeur précise néanmoins que des améliorations sont encore nécessaires. Pour cela, il compte rejoindre la fondation OpenStack et proposer des améliorations du code (Open source) afin de l'adapter à ses besoins. C'est notamment le cas du déplacement des fichiers qui effectue actuellement une opération complète de copie puis de suppression, ce qui manque largement d'efficacité comme l'évoquait récemment Octave Klaba sur Twitter :
@deckarudo oui. limitation de openstack: MOVE=COPY+DELETE
— Oles (@olesovhcom) Janvier 19, 2013
Devrait s'en suivre la mise en place de l'offre commerciale définitive, prévue pour le premier semestre de cette année. Il sera alors intéressant de voir quels seront les tarifs proposés et comment seront traités les clients ayant payé pour HubiC ces derniers mois malgré les désagréments.