Le tribunal judiciaire de Nanterre refuse de faire fermer les entrepôts Amazon. Saisie par Sud Solidaire, la juridiction oblige toutefois le géant du e-commerce à limiter ses activités aux commandes de produits alimentaires, d'hygiène et médicaux.
C’est une petite déflagration dans l’univers du e-commerce. Le tribunal judiciaire de Nanterre vient d’ordonner, sous astreinte d’un million par jour et par infraction, à Amazon de limiter désormais l’activité de ses entrepôts « aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d'expédition des commandes de produits alimentaires, de produits d'hygiène et de produits médicaux ».
Dans un communiqué du 8 avril, le syndicat Sud Solidaires regrettait, « alors que le Premier ministre a ordonné le 14 mars dernier la fermeture des commerces non essentiels en raison de l’épidémie de coronavirus et les activités rassemblant plus de 100 personnes de manière simultanée », qu’Amazon poursuive son activité « comme si de rien n’était ».
Une « bombe sanitaire et sociale », selon le syndicat qui dénonçait « des dizaines de salarié-es atteints des symptômes du Covid-19, des cas avérés (…) détectés sur plusieurs des sites et un premier employé (…) toujours en réanimation ».
Il réclamait que « soit prononcée, sous astreinte de plus d’un million d’euros par jour, l’interdiction pour Amazon de continuer à employer du personnel sur ses six sites français » ou, « à tout le moins, de réduire, comme la société s’y est engagée, son activité aux 10 % de marchandises essentielles ».
24 heures pour réduire ses activités durant un mois
Selon le compte Twitter @SudCommerces, Amazon dispose de 24 heures pour réduire ses activités « dans l'attente d'une évaluation des risques épidémiques en y associant les représentants du personnel ». D’après le Parisien, la décision vaudra pour un mois et pourra être rallongée par un nouveau jugement.
Le 23 mars, Amazon avait déjà indiqué que « compte tenu de la situation actuelle », elle accorderait « la priorité aux produits dont les clients ont le plus besoin ». Les autres produits étant depuis soit temporairement indisponibles soit soumis à des délais de livraison plus longs.
La décision du tribunal judiciaire va donc plus loin puisqu’Amazon doit « restreindre l'activité de ses entrepôts aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d'expédition des commandes » relatives aux produits dits essentiels.
La concurrence d'Amazon sur le commerce traditionnel
Au Parlement, la situation d’Amazon questionne. La députée LREM Sonia Krimi a ainsi alerté le ministre de l'Économie « sur le déséquilibre de la concurrence entre Amazon et les commerces indépendants pendant la période de confinement suite au Covid-19 ».
« Faisant face à de nombreuses difficultés, les commerces de ville et les magasins non alimentaires font face à une concurrence forte des plateformes en ligne. Cependant, ces dernières bénéficient de leur réseau de distribution hors magasin pour continuer leurs affaires, tandis que les autres ne peuvent trouver de solution de remplacement ».
Dans sa question, tout juste posée, elle demande ainsi à Bercy de lui faire « connaître ses intentions sur les raisons qui ont laissé l'ouverture des plateformes de commerces en ligne malgré le fait qu'elles ne contribuent pas à fournir des biens de première nécessité ».