Les députés s’intéressent déjà aux fuites de données du fichier STIC - révélée dans nos colonnes - et visant plusieurs rappeurs. L’écologiste Isabelle Attard vient de questionner officiellement Manuel Valls sur les mesures qu'il compte mettre en place pour colmater la brèche.
Manuel Valls sur le plateau du Grand Journal, mercredi
Les fuites du STIC concernant plusieurs personnalités du rap a montré combien était poreux ce super fichier des personnes victimes ou mises en cause dans des infractions pénales. Un simple coup de fil à des commissariats a permis à des individus se faisant passer pour des policiers de glaner ces informations avant de les diffuser sur YouTube. Les rappeurs Booba, Rhoff, La Fouine, Morsay, etc. font partie des victimes (voir la réaction de ce dernier).
Quatre enquêtes sont en cours auprès des parquets parisiens. La police des polices, l’IGS, s’est également saisie de l’affaire. Sur Canal +, Manuel Valls a reconnu un « dysfonctionnement » mettant en cause « la faiblesse de l’accueil » dans les commissariats… Mais le ministre s’est surtout montré bavard pour dénoncer la diffusion de ces données, davantage que leur révélation : « tout citoyen, quel qu’il soit, ne peut pas voir son nom jeté ainsi en pâture sur Internet. »
La députée écologiste Isabelle Attard est la première parlementaire à se saisir de ce grave incident. Elle vient de déposer une question écrite afin d'obtenir une réponse plus complète du ministre de l'Intérieur. « Des journalistes ont révélé récemment qu'il était possible de consulter ce fichier par un simple appel téléphonique à un commissariat. Sachant que ce fichier indique toutes les affaires dans lesquelles une personne a été simplement suspectée, c'est une grave violation de la vie privée des citoyens qui a eu lieu. »
« Il est intolérable que des personnes innocentes, et qui n'ont été que soupçonnés dans une enquête de police, puissent voir ces informations révélées publiquement » insiste l'élue, pour qui cependant « c'est bien la consultation, et non la diffusion des résultats de cette consultation, qui est le principal problème ». Pour mémoire, le STIC répertorie plus de 6,5 millions de mis en cause et 30 millions de victimes.
Du coup elle demande principalement au ministre ce qu’il compte faire pour « limiter la consultation du fichier STIC au strict minimum nécessaire » et donc, en creux, sécuriser son accès.