Après le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon, qui a présenté le mois dernier son plan pour « le numérique à l’École », c’est au tour de Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche de dévoiler les grandes lignes de son projet de loi relatif aux universités. Le numérique est une fois de plus au programme, puisqu'une des mesures retenues prévoit que d’ici quatre ans, 20 % des cours soient proposés sur Internet par les universités françaises.
Le député Jean-Yves Le Déaut a remis hier au Premier ministre un rapport tirant les conséquences des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui se sont déroulées de juillet à novembre 2012, tant à l'échelon national que régional. Dans ce document (PDF), l’élu formule plusieurs propositions, qui ont vocation à être traduites sur le plan législatif. La ministre compétente, Geneviève Fioraso, doit d’ailleurs présenter en mars prochain un projet de loi.
« Le numérique déplace les lignes »
Dans une partie intitulée « Le numérique déplace les lignes », Jean-Yves Le Déaut fait valoir que « la prise en compte des NTIC va révolutionner l’enseignement supérieur ». Selon lui, « un pays qui ne prendrait pas cette orientation se verrait déclassé et (...) on assisterait à un détournement, de l’intérieur, des cerveaux de notre enseignement supérieur, à un affaiblissement de notre culture et de notre rayonnement ».
Toutefois, si l’évolution des pratiques pédagogiques apparaît comme une nécessité, le député conclut qu’il faut d’abord réfléchir avant de déterminer précisément le sens que celles-ci doivent prendre. Il en appelle ainsi au lancement de travaux de recherche, portant sur les outils numériques de l’enseignement et aux évolutions pédagogiques, ainsi que sur les modifications de notre rapport au savoir induit par l’utilisation généralisée du numérique. « Les modèles d’enseignement qui doivent évoluer dès à présent devront être améliorés suivant les résultats de ces recherches », conclut le rapport.
En attendant, l’élu préconise le lancement d’un plan national, intitulé France Universités Numérique. « Cette initiative devrait permettre de développer une offre ambitieuse de contenus pédagogiques multimédia en ligne. Ces contenus pourraient aussi bien être utilisés en complément des cours pour les formations diplômantes classiques, que dans le cadre de formations à distance », explique Jean-Yves Le Déaut. Le parlementaire propose en outre que les établissements universitaires diffusent en ligne, sur demande, des cours actualisés à leurs anciens étudiants.
Lancement de France Université Numérique dans les prochains jours
Les préconisations du député semblent d’ailleurs avoir trouvé un écho favorable auprès de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, qui a annoncé au Figaro le lancement de France Université Numérique (FUN) dans les prochains jours. L’objectif de cette structure ? Piloter les universités françaises, afin que 20 % des cours soient proposés sur Internet d’ici 2017, soit dans quatre ans. Geneviève Fioraso a ainsi reconnu que la France était « en retard » en matière de cours en ligne, notamment vis à vis de pays tels que les États-Unis.
La question de la forme des contenus (vidéo, texte, son...) qui seront mis en ligne reste pour l’instant relativement floue. En termes de mise en place, il s’avère que le projet devrait d’abord faire l’objet d’expérimentations sur des sites pilotes, avant une extension aux autres universités. Les vice-présidents des établissements concernés auraient selon les vœux de la ministre un rôle particulier, et se transformeraient en « M. Internet ».
Notons enfin que Geneviève Fioraso exclut à terme la formation d’étudiants dans une version 100 % en ligne. « Les étudiants ne sont pas vraiment mûrs pour ça. Le contact, c’est important », a-t-elle expliqué.