C’est fait : le site Ma connexion Internet de l’Arcep est enfin en ligne. Il propose la liste des FAI et technologies (xDSL, fibre, cable, 4G fixe, (T)HD radio…) disponibles pour chaque adresse de France. Le site, en version bêta pour le moment, propose des indications sur les débits ainsi que des statistiques. Nous l’avons pris en main avant son lancement.
L'Arcep n'est pas qu'une autorité de régulation. Elle propose également des outils devant servir à chacun pour connaître l'état des réseaux en France, la couverture du pays, la qualité de service ou même pour alerter d'éventuels problèmes.
C'est ainsi que sont nés J'alerte l'Arcep, Cartefibre ou encore Mon réseau mobile. L'Autorité publie également de nombreux jeux de données, misant beaucoup sur la régulation par la donnée et l'information des consommateurs. Restait un sujet de préoccupation fort de ces derniers qui n'était pas encore totalement géré : la diversité des réseaux fixe.
Petit détail appréciable, une URL simple à retenir existe, sous la forme d'une redirection. Cela permet au passage de s'assurer que l'on est bien sur un site officiel de l'Arcep (et en open data) :
http://maconnexioninternet.fr
https://maconnexioninternet.arcep.fr
Ainsi, en mars 2019, l'Arcep annonçait Ma connexion internet, un service devant permettre à chacun de connaître les informations détaillées sur « toutes les technologies d’accès fixe filaires (cuivre, câble et fibre) et hertziennes (4G fixe, THD radio, satellite, HD radio) » disponibles à son adresse, ainsi que des classes de débits.
Il devait initialement arriver dans le courant de l’année dernière. Lorsque nous avions rencontré des membres de l’Arcep lors d’un colloque de l’Avicca en novembre, ils nous avaient confirmé à demi-mot qu’il y aurait du retard. Le site devait alors être mis en ligne « dans les prochains mois ». Un fin connaisseur du secteur nous expliquait alors que l’intégration des cartes et des données des FAI était certainement plus compliquée que prévu.
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C'est finalement ce 10 avril que Ma connexion Internet est ouvert à tous. Il s'agit d'une version bêta pour l’instant, avec l’objectif « de sortir une version complète à l’automne ». Le régulateur se laisse ainsi plusieurs mois pour le peaufiner, y ajouter des données manquantes et obtenir des retours des professionnels du secteur.
Avec ce service, tout le monde peut désormais avoir une vision globale des FAI disponibles à son adresse – ou à celle de son choix – pour ainsi choisir son abonnement en conséquence. Une agrégation « neutre » des informations qui manquait cruellement. Nous avons eu l'occasion de prendre le site en main peu avant son lancement officiel.
Deux cartes pour la France : débits et statistiques
Le gendarme des télécoms affiche en rouge un avertissement (impossible à manquer) rappelant qu’il s’agit d’une version bêta : « les données sont présentées en l’état et ne sont pas toutes fiables, certaines devant encore être améliorées. L’Arcep met à disposition cette version bêta pour partager l’avancée de ses travaux et lancer une phase de co-construction avec les acteurs pour préparer la finalisation de la première version complète de l’outil Ma connexion Internet ».
Une page dédiée avec de la documentation technique se trouve ici, les principales limitations étant placardées sur le site :
- « Un référentiel d’immeuble reconstitué par l’Arcep qui souffre de l’absence d’une base adresse nationale complète, en particulier dans les zones rurales […]
- Des données au 30 septembre 2019 ; ce décalage de 6 mois a vocation à être réduit à 2 mois dans la version complète […]
- Liste des opérateurs affichés encore partielle, et qui est amenée à s’étendre […]
- Des statistiques en version bêta, pénalisées notamment par des doublons d’immeubles […] ».
Par défaut, le site est centré sur la carte de la France métropolitaine, mais bonne nouvelle : les territoires d’outre-mer (Réunion, Martinique, Guadeloupe, Guyane, etc.) ne sont pas oubliés dès le lancement. Il arrive en effet parfois qu’ils ne soient ajoutés que dans un second temps. Ce n'est pas le cas ici.
L’interface principale se décompose en deux sections : Débits et Statistiques. On passe de l'une à l'autre en cliquant sur le nom souhaité dans la barre supérieure, sur la droite. La première permet de connaître le débit maximum théorique (hors satellite) disponible à l’adresse de votre choix. La seconde affiche la couverture en très haut débit des territoires à différents niveaux administratifs (commune, département, région), toutes technologies confondues (satellite inclus).
La liste des FAI et des technologies disponibles à chaque adresse
Sur la carte des débits, il est possible de zoomer jusqu'à voir des points correspondants à un lieu d’habitation (maison ou immeuble) ou un local professionnel (vous pouvez également saisir une adresse dans le champ de recherche). Cliquez simplement sur un des points noirs pour afficher la liste des technologies et des fournisseurs d‘accès disponibles.
Pour une adresse située dans le centre de La Rochelle, on constate que Free, SFR et Orange proposent de la fibre à 1 Gb/s, que les quatre opérateurs nationaux sont présents en xDSL, mais aussi que la 4G Fixe d’Orange et le satellite de Nordnet sont disponibles. Pour ces deux dernières technologies, l’Arcep ajoute des précisions importantes : « Les offres proposées via cette technologie peuvent être temporairement non commercialisées en raison d’une saturation », mais aussi « présenter une limitation de la consommation mensuelle de données ».
Cette carte permet donc de vous faire une première idée, notamment de savoir si la fibre est disponible chez les principaux FAI, avec le débit maximum théorique.
