Avec la TV connectée, tout le monde devra s'adapter au changement

S'adapter ou mourir

Derrière le conflit entre Free et Google, ou encore la possible segmentation des forfaits internet, se cache une peur qui concerne en fait tous les fournisseurs d'accès à internet (FAI) et les opérateurs offrants des services de télévision dans le monde : et si Internet, et plus précisément YouTube, remplaçait totalement le contenu télévisuel et s'incrustait dans les télévisions de tous les foyers ?

google tv sony

Ce boitier Sony NSZGS7 (Google TV) accède aux contenus internet sur sa TV HD dans une grande simplicité.

 

Aujourd'hui, une telle menace peut paraître lointaine pour beaucoup de gens. Et pourtant, ce scénario pourrait devenir une réalité bien plus rapidement que vous ne le croyez. En Amérique du Nord, le « problème » est déjà concret du fait d'un contenu disponible sur internet très conséquent. Il y a bien sûr les services de vidéo à la demande illimité (SVOD) à la Netflix, Amazon Instant Video, ou Hulu Plus. Il y a les services de VoD classique à l'achat à l'unité, comme Vudu. Il y a bien entendu les chaînes de télévision qui offrent une partie voire l'intégralité de leurs contenus sur Internet. Ceci sans compter l'essor de services comme Aereo, qui permettent d'accéder à la télévision par Internet. Et la plupart des services cités dans ce paragraphe sont non seulement accessibles sur une télévision via différents moyens (Apple TV, Google TV, consoles de jeux vidéo, TV connectées, etc.), mais les contenus HD se multiplient.

 

Pour les FAI Nord-Américains, l'essor de ces services n'est en rien problématique. Ils consomment en effet une forte bande passante, et cette dernière est facturée au Go dans ces territoires dans la plupart des cas. Cela leur permet ainsi de proposer des forfaits dépassant allègrement les 50 $ (hors taxe), ceci uniquement pour un accès à Internet. Pour les chaînes de télévision, la problématique est différente. Si Internet venait à réduire fortement le nombre de souscriptions aux abonnements TV (la télévision gratuite étant ultra minoritaire en Amérique du Nord), les conséquences pourraient être dramatiques. D'un côté, la monétisation de leur contenu a de grandes chances d'être moins juteuse sur Internet. De l'autre, leur audience pourrait tout simplement s'effondrer, du fait d'un remplacement par d'autres types de contenus TV, qu'ils soient professionnels ou non par ailleurs.

C'est ici que rentrent en compte les sites d'hébergements vidéo, et en particulier YouTube. La plateforme de Google a fortement évolué depuis sa création. Aujourd'hui, on retrouve des chaînes comptant des millions d'abonnés et générant à chaque vidéo publiée des millions de vues, soit l'équivalent de ce que font les chaînes de télévision classiques. Le contenu offre qui plus est une très bonne qualité visuelle, ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques années. Ainsi, visualiser des vidéos YouTube sur une TV Full HD 1080p n'est pas un problème aujourd'hui, tout du moins sur certaines chaînes YouTube.

Un contenu de plus en plus vaste


La chaîne officielle de la NBA propose très régulièrement du contenu, et en très bonne qualité.

 

Sur YouTube, on peut ainsi dire qu'il y a deux grands types de chaines officielles alimentées plus ou moins régulièrement :

 

Les vidéos professionnelles issues de la télévision :

  • Ceux des chaînes de télévision qui offrent des extraits de leurs émissions et reportages. C'est par exemple le cas des grandes chaînes d'informations comme la BBC, BFM TV, TV5, France 24Al Jazeera, etc. ou encore des chaînes plus locales (France 3 Paris IDF). Certains présentateurs stars, tels Ellen DeGeneres et Oprah Winfrey, ont aussi aussi un succès non négligeable sur YouTube. Certaines de ses chaines ont des millions d'abonnés et cumulent des milliards de vues.
  • Ceux des franchises et des ligues sportives. C'est par exemple le cas de la NBA, de la Ligue 1 et de la Ligue 2 de football. Sans oublier les clubs (le Real Madrid, le FC BarcelonePSG, l'OM, etc.), qui disposent de leurs propres chaînes TV mais qui n'hésitent pas à publier une grande partie de leurs contenus sur la plateforme de Google.
Les vidéos créées pour Internet :
  • Il y a celles provenant de sociétés privées n'étant pas des chaînes de télévision. Redbull par exemple est particulièrement connue pour ses vidéos en haute défintion. De façon plus large, les majors du cinéma exploitent désormais plus que jamais Internet avec leurs bandes-annonces de films. Certaines chaînes sont d'ailleurs spécialisées dans la publication de bandes-annonces. C'est par exemple le cas de Joblo Movie Network, qui propose de plus des interviews et d'autres contenus liés au cinéma (en anglais). La même logique peut être utilisée pour les clips, ou encore les présentations de jeux vidéo.
  • Il y a aussi bien sûr les fameuses chaînes YouTube officielles, créées exclusivement pour la plateforme de Google. En France, il y a par exemple Marmiton, Studio Bagel, etc. Leur succès doit toutefois encore se confirmer.
  • Et surtout, que serait YouTube sans ses contenus plus ou moins plus personnels, même si parfois proches du professionnel pour certains. Aux États-Unis, Freddiew, The Piano Guys, Ray William JohnsonLindsey Stirling, Devin Super Tramp, The Slow Mo Guys, etc. génèrent des millions de vues à chaque vidéo publiées. En France, on retrouve des vidéos quasi individuelles, comme celles de Rémi Gaillard (en pause), du Joueur du Grenier, de Cyprien, Mister V, Gonzague, etc. Ils sont nombreux à alimenter YouTube et à réaliser des millions de vues. Outre ces types de contenus, il y a aussi les séries web qui prennent de l'ampleur. C'est par exemple le cas du Visiteur du Futur, qui passe d'ailleurs sur France 4 désormais. Et pensons aussi à l'un des Suisses les plus connus du Web, Diablox9. Les chaînes liées aux jeux vidéo connaissent d'ailleurs de très grands succès.

