Alors que nous indiquions la semaine dernière que Google s’était débarrassé de l’enquête de la Federal Trade Commission à son encontre, la firme de Mountain View en profite pour pousser plus loin son avantage. Depuis quelques jours en effet, les utilisateurs de Windows Phones ne peuvent tout simplement plus accéder à Google Maps depuis Internet Explorer.
Des polémiques décidément courantes ces temps-ci
Google est décidément impliqué volontairement ou « malgré lui » dans diverses polémiques. Alors que la FTC a stoppé son enquête sur ses pratiques commerciales, l’éditeur a été entrainé sous les projecteurs par Free. L’opérateur français avait pour rappel décidé de bloquer les publicités provenant des flux Google. Un blocage levé ce matin alors que la relation conflictuelle avec Google se trouve maintenant au cœur des discussions.
La nouvelle polémique dont il est question aujourd’hui prend pratiquement ses racines à l’annonce de la FTC d’abandonner son enquête. Durant la même journée, les utilisateurs de Windows Phones se sont retrouvés tout à coup dans l’incapacité d’accéder à Google Maps depuis Internet Explorer. La version mobile du navigateur renvoie systématiquement sur la page d’accueil du moteur de recherche.
Une certaine idée de la diversité...
Tandis que le blocage commençait à faire le tour du web, Google a commencé à communiquer sur le sujet. Ce fut notamment le cas avec Gizmodo qui obtient la réponse suivante : « La version web mobile de Google Maps est optimisée pour les navigateurs WebKit tels que Chrome et Safari. De fait, puisque Internet Explorer n’est pas un navigateur WebKit, les appareils Windows Phone ne peuvent pas accéder à la version web mobile de Google Maps ».
... et des explications guère concluantes
En dépit du caractère discriminatoire d’une telle assertion (le W3C notamment appréciera), plusieurs éléments remettent largement en cause l’explication donnée par Google. À commencer par un constat simplissime : jusqu’au blocage, les utilisateurs de Windows Phone 7 ou 8 pouvaient accéder sans aucun problème à Google Maps. Le service y fonctionnait correctement et bénéficiait d’ailleurs de l’accélération matérielle, rendant son utilisation fluide.
D’autre part, le moteur de rendu d’Internet Explorer Mobile dans Windows Phone 8 est strictement le même que celui d’Internet Explorer 10 dans Windows 8 et RT. Or, il suffit de lancer le navigateur sur l’un de ces deux systèmes d’exploitation pour se rendre compte que Google Maps y fonctionne parfaitement bien.
Enfin, et c’est sans doute le vrai problème dans la déclaration de Google, changer l’User Agent, c’est-à-dire l’identifiant, d’Internet Explorer Mobile suffit à invalider l’explication. La vidéo ci-dessous montre comment un utilisateur est passé par un serveur proxy et un script pour faire apparaître un User Agent de type Android sur son propre Lumia 920 :
Le résultat est que la navigation fonctionne sans aucun problème, prouvant de fait le blocage parfaitement arbitraire.
Dans la journée de samedi, la vague de critiques engendrée par le blocage a provoqué une seconde réaction de Google. Cette fois-ci, il n’était plus question de WebKit : « Dans nos derniers tests, IE Mobile n’offrait toujours pas une bonne expérience avec Maps, sans possibilité de zoomer ou dézoomer et sans pouvoir réaliser des fonctionnalités basiques. Conséquence, nous avons choisi de rediriger les utilisateurs mobiles vers Google.com où ils peuvent au moins faire des recherches locales. Firefox offre une expérience relativement meilleure et c’est pourquoi il n’y a pas de redirection pour ces utilisateurs ». Mais la firme ajoute également que des « améliorations récentes dans IE Mobile et Google Maps » permettent aux utilisateurs de profiter d’une meilleure expérience et qu’elle « travaille au retrait de la redirection ».
Girouette
Difficile de savoir exactement de quoi parle Google, car les améliorations portées à Internet Explorer l’ont été avec Windows Phone 8. Si réellement l’expérience utilisateur était à ce point désastreuse, bloquer le service en fin de semaine dernière n’avait pas de sens. Venir indiquer que des améliorations avaient eu lieu après un tel blocage n’en avait pas davantage puisque lesdites améliorations étaient déjà en place. Pas plus que de promettre le retour du service la journée suivante.
Le fait est qu’en dépit des explications de Google, les coïncidences commencent à former le cordon qui délimite très clairement la frontière avec Microsoft. Difficile de mettre de côté le problème avec l’application YouTube ou l’arrêt du support d’Exchange Active Sync par Gmail : tout ceci ressemble fort à autant de bâtons dans les roues d’un concurrent. Mais en attendant, ce sont les utilisateurs de Windows Phones qui sont touchés, car on peut avoir un tel appareil et aimer se servir de Google Maps, tout comme on peut avoir un iPhone et se servir de Bing Maps.
Nous avons demandé à Google des renseignements supplémentaires sur la question et attendons actuellement une réponse.