Pour éviter de se lancer dans une guerre des meilleurs employés, ce qui aurait impliqué une hausse exponentielle des salaires, certaines grandes sociétés de haute technologie auraient signé un accord de non-agression. En somme, ces entreprises se seraient interdit mutuellement de débaucher leurs meilleurs éléments. Un accord qui n'a pas été du goût de certains employés, qui ont porté l'affaire devant la justice en class-action. Apple, Google et Intel sont d'ores et déjà mis en cause.
Des accords fâcheux pour les employés
L'affaire n'est pas nouvelle. Entre 2010 et 2012, Apple, Intel, Google, Adobe, Pixar, LucasFilm, Intuit (logiciel) et eBay ont été cités dans ce type d'affaires de non-sollicitation mutuelle. Pour d'autres, des accords remonteraient à 2005 et auraient en tout cas duré de nombreuses années.
Pour les employés de ces entreprises, de tels accords de "non-agression" sont évidemment problématiques, dès lors qu'ils empêchent toute possibilité de négociation avec les sociétés concernées. L'impact sur les salaires est aussi important du fait d'un pouvoir de négociation bien moindre.
Selon la presse américaine, si un accord à l'amiable avait été passé il y a trois ans, des employés ont relancé l'affaire l'an passé. C'est dans ce contexte que la justice a convoqué Tim Cook et Paul Otellini, actuels PDG d'Apple et d'Intel respectivement, et Eric Schmidt, ex-PDG de Google. ils devront notamment répondre aux questions des avocats des nouveaux plaignants.
La première convocation concerne Tim Cook. Ce dernier n'est pas directement concerné, puisqu'il n'était pas PDG à l'époque des faits. Néanmoins, en l'absence de Steve Jobs, Tim Cook est le plus à même de représenter Apple. D'autant que selon la juge Lucy Koh, en tant que directeur des affaires opérationnelles à l'époque, Tim Cook devait inévitablement être au courant de tels accords. Seront ensuite convoqués Eric Schmidt le 20 février prochain, et Paul Otellini un peu plus tard.
Des accords multiples et croisés
D'après la justice US, les accords ont été nombreux. Pixar et Lucasfilm auraient ainsi commencé en janvier 2005 à inscrire leurs employés sur une liste de personnes à ne surtout pas contacter en vue d'un recrutement (une liste « do not call » ). Ensuite, un accord équivalent aurait été réalisé peu de temps après entre Apple et Adobe, puis entre Google et Apple en 2006 selon des courriels envoyés entre Steve Jobs et Eric Schmidt. Il en aurait été de même en 2007 entre Pixar et Apple, ainsi qu'entre Google, Intel et Intuit. Etc.
Selon les avocats des plaignants, plusieurs centaines de millions de dollars sont en jeu. Toutefois, d'après l'avocat d'Adobe, les plaignants n'ont aucune preuve quant à l'impact de tels accords sur les employés. Notez que la juge Lucy Koh, chargée de l'affaire, n'est pas inconnue. C'est notamment elle qui s'est chargée de l'opposition entre Apple et Samsung quant à leur interminable guerre des brevets sur les smartphones et les tablettes. Les avocats d'Apple ont ainsi pour avantage de particulièrement bien connaître la juge.