Enfin, outre tous ces contenus légaux, YouTube est aussi un nid aux vidéos non libres de droits. Trouver des films entiers, même récents, n'est ainsi pas bien difficile, et des épisodes de séries sont aussi disponibles. Sans parler des albums musicaux entiers, qui font le bonheur des outils de téléchargement.

Mais plus le temps avance, plus le contenu (légal) s'étoffe sur YouTube et gagne en qualité. Dans un futur proche, de grandes séries seront certainement proposées directement sur YouTube avec un épisode par semaine, à l'instar de ce qui est proposé à la télévision. Des informations nationales et internationales, aux émissions de cuisine, en passant par des sketchs humoristes, des documentaires, et bien d'autres contenus encore, tout est ou sera disponible sur YouTube, et en HD. Et contrairement à la télévision actuelle, qui impose l'ordre d'affichage du contenu (hors catch-up TV), au moins, sur Internet, vous pouvez choisir quoi voir, et quand. Même le journal télévisé est divisé selon les sujets. C'est de façon évidente le futur de la télévision : la liberté.

 

Le principal point noir de YouTube pour le moment est son contenu en direct. C'est de façon évidente le point fort des chaînes de télévision. Mais non seulement YouTube pourrait bien un jour proposer une somme suffisante pour acheter certains droits, notamment sportifs (ce qui est en fait déjà le cas depuis quelques années pour certains sports), mais surtout, le contenu de ces chaînes de télévision est aussi disponible illégalement sur Internet. Et les télévisions connectées sont capables de visualiser un tel contenu, tout du moins celles autorisant les technologies adéquates (les Google TV par exemple). Mais si les TV connectées devaient connaitre un succès grandissant, toutes les chaînes pourraient être poussées à proposer leurs contenus en direct et en HD sur YouTube, au moins pour capter une audience qui pourrait s'étioler à l'avenir.

 

« Si demain, tout le monde se met à regarder la télévision via YouTube... »

L'accès au contenu vidéo sur sa télévision directement par Internet n'est donc pas une folie dans les pays où le haut débit est démocratisé. En France, les FAI n'allaient pas attendre l'arrivée de ces TV connectées pour proposer des box sur-évoluées. Cependant quand on lit les réactions de certains acteurs, on peut aussi estimer qu'ils considèrent cette TV 2.0 comme une menace si ce n'est une concurrence absolue qu'ils auront finalement contribués par leur tuyau à faire entrer dans les foyers.


Lors de sa dernière interview accordée au Figaro cette semaine, Xavier Niel, le patron d'Iliad (Free), n'a pas caché la crainte qu'un jour la plateforme vidéo de Google devienne bien plus importante dans l'avenir.  « YouTube n'est pas un ennemi. C'est un bon service. Je ne suis pas bilingue, mais je ne crois pas que Net neutrality signifie « tout gratuit pour les gros acteurs ». Si demain, tout le monde se met à regarder la télévision via ce service ou un produit équivalent, il faudra des capacités colossales nécessitant des investissements très lourds. »

 

Si dans les pays faisant payer au Go, ce n'est pas un problème, comme expliqué en début d'édito, quid des opérateurs n'imposant aucune limite de téléchargements comme c'est le cas dans l'Hexagone ? Il est évident que la consommation de la vidéo sur sa télévision via Internet est un bouleversement majeur pour ne pas dire révolutionnaire pour le téléspectateur (plus de choix, plus de liberté), pour les producteurs de contenus et les publicitaires (qui devront adapter leurs formats et leurs budgets), et donc pour les FAI, qui devront procurer la bande passante adéquate pour afficher sans problème du contenu en haute définition à des millions de personnes à la fois lors des heures de pointe.

 

Un tel scénario devrait de façon évidente pousser les FAI à réaliser des changements majeurs, même en cas de généralisation de la fibre optique. La différenciation des forfaits est clairement une possibilité. Par exemple, un forfait internet simple-play pourrait être proposé, afin de surfer et exploiter la plupart des protocoles internet sans problème. Mais les vidéos en haute définition risquent d'être bien difficiles à charger, même aux heures creuses. Pour regarder massivement ces contenus vidéos, une option à quelques euros serait alors demandée.

 

Car ne soyons pas dupes, ce n'est certainement pas Google qui mettra la main à la poche pour assurer les Go voire To par seconde indispensables aux internautes du monde entier. Le géant du web pourrait consentir à une participation, mais les FAI devront nécessairement fournir le service demandé par leurs clients. Et la finance étant ce qu'elle est, à moins d'une augmentation globale des forfaits, une segmentation des offres est une sérieuse possibilité.

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