Demain, les marketplaces sont invitées à Bercy pour lutter contre les arnaques en ligne et les pratiques commerciales trompeuses sur fond de coronavirus. En parallèle, Cédric O lance un appel aux entreprises de la tech pour qu’elles mettent leurs services à disposition. Interview du secrétaire d’État au Numérique.
Vous avez convié les marketplaces à Bercy demain. Qu’attendez-vous d’elles ?
La réunion fait suite à la mobilisation lancée voilà plusieurs jours : ce que nous constatons est que ces périodes de crise sont propices aux arnaques, certains jouant sur les peurs et les inquiétudes des gens. On voit se développer un certain nombre de publicités pour des médicaments miracles, ce qui pose des problèmes.
Au mieux, ils ne sont pas efficaces ou jamais livrés, au pire, il peut s’agir de médicaments contrefaits qui peuvent poser des problèmes de santé publique. On voit également un certain nombre de personnes qui cherchent à vendre des masques, périmés ou à des tarifs exorbitants. Le but de la réunion est de travailler avec les places de marché, mais aussi les pharmacies en ligne, particulièrement sur ces questions.
Beaucoup de mesures ont été prises par les plateformes elles-mêmes, je pense en particulier à LeBonCoin avec l’interdiction des annonces pour les masques. On veut faire le point sur ce qu’elles voient, ce que nous nous constatons et les éventuelles coopérations à prendre ensemble.
Qui est invité exactement ?
La FEVAD, LeBonCoin, Amazon, Cdiscount ou encore eBay. Nous avons convié également les moteurs de recherche puisque se pose la question du référencement de ces offres.
Avec la crise actuelle, comment allez-vous accompagner ou promouvoir le télétravail ?
Un certain nombre d’entreprises du numérique, notamment françaises, se mobilisent pour offrir des solutions souvent de manière gratuite dans cette période un peu difficile. Je pense à Doctolib ou à Qare dans la téléconsultation ou à Klaxoon, en matière de travail collaboratif à distance.
Pour notre part, nous souhaitons lancer un appel aux entreprises de la tech pour qu’elles fassent cet effort-là : mettre leur service à disposition. C’est une période où effectivement, on peut escompter un développement extrêmement rapide des outils numériques de travail ou de relation à distance. Ces outils étaient déjà disponibles depuis quelque temps, mais par la force de choses leur adoption va s’en trouver accélérée. C’est aux entreprises de se mobiliser, se mettre en ordre de marche.
Ce que nous allons faire, c’est essayer de référencer, cataloguer ces offres particulières. On ne va promouvoir que celles qui font un geste de mise à disposition gratuite.
Ce matin, vous avez aussi réuni les organisations professionnelles de la FrenchTech pour faire un point...
J’ai réuni France Digital, Syntech, Tech’In et CroissancePlus. L’objet était d’un, de faire le point sur les mesures annoncées par le gouvernement à destination des entreprises pour faciliter leur trésorerie ou leur gestion de la crise.
Je pense à l’étalement des charges sociales et des charges fiscales, au chômage partiel. Je leur ai fait part aussi d’adaptations spécifiques aux startups, par exemple pour bénéficier du chômage partiel, il faut un accord du comité d’entreprise. Or, souvent dans ces structures, qui par essence ont crû assez vite, nombre d’entre elles n’ont pas encore de comité. On assouplit, on traitera ces règles au cas par cas pour qu’évidemment ce ne soit pas rédhibitoire.
Ensuite, l’objet a été d’aider à la communication. C’est souvent une population assez éloignée de la communication publique. Nous allons nous-mêmes mettre en places des sessions live de questions et réponses avec les administrations de manière hebdomadaire, des permanences spécifiques à travers chaque centrale à Station F.
Enfin, ce fut l’appel à leurs contributions.
Quelles sont les inquiétudes du secteur ?
Les startups sont souvent sur financement privé, elles ne sont pas touchées par les fluctuations boursières. Il n’y a pas d’inquiétude généralisée, mais sectorielle, en particulier dans le tourisme et la restauration où, là, les startups peuvent être très fortement impactées, à l’image du secteur avec des baisses du chiffre d’affaires de l’ordre de 40 à 50 %.
Il y a aussi un début de vigilance sur le B2B où les entreprises clientes peuvent avoir la tentation de décaler éventuellement les paiements. Le médiateur des crédits et celui des entreprises se mobilisent. Pour le moment nous n'en sommes qu’au début, et l’idée a été de faire en sorte qu’elles puissent nous remonter les alertes qu’elles verraient émerger.
Suite à cette crise, avez-vous déjà des pistes de réforme sur le prochain projet de loi de finances rectificative ?
On n’en est pas là, à ce stade, on ne parle pas de législatif. Nous regardons si les mesures de facilitation, de report de charges, d’annulation d’impôt pour les cas les plus critiques se mettent bien en place. On adaptera en fonction de la criticité du sujet.