Article du 17 janvier : Alors qu'il va quitter la présidence du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans quelques jours, Michel Boyon vient de juger qu' « une régulation des contenus audiovisuels privés sur internet » était inévitable. Une sorte de cadeau de départ qui n'est pas sans rappeler les précédents appels de l'intéressé en ce sens...
Un exemple de contenu audiovisuel privé ?
Michel Boyon, dont le mandat va expirer dans quelques jours, a prononcé hier soir l’un de ses derniers discours en tant que président du CSA. Présentant ses vœux pour la nouvelle année, l’intéressé a notamment évoqué le sujet de télévision connectée, qu’il considère comme étant « le » grand chantier à venir de l’autorité administrative.
Il en est également venu à parler de la régulation des contenus audiovisuels sur internet : « Il est impossible que nous ne répondions pas à un souhait croissant des opinions publiques française et européenne, qui aspirent à une régulation des contenus audiovisuels privés sur internet », a ainsi lancé Michel Boyon, comme le rapporte La Correspondance de la Presse. Selon le président du CSA, il serait donc essentiel d’agir, et ce au nom de « la protection de l'enfance et de l'adolescence, mais aussi la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, la lutte contre les appels à la haine et à la violence ».
Nous avons contacté le CSA, afin de savoir de quelle manière il fallait comprendre ce qu'étaient précisément ces contenus audiovisuels privés, et attendons encore un retour.
Boyon et la régulation des contenus audiovisuels sur Internet, une vieille histoire...
Quoi qu'il en soit, Michel Boyon réveille là l’un de ses vieux démons : la régulation par le CSA des contenus audiovisuels sur Internet, alors que le périmètre d'action de l'autorité administrative - qui s'est néanmoins élargi depuis - était initialement limité aux fréquences hertziennes. Car le problème est bien connu : depuis plusieurs années, les contenus restent les mêmes, mais « les tuyaux » qui les conduisent aux écrans, eux, se diversifient. Une même vidéo ne sera ainsi pas soumise aux mêmes règles selon qu’elle soit diffusée sur une plateforme en ligne comme YouTube, ou sur une chaîne française telle que France 2.
En avril dernier, le président du CSA avait d’ailleurs déjà averti : « On ne pourra pas indéfiniment faire coexister un secteur régulé, celui de l’audiovisuel, et un secteur non régulé, celui d’Internet ». Deux mois plus tard, il réfutait vigoureusement les critiques selon lesquelles le CSA aurait pour volonté première de sauver sa peau face à la déliquescence de la TV d’autrefois. « Je n’ai pas dit qu’il fallait transposer la régulation de la télévision traditionnelle à l’ensemble des autres images. Je dis simplement qu’on ne peut pas les laisser sans rien. Internet est un espace de liberté, mais espace de liberté ne veut pas dire espace de non-droit ». Oubliée la LCEN, négligée la loi sur la presse, aux oubliettes le droit au respect de la vie privée ou sur la protection de la jeunesse...
Restera maintenant à voir si Olivier Schrameck, qui succèdera à Michel Boyon dans quelques jours, partagera ce diagnostic.