Fedora 32 : une version dans la plus pure tradition

Et... avec le TRIM !
Logiciel 10 min
Fedora 32 : une version dans la plus pure tradition

Fedora 32 sera diffusée en version finale mardi, si rien ne vient repousser sa sortie une nouvelle fois. Plongée dans les nouveautés d’une distribution qui continue d’être une référence

Fedora est une distribution Linux dont la réputation tient essentiellement à deux éléments. D’une part, elle affectionne depuis toujours les dernières versions des composants et logiciels. Elle est donc appréciée de celles et ceux qui souhaitent toujours avoir les dernières nouveautés, dont les développeurs.

D’autre part, elle est sponsorisée par Red Hat, à qui elle sert en quelque sorte de laboratoire pour RHEL (Red Hat Enterprise Linux). Il arrive cependant que Fedora cultive certains extrêmes. Soutenue par Red Hat, mais toujours en retard. Première – et de loin – à utiliser Wayland par défaut, mais n’ayant jamais activé le TRIM pour les SSD, du moins jusqu’à maintenant.

Les dernières versions se sont attelées à la cohérence de l’ensemble, fiabilisant nombre de processus – en particulier de migration vers les nouvelles versions majeures – et à améliorer les performances. Fedora 32 s’inscrit dans cette continuité.

Et c’est reparti pour une ribambelle de nouvelles versions

Comme beaucoup de distributions Linux, Fedora utilise par défaut GNOME. Pas question de laisser Ubuntu 20.04 briller seule avec la révision 3.36 de l’environnement : Fedora 32 l’adopte aussi.

Voici un rappel des principales nouveautés : les extensions GNOME ont désormais leur propre application, un écran d’accueil simplifié, un bouton Ne pas déranger dans la fenêtre de notifications, un bouton de mise en veille directement accessible par le bouton d’alimentation, des boites de dialogue plus cohérentes, la possibilité de renommer les dossiers dans la grille d’applications, une réorganisation de certains paramètres, une détection des connexions limitées pour couper les mises à jour ou encore une possible activation du contrôle parental dès l’installation.

Fedora 32Fedora 32

Puisque GNOME 3.36 est présent, c’est une nouvelle série d’optimisations qui profitent à Fedora. Les mêmes que pour Ubuntu d’ailleurs, avec notamment une réduction de l’utilisation du processeur pendant les animations de fenêtre et de la grille d’applications, des déplacements de fenêtres, du pointeur de la souris, etc.

Mais à optimisations égales, Fedora garde pour elle une réactivité ressentie supérieure. Dans notre cas, c’était aussi vrai en installation native sur une configuration moyenne (Core i5 3,2 GHz, 16 Go de RAM, SSD, GeForce GTX 1660 Ti) que dans une machine virtuelle (VM) aux ressources limitées (un seul cœur et 2 Go de RAM). La fluidité des animations était sans faille, y compris dans la VM, au point de ne voir aucune différence avec l’installation native dans la plupart des cas.

Le noyau embarqué est en version 5.6, actuellement la dernière disponible. Parmi les principales améliorations, on note le support de la série RTX 20x de NVIDIA, l’intégration du VPN WireGuard, un support initial de l’USB4, des optimisations pour divers systèmes de fichiers, un début de prise en charge de l’architecture Zen 3 d’AMD, un meilleur contrôle de l’énergie et de la température pour Zen et Zen 2 ou encore une longue série de nouveaux matériels pris en charge.

Côté applications, on retrouve l’habituel : LibreOffice 6.4, Firefox 74, Thunderbird 68.0., etc.

Fedora 32

Un mot sur les performances

Les distributions Linux arrivent à un carrefour intéressant, avec une hausse systématique des performances à chaque nouvelle version. Plus généralement, c’est un constat que l’on peut faire sur la quasi-totalité des systèmes d’exploitation. C’est maintenant une attente du public : il faut qu’une nouvelle version soit plus rapide que l’ancienne.

C’est le cas avec Fedora 32 par rapport à la 31. Il y a bien sûr les performances ressenties : celles que l’on peut observer dans le déplacement d’une fenêtre, la réactivité générale du système, etc. Mais il y a les performances pures, obtenues dans les applications et scénarios d’utilisation. Autant ne pas se faire damer le pion par des distributions plus spécialisées comme Clear Linux, proposée par Intel, optimisée pour les développeurs et ses CPU.