Attention, les FAI ajoutent parfois des limites sur leurs offres d’entrée de gamme. C’est le cas de Bouygues Telecom, d’Orange et de SFR. Ce n'est pas le cas de Free, chez qui les offres FTTH sont au moins à 1 Gb/s pour rappel. En xDSL, une plage de débits estimée (assez large selon nos relevés) est également affichée.
Si la fourchette ne dépasse les 25 Mb/s il s’agit probablement d’ADSL2+, alors que si vous montez à 100 Mb/s vous avez du VDSL2+, mais ce n'est pas précisé. Le résultat dépendra de votre distance du DSLAM : ne vous attendez pas à avoir 100 Mb/s si vous n’êtes pas à proximité immédiate, le débit baisse rapidement avec l’éloignement.
Sur une de nos lignes de test, Ma connexion Internet affiche bien « 20 Mbit/s à 100 Mbit/s » chez Free et Orange (nous avions environ 50 Mb/s lorsque nous étions abonnés) et « 6 Mbit/s à 25 Mbit/s » chez Bouygues et SFR, qui ne proposent effectivement pas de VDSL2+ sur cette ligne.
Notez que l’Arcep affiche la disponibilité du xDSL chez un FAI même s’il propose également de la fibre optique, alors que dans la pratique l’arrivée du FTTH signe l’arrêt de la vente de nouveaux abonnements passant par les lignes de cuivre.
Ainsi, l'internaute a désormais toutes les cartes en mains pour vous tourner vers le ou les FAI correspondant(s) le mieux à vos besoins, puis à choisir parmi les différentes offres qu’il(s) vous propose(nt).
Vous pouvez d’ailleurs vous aider de notre comparateur Les offres Internet. Pensez à cocher la case fibre ou VDSL suivant le résultat donné par Ma connexion Internet afin d’affiner les propositions. Dans tous les cas, sachez que seul un test d’éligibilité sur le site du FAI vous permettra de connaître les offres et les conditions précises disponibles à votre adresse.
Les FAI alternatifs manquent à l’appel
Par contre, seuls les quatre opérateurs nationaux (avec Nordnet, filiale d’Orange) semblent présents sur les adresses que nous avons testées. Vous en avez un exemple sur les captures ci-dessous avec un bâtiment situé rue de la République à Saint-Pol-Sur-Mer (Dunkerque). K-Net et Video Futur proposent des offres, mais ne sont pas (encore ?) référencés.
Il est évidemment impossible de généraliser cette constatation sur l’ensemble de la France, d’autant que le régulateur avait prévenu que la liste des opérateurs est « encore partielle » et doit être complétée. On note également que cela ne concerne pas les opérateurs « Pro ». Espérons que l’Arcep ajoutera rapidement les FAI dans leur diversité, qu'il s'agisse d'acteurs locaux et/ou associatifs afin que les clients puissent avoir une vision globale des offres disponibles.
Des statistiques par commune, département, région, technologie, etc.
La carte des statistiques propose des données au niveau des communes au minimum. Elle donne des pourcentages sur le déploiement de la fibre, du câble, du xDSL, du THD Radio, de la 4G, du HD (Haut Débit) radio et du satellite pour chaque ville, département et Région.
Ma connexion Internet propose aussi des statistiques sur les débits avec différents paliers : inéligibles au haut débit (c’est-à-dire moins de 512 kb/s), 512 kb/s, 3 Mb/s, 8 Mb/s, 30 Mb/s, 100 Mb/s et enfin 1 Gb/s. De quoi avoir une vision globale d’une ville, d’un département ou d’une région. Certains ne manqueront pas d'en user pour les élections à venir.
Ce site est également l’occasion de faire un rapide point sur le déploiement de la fibre, région par région (mais avec des données datant du 30 septembre 2019 pour l’instant) :
- Auvergne-Rhône-Alpes : 36 % (5,313 millions de locaux)
- Bourgogne-Franche-Comté : 22 % (1,766 millions de locaux)
- Bretagne : 27 % (2,195 millions de locaux)
- Centre-Val de Loire : 34 % (1,522 millions de locaux)
- Corse : 23 % (0,250 million de locaux)
- Grand Est : 34 % (3,199 millions de locaux)
- Hauts-de-France : 47 % (3,319 millions de locaux)
- Île-de-France : 66 % (7,369 millions de locaux)
- Nouvelle-Aquitaine : 27 % (3,851 millions de locaux)
- Normandie : 30 % (1,969 millions de locaux)
- Occitanie : 28 % (3,986 millions de locaux)
- Pays de la Loire : 29 % (2,331 millions de locaux)
- Provence-Alpes-Côte d'Azur : 35 % (3,871 millions de locaux)
FTTH : nouveau référentiel avec 40,4 millions de locaux
Enfin, le régulateur met à jour le « référentiel du nombre de locaux par commune pour les déploiements FTTH ». Jusqu’à présent, il utilisait « des données produites par l’INSEE datant de 2015 », mais il passe désormais aux fichiers IPE (Informations Préalables Enrichies) des opérateurs « qui sont spécifiquement destinés à permettre la commercialisation des réseaux déployés. Ce référentiel permet une estimation plus pertinente du nombre de locaux à rendre raccordables ».
Désormais, il y aurait donc 40,4 millions de logements et locaux à relier sur le territoire national, avec la répartition suivante : 7,1 millions dans les zones très denses, 15,8 millions dans les zones moins denses d’initiative privée et 17,5 millions dans les zones moins denses d’initiative publique. Auparavant, ils étaient un peu plus de 37 millions.
En se basant sur ces nouveaux chiffres, l’Arcep publie une nouvelle version open data de l’observatoire de suivi des déploiements haut et très haut débit fixe du 4e trimestre 2019.