L'année 2013 rimera-t-elle avec un partenariat poussé voire avec une fusion entre SFR et un autre opérateur ? Vivendi, sa maison-mère, semble le souhaiter, mais l'Autorité de la concurrence l'entendrait d'une toute autre oreille à en croire BFM Business. Une fusion SFR-Free serait ainsi totalement exclue par l'Autorité selon notre confrère.
« Les jeux sont ouverts »
En octobre dernier, des rumeurs de fusion entre SFR et Numericable arrivaient à nos oreilles. Quelques jours plus tard, des discussions entre SFR et Free étaient cette fois amorcées. Face à l'accumulation de rumeurs, Stéphane Roussel, le patron de l'opérateur au carré rouge, n'a pas caché qu'il y avait trop d'opérateurs en France et qu'une fusion entre sa société et un concurrent était tout à fait possible. « Tout le monde peut s'allier avec tout le monde » a-t-il ainsi commenté fin octobre. « En ce moment, tout le monde discute avec tout le monde, les jeux sont ouverts. »
Si l'arrivée de Free Mobile a bouleversé en partie le marché des télécoms, cette volonté de céder SFR viendrait surtout d'en haut. Vivendi souhaiterait en effet se débarrasser de toutes ces filiales télécoms, à savoir Maroc Télécom, le Brésilien GVT et donc le Français SFR. Un moyen de générer des milliards d'euros rapidement, mais aussi de remonter l'action de Vivendi, sachant que le PDG de Vivendi, Jean-René Fourtou, en détient près de 800 000, et plus de 3 millions si l'on prend en compte le reste de sa famille et sa fondation.
Et si les cessions de Maroc Télécom et de GVT devraient pouvoir se réaliser sans trop de problèmes, celle de SFR est un tout autre dossier. D'un côté, un rapprochement avec Orange est strictement impossible, ce dernier captant près de 40 % du marché mobile, et près de 48 % du marché Internet. Fusionner avec Bouygues Télécom pourrait être problématique pour le secteur mobile, créant une sorte de duopole avec Orange. Et la logique est similaire quant à une fusion avec Free pour le secteur internet, sachant qu'Orange et Free/SFR représentent près de 95 % de ce marché.
L'Autorité de la concurrence opposée à une fusion Free-SFR
D'après BFM Business, l'Autorité de la concurrence, contactée par les opérateurs quant à une possible fusion entre SFR et Free, a d'ailleurs expliqué aux entreprises concernées que cela ne serait pas possible. Le poids des deux sociétés serait bien trop important et donc dangereux pour la bonne tenue de la concurrence en France. Bruno Lasserre, le président de l'Autorité, a d'ailleurs déclaré le 13 décembre dernier que « certaines configurations de rapprochement se heurteraient à un refus net de notre part. Elles seraient strictement impossibles. Nous veillerons à maintenir la concurrence. »
En somme, si Vivendi souhaite réellement se désengager du marché télécom et vendre sa si chère SFR, qui vaudrait environ 20 milliards d'euros, seules deux solutions sont possibles afin d'obtenir l'accord de l'Autorité de la concurrence : trouver un opérateur français de petite taille ou un acteur étranger souhaitant s'implanter en France. Ce dernier point n'est pas à exclure, sachant que certains acteurs asiatiques ou du moyen-orient s'intéressent depuis quelques années au marché télécom européen. Néanmoins, la piste la plus sérieuse pour le moment semble bien la première.
Numericable, le scénario le plus crédible ?
Et le plus fort des acteurs « faibles » est bien entendu Numericable. Le câblo-opérateur, malgré son avance dans le très haut débit, ne devrait pas poser de problème à l'Autorité de la concurrence. Selon un banquier interrogé par BFM Business, « c'est la piste la plus active actuellement. Les négociations portent sur les valorisations respectives, la gouvernance et les possibilités de sortie de Vivendi à terme. »
Cela signifie donc que la première étape serait donc un rapprochement, une fusion, avant de se terminer à moyen ou long terme en une vente via un désengagement étalé sur le temps par Vivendi. Un plan logique dès lors que Numericable ne peut en aucun cas acheter cash SFR, son poids étant bien supérieur à Numericable lui-même.
Mais même une union avec Numericable s'annonce difficile, ceci pour deux raisons. Tout d'abord, le duo risquera d'être particulièrement endetté, ce qui sera particulièrement problématique. Enfin, Vincent Bolloré, tout récent membre du Conseil de surveillance de Vivendi suite à sa participation supérieure à 5 % de l'entreprise, n'aurait pas vu d'un bon œil le plan mis en place par Vivendi vis-à-vis de Numericable. Il faut donc s'attendre à de longs mois de négociations.
En attendant une possible mais difficile fusion, SFR se tourne pour le moment vers la mutualisation des réseaux afin d'alléger ses coûts. Bouygues Télécom serait un allié tout indiqué pour cela, afin de contrer le duo Orange-Free.