Phoronix, connu pour ses longues séries de benchmarks, s’est attelé à deux comparatifs. D’abord de Fedora 31 à 32, mettant en avant une amélioration générale, parfois de manière mineure. D’autres plus significatives, notamment grâce à GCC 10 et Python 3.8. Toujours bon à prendre, d’autant que la 31 était déjà plus rapide que la précédente.

Mais on peut voir surtout depuis hier un comparatif entre Ubuntu 20.04 et Fedora 32. Cette dernière, bien qu’actuellement en bêta, n’est qu’à quatre jours de sa sortie et ne changera donc plus, à moins de problèmes bloquants découverts. On y constate globalement que chaque distribution est plus à l’aise dans des domaines spécifiques.

Mais – surprise – il apparait que Focal Fossa s’en sort mieux dans 60 % des tests, pour une différence générale de +2 % par rapport à Fedora 32. La plupart des écarts, dans un sens ou dans l’autre, sont inférieurs à 10 %, voire à 5 %. D’autres sont beaucoup plus importants, comme json_load où Ubuntu prend le large avec 26,4 % de mieux, ou python_startup, où Fedora fait mieux de 15,3 %.

Dans le cadre de certains traitements spécifiques, un développeur pourrait donc choisir une distribution ou l’autre pour maximiser les performances. Mais dans la grande majorité des cas, cette différence de performances ne sera pas sensible : entre les optimisations du système, du noyau et GNOME 3.36, la réactivité ressentie est dans les deux cas excellente.

Pas certain donc que ces écarts feront changer d’avis celles et ceux plus à l’aise avec une distribution que l’autre.

Fedora 32Fedora 32

Support du TRIM et mesures contre les ressources épuisées

Plusieurs améliorations importantes sont disponibles dans Fedora 32. La plus importante – du moins celle qui devrait toucher le plus d’utilisateurs – est l’activation par défaut de la commande TRIM.

Cette dernière sert pour rappel à améliorer la gestion des SSD, notamment à maintenir leurs performances sur le long terme. La prise en charge bien tardive du TRIM est surprenante pour une distribution aussi « avancée » que Fedora. Le système a été le premier à introduire Wayland par défaut dans les sessions GNOME, alors qu’Ubuntu par exemple ne le fait toujours pas, le serveur d’affichage n’y étant toujours qu’en option. Les utilisateurs se réjouiront toutefois de cet ajout.

Autre ajout important, EarlyOOM, « OOM » signifiant « Out of memory ». Ce composant particulier, activé par défaut, est conçu pour sortir une machine d’un blocage résultat d’une consommation quasi complète de ses ressources. Il se met en route quand moins de 10 % de la mémoire et du fichier swap (fichier d’échange sur le disque local) sont libres. Un signal SIGTERM est alors envoyé au processus ayant le plus gros « oom_score », lui demandant donc de se terminer.

Si la mémoire et le swap chutent sous les 5 %, c’est cette fois un signal SIGKILL qui est envoyé, pour que le processus soit tué, sans lui laisser le temps de se fermer proprement. EarlyOOM est surtout conçu pour les ordinateurs ayant peu de ressources. Le mécanisme doit surtout éviter qu’une machine consomme sa mémoire et son swap au point de se bloquer, forçant l’utilisateur à arrêter la machine ou à appuyer sur Reset.

On note plusieurs autres changements techniques, comme l’utilisation du format sysuser.d pour les utilisateurs système (les normaux passent toujours par useradd), le passage de Binutils à la version 2.33, le redémarrage automatique des services à la fin des transactions RPM ou encore, dans une moindre mesure, un meilleur comptage DNF pour savoir combien d’internautes téléchargent Fedora.

Un petit mot enfin sur le pare-feu firewalld, dont le backend bascule d’iptables à nftables. Cependant, si toutes les primitives suivent bien ce mouvement, ce n’est pas le cas des règles directes qui continuent de s’adresser à iptables.

