Peu après la publication de notre actualité, Google a annoncé « mettre tout le trafic en Europe de Youtube "en définition standard" et ceci par défaut ». Selon nos constations, ce n'est pas encore actif. Le déploiement devant se faire progressivement.
Cédric O et Thierry Breton sont confiants sur la capacité des opérateurs européens à tenir le choc, même en période de confinement. Mais ils appellent les acteurs exploitant la vidéo en ligne à la responsabilité, en réduisant leur définition de diffusion. Si Netflix a entendu le message, il adapte sa réponse à la réalité du marché.
Avec le confinement en place dans plusieurs pays d'Europe, dont la France, et l'augmentation du télétravail et du temps passé à la maison qui en découlent, services en lignes et réseaux de télécommunications sont plus sollicités que d'habitude. De quoi inquiéter certains acteurs, qui craignent une panne générale. Il existe néanmoins une réglementation précise sur le sujet, permettant aux fournisseurs d'accès de prendre des mesures en cas de problème.
Pour le moment, tout va bien
Pour le moment, tout le monde se veut rassurant. Tant la Fédération Française des Télécoms que le Secrétaire d’État chargé du Numérique Cédric O. Dans un communiqué, ce dernier indique ainsi qu' « aucun incident majeur n’a été constaté et la situation actuelle ne soulève pas d’inquiétude générale à court terme ».
Pourtant, on voit de plus en plus de plaintes d'internautes sur les réseaux sociaux, rencontrant des problèmes avec leur accès fixe. Certains opérateurs ont également eu des soucis avec leur réseau mobile, comme Bouygues Télécom en début de semaine. Il faut donc anticiper et réduire la charge tant que possible.
C'est pour cela que les conseils de privilégier le Wi-Fi à la 3G/4G sur mobile se multiplient, comme ceux pour télécharger les contenus la nuit, ou même à une réduction de la définition d'affichage des contenus vidéo.
Le goût de la très haute définition n'est plus au programme
Un comble, alors qu'il y a encore quelques semaines, tous les technophiles en herbe ne misaient que sur la 8K, présentée comme le futur du secteur. Désormais, même la 4K est présentée comme un luxe qu'il faut s'éviter en temps de crise, tant l'impact sur les débits est important. Pour rappel, voici les recommandations de Netflix en la matière :
- 0,5 Mb/s : vitesse de connexion requise
- 1,5 Mb/s : vitesse de connexion recommandée
- 3 Mb/s : recommandation pour une qualité SD
- 5 Mb/s : recommandation pour une qualité HD
- 25 Mb/s : recommandation pour une qualité Ultra HD
Ne pas utiliser la 4K c'est donc potentiellement réduire par 5 le débit nécessaire. Mais s'attendre à ce que les utilisateurs le fassent volontairement en masse est illusoire, le gouvernement le sait. Cela n'est pas toujours très pratique à mettre en œuvre, sans parler de ceux qui paient justement plus cher pour un accès à la HD ou la 4K sur certains services.
Il faut donc agir directement au niveau des plateformes et leur opposer publiquement un devoir de responsabilité, pensent nos dirigeants. C'est ce qu'à fait Thierry Breton, qui rencontrait le PDG de Netflix ce mercredi.
Netflix réduit ses flux, mais pas sa définition
Il évoquait alors lui aussi sa volonté de voir les définitions réduites. Dans la foulée, le service de SVOD indiquait accepter de revoir à la baisse, non pas la taille de l'image, mais le niveau de ses flux en Europe pour 30 jours.
De quoi réduire son trafic sur les réseaux des opérateurs de 25 % environ, tout en assurant « une bonne qualité de service » à ses abonnés. Cette différence d'approche paraît sémantique, mais elle est d'importance : Netflix indique en passer par une baisse du bitrate, et donc de la qualité de l'image via son niveau de compression.
Ainsi, le débit est réduit, mais sans toucher à la définition, et donc en respectant les termes contractuels de ses abonnements. En effet, selon le montant payé par ses clients, l'entreprise s'engage à leur donner accès à son service sur un certain nombre d'appareils (écrans) dans une définition plus ou moins importante.
Baisser cette dernière serait facilement visible, tout comme ce sera le cas pour le bitrate (via les éléments d'informations techniques livrées par les applications, accessibles via les touches Ctrl+Alt+Maj+D sur PC) et pourrait mener à des demandes de remboursement. Modifier le bitrate n'aura pas un tel impact puisqu'il ne fait l'objet d'aucun engagement.
Netflix sera-t-il le seul à agir ?
De quoi réduire les coûts de l'entreprise en s'évitant une contestation de ses clients et en permettant à nos dirigeants de montrer qu'ils peuvent avoir un effet rapide en cas de crise. Tout le monde semble donc en sortir vainqueur.
Reste maintenant à savoir si d'autres suivront. Google (YouTube), Amazon (Prime) et Apple (tv+) feront-ils de même ? Qu'en sera-t-il d'acteurs plus locaux comme les chaînes de TV via leurs services de replay, des services comme myCanal ou Molotov, ou de services exploitant aussi la diffusion vidéo comme Shadow et son PC dans le Cloud, les solutions de Cloud Gaming, de visio-conférence, etc. ? Pour le moment, aucun n'a fait d'annonce en ce sens.
Trouver un accord avec Netflix, qui est sans doute l'acteur consommant actuellement le plus de bande passante dans le monde est une chose. Mais si appel à la responsabilité il y a, et si le politique veut montrer que sa parole est écoutée, la réponse doit être plus globale. Qui sera le prochain ?