La Federal Trade Commission (FTC) américaine enquête sur Google depuis environ deux ans. Depuis, Microsoft et Apple notamment ont protesté contre l’utilisation absuve des brevets estampillés FRAND, couvrant des technologies jugées comme indispensables. Mais cette enquête serait, selon Bloomberg, sur le point de prendre fin, provoquant au passage l’ire de Microsoft.
L'abus des brevets FRAND
Les brevets sont devenus depuis bien des années des armes autant que des défenses. Les grandes firmes occupent la plupart du temps des tranchées dans une guerre de positions, tentant parfois des sorties pour court-circuiter l’arrivée d’un ou plusieurs produits concurrents. On se rappelle dans ce cadre du rachat capital de la branche mobilité de Motorola par Google, qui avait pu mettre la main sur 17 000 brevets. Or, une partie est estampillée FRAND (fair, reasonable, and non-discriminatory), des conditions qui obligent le détenteur à proposer un système de licence « juste » à des tarifs très modérés.
On se rappelle également qu’Apple puis Microsoft avaient déposé plainte contre Google sur ce point très précis. L’enquête de la FTC concernait de fait les pratiques anticoncurrentielles de Google. Or, Bloomberg indique que cette enquête est sur le point de prendre fin, la firme de Mountain View ayant accepté de procéder à certains changements dans sa politique, comme sur son utilisation des brevets FRAND (notamment sur le H.264), ainsi que la favorisation des propres services de la société dans les résultats du célèbre moteur de recherche.
Protestations par anticipation
Une décision qui par anticipation fait réagir ceux qui attendaient beaucoup de cette enquête, à commencer par FairSearch.org, une organisation réunissant plusieurs sociétés parmi lesquelles Microsoft, Oracle, Nokia, TripAdvisor ou encore Expedia. Elle rappelle notamment qu’il n’y a aucune urgence pour la FTC à décider quoi que ce soit avant que Google ne fasse de proposition à la Commission Européenne, qui elle aussi enquête (depuis avril dernier). L’association jugerait alors la FTC inapte à remplir sa mission de protection des consommateurs américains.
Du côté de Microsoft, on se montre plus précis. David Heiner, vice-président et avocat général adjoint de la firme, indique ainsi que Google et la Commission européenne travaillent ensemble sur la résolution de plusieurs problèmes. Un abandon de la FTC n’aurait donc pas de sens. Outre les problèmes déjà soulevés sur le cas du H.264, un exemple en particulier tient à cœur à Microsoft : l’impossibilité pour la plateforme Windows Phone d’obtenir une véritable expérience de YouTube.
Windows Phone volontairement ciblé par Google ?
Selon Microsoft, Google empêche son concurrent d’utiliser les métadonnées complètes en provenance de YouTube. En conséquence de quoi, l’application Windows Phone n’est essentiellement qu’un conteneur pour la version mobile de YouTube. L’utilisateur est donc loin d’obtenir l’expérience riche qu’il est possible d’avoir sur Android ou iOS. Une permission refusée à Microsoft : en dépit d’une volonté apparemment affichée par le personnel de YouTube, consigne aurait été donnée le mois dernier de ne surtout pas fournir à Microsoft les éléments nécessaires.
En outre, bien que le sujet ne soit pas abordé par David Heiner, la récente décision d’abandonner le support d’EAS (Exchange Active Sync) pour Gmail est un autre coup porté à la plateforme Windows Phone. Pour Mountain View, EAS peut très bien être remplacé par le trio IMAP/CalDAV/CardDAV, qu’Android et iOS gèrent correctement. Cependant, si Windows Phone gère les comptes IMAP, ce n’est pas le cas des comptes CalDav et CardDAV qui permettent, respectivement, les synchronisations des calendriers et des contacts.
En clair selon Microsoft, Google ne serait tout simplement pas assez punie. La firme garde sans doute encore les cicatrices des nombreuses sanctions qui lui avaient imposées voilà des années, notamment une surveillance rapprochée sur le développement de certains produits clés tels que Windows et Office.