Fedora 32Fedora 32

Nouveautés pour les développeurs

Fedora est une distribution particulièrement appréciée des développeurs pour deux raisons. D’abord parce que les outils et composants et intègres sont nombreux dans ce domaine. Ensuite parce que le gout du système pour les derniers composants permet justement d’avoir toujours les dernières technologies à portée de main, du moins ce que l’on pourrait appeler le « tronc principal ».

On trouve là aussi des changements significatifs, à commencer par le passage à la branche 10.X de GCC. La collection de compilateurs (C, C++, Java, Ada, Fortran…) est d’ailleurs utilisée pour l’ensemble des paquets de la distribution. LLVM aussi passe en version 10, des paquets de compatibilité pour la version 9 étant tout de même présents.

Comme dans Ubuntu, Python 3.8 est la nouvelle version par défaut du langage dans le système. Python 2.x est supprimé, et tous les paquets compilés depuis ce langage ont transité vers la dernière mouture. La grande valse continue avec Free Pascal Compiler 3.2.0, GlibC 2.31, Ruby 2.7, Golang 1.14, Haskell Stackage 14 (LTS), Mono Stack 6.6, PHP 7.4, Breezy en remplacement de Bazar VCS (dont il est un fork), Bundler 2.0, Django 3 ou encore Jekyll 4.

Côté bases de données, on note MariaDB 10.4 et PostgreSQL 11. La chaine d’outils mingw32 bascule quant à elle vers des exceptions dwarf-2.

Les améliorations déjà prévues pour Fedora 33

Pas le temps de se reposer, Fedora 33 est déjà en cours d’élaboration. Plusieurs nouveautés sont déjà envisagées, mais comme toujours à ce stade du développement, aucune n’est encore certaine d’être prête à temps pour la version finale. Il faudra encore plusieurs mois pour en avoir une vision plus claire.

L’un des plus gros chantiers à se dessiner est le remplacement, pour la base de données RPM (RPMDB), Berkeley DB par SQLite. Principal moteur de la décision, un changement de licence (AGPL) pour Berkeley DB, racheté à Oracle par Sleepycat Software. Les développeurs de Red Hat souhaitent changer pour une base de données protégée par une licence purement open source. Pour l’instant, Fedora est « coincée » avec l’ancienne version 5.0 de Berkeley DB. Le changement rendrait la base de données RPM plus robuste, tout en pouvant profiter de fonctions plus modernes.

Autre changement prévu, cette fois à destination des développeurs, la récupération de toutes les dernières versions des composants pour MinGW, dont MinGW-GCC 10.0, MinGW-W64-Tools 7.0, MinGW-Binutils 2.34, MinGW-GDB 9.1 et autres. GCC 10 est déjà présent dans Fedora 32, et rien n’empêche les développeurs de récupérer manuellement ces nouveaux paquets, mais leur intégration dans Fedora 33 rendra davantage apte le système à compiler plus efficacement des applications pour Windows.

Fedora 33 devrait également se renforcer sur la partie cryptographique. Les améliorations se feraient pour l’instant via la désactivation d’anciennes technologies : TLS 1.0 et 1.1 (puisque le mouvement est en cours dans les navigateurs), les trop petites tailles de clés pour les échanges Diffie-Hellman (1 024 bits) ainsi que les hashs SHA-1 dans les signatures.

La version 5 du gestionnaire de paquets DNF, successeur de Yum, pourrait elle aussi faire partie de Fedora 33, mais de manière expérimentale. Les développeurs de Red Hat ont démarré le chantier début mars. Une bonne partie des travaux se fait dans la transition de l’actuelle base de code en Python vers la bibliothèque libdnf, écrite en C++. DNF 5 devrait être fini pour début 2021 et intégré dans Fedora 34, mais la 33 pourrait avoir à disposition un dépôt Copr pour les testeurs.

Enfin, le média d’installation pourrait être plus léger. Une nouvelle méthode de compression était envisagée pour Fedora 32, notamment en enlevant la configuration Ext4 embarquée et en passant à XZ pour la compression. Les développeurs ont finalement dit non, estimant qu’il y avait mieux, notamment pour des questions de performances. Ils lorgnent du côté de Zstd, mais il faudra là aussi attendre pour une confirmation.

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