Android 11 disponible en « Developer Preview », notre analyse des nombreuses nouveautés

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Android 11 disponible en « Developer Preview », notre analyse des nombreuses nouveautés

La première Developer Preview d’Android 11 est disponible depuis hier soir et, selon Google, des changements importants ont été apportés, notamment sur le respect de la vie privée et la sécurité. Mais l'OS mobile se prépare également pour la 5G. De premières builds sont disponibles pour certains smartphones Pixel.

Un peu moins d’un an après la bêta d’Android Q – depuis renommé en Android 10 – Google vient d’annoncer la nouvelle version de son système d’exploitation pour les terminaux mobiles, simplement baptisée Android 11. L’éditeur semble donc bien en avoir fini avec les noms de gâteau (le dernier était Pie pour Android 9.x), mais on trouve encore des mentions d'Android R (Reese's ?) dans la communication de Google, notamment lorsqu’il est question des API.

Trois Developer Preview, trois bêta, la version finale en Q3

Cette année, la société prend largement les devants puisque sa conférence annuelle I/O – qui est toujours le théâtre de nombreuses annonces autour d’Android – ne se tiendra que dans trois mois, du 12 au 14 mai.

D’ici là, deux autres Developer Preview sont attendues, en mars et avril. En mai il sera temps de passer à la première bêta, puis à une seconde en juin selon le calendrier prévisionnel. La seconde bêta signera le gel des API et du SDK, et donc du comportement final du système. C’est une étape importante pour les développeurs, baptisée « Platform Stability ».

Enfin, une troisième bêta faisant office de Release Candidate et la version définitive d’Android 11 seront mises en ligne au troisième trimestre de l’année, sans plus de précisions. Un délai qui doit permettre à Google de peaufiner son système mais surtout aux développeurs de se préparer, car de nombreux changements les concernent directement.

Android 11

Des images disponibles pour certains Pixel

Pour le moment, nous en sommes donc au simple stade de la « Developer Preview » qui est donc loin d’être finalisée et à utiliser en connaissance de cause. Elle est diffusée publiquement et permet donc à chacun de se faire une première idée de l’orientation que souhaite donner l’éditeur à cette nouvelle mouture de son système.

Tout le monde peut télécharger l’image, qui nécessite pour le moment une installation manuelle ; une manière pour Google de s’assurer que seules des personnes sachant un minimum ce qu’elles font tenteront l’expérience. Seul regret : la liste des smartphones compatibles est pour le moment assez mince.

Seuls les Pixel 2, 3, 3a ou 4 – et leurs déclinaisons XL – de Google sont pour le moment supportés. Dans tous les cas, il est toujours possible de passer par Android Studio pour essayer Android 11 (les explications sont données par ici).

De vastes travaux sur le respect de la vie privée

Google l'a bien compris : l'un des principaux reproches fait à son entreprise, ses services et ses produits est de collecter mais aussi d'exploiter massivement des données sur ses utilisateurs, sans que ces derniers en aient toujours conscience.

La société multiplie donc les promesses et annonces ces derniers mois sur le sujet, jouant parfois avec la ligne jaune pour donner l'impression d'avancer sans toujours lâcher trop de lest. Sa position (protectrice) des outils de pistages utilisés notamment par l'industrie publicitaire et son bloqueur intégré à Chrome en sont un bon exemple.

Mais il y a de bonnes initiatives, quoi qu'un peu tardives, comme la plus grande possibilité donnée de supprimer des données stockées au sein du compte Google, un travail plus large étant menée sur la confidentialité différentielle. L'évolution d'Android est donc assez logiquement concernée par ce travail de longue haleine.

Ainsi, après avoir ajouté la possibilité de ne laisser les applications accéder à des informations – la géolocalisation par exemple – que lorsqu‘elles sont au premier plan, Google permet désormais d’accorder des autorisations valables une seule fois (la question sera de nouveau posée au prochain lancement de l’application).

L’accès à la géolocalisation, au microphone et à la caméra sont principalement concernés. Sachez que lorsqu’un utilisateur refuse deux fois de suite une autorisation à une application, cela revient à valider automatiquement l’option « ne plus demander », évitant toute tentative de consentement par « harcèlement » (en reposant systématiquement la question).

Android 11Android 11 

Concernant l’accès à la géolocalisation, Google va revoir sa politique de publication des applications sur le Google Play (Store). Les développeurs devront expliquer pourquoi ils ont besoin de récupérer cette information quand l’application est en arrière-plan, puis ce sera aux équipes de Mountain View d’accepter ou non en fonction des arguments avancés : « Toutes les applications seront évaluées en fonction des mêmes critères, y compris celles de Google », précise la société.

Les nouvelles règles seront publiées en avril et les développeurs pourront obtenir des réponses sur des cas d’usage précis en mai. À partir du 3 août, toutes les nouvelles applications devront obtenir une autorisation pour utiliser la géolocalisation en arrière-plan, tandis que les anciennes feront de même à partir du 2 novembre.

De manière plus générale, Google met en place un   audit d’accès aux données pour les développeurs : ils pourront ainsi identifier les informations auxquelles leurs applications a accès et éventuellement corriger le tir si nécessaire.

Reste à voir s’ils joueront le jeu ou si certains arriveront à passer à nouveau entre les mailles du filet.

« Scoped storage » renforcé, mais toujours pas obligatoire

Introduit avec Android 10, le « Scoped storage » est renforcé. Il permet pour rappel aux applications d’accéder sans autorisation à leurs propres données sur un stockage externe, en limitant l’accès à celles qui ne leur appartiennent pas.

Google annonce qu’il est possible d’effectuer des opérations par lots sur les fichiers et autorise les applications à utiliser un chemin d’accès direct. « Cette nouvelle fonctionnalité permet à votre application de fonctionner plus facilement avec les bibliothèques multimédias tierces », explique l’éditeur, mais les performances peuvent s’en ressentir (à la baisse).

Si besoin (pour des sauvegardes par exemple), il est toujours possible d’accorder un accès quasi-total. Alors que l’utilisation de Scoped storage devait être obligatoire à partir d’Android 11, Google laisse finalement plus de temps aux développeurs qui peuvent continuer à utiliser l’ancienne méthode.

Permis de conduire, partage de blobs de données

Android 11 permet aussi d’enregistrer de manière sécurisée des documents officiels, comme un permis de conduire conforme à la norme ISO 18013-5. Ce n’est pas une surprise puisqu’elle avait fuité il y a déjà presque un an. La société promet de revenir sur cette fonctionnalité avec de plus amples détails dans un second temps. 

L’éditeur explique que « les applications peuvent désormais partager des blobs de données facilement et en toute sécurité avec d’autres applications via BlobstoreManager ». Cela peut par exemple être pratique pour donner accès à des modèles de machine learning entre plusieurs applications d’un même utilisateur.

Il faudra par contre veiller à ce que cela ne serve pas à échanger des données de l'utilisateur d'une application à une autre sans qu'il en ait conscience, en remplacement d'autres mécaniques plus anciennes et plus surveillées.

Android 11

Sécurité améliorée, notamment via Mainline

Afin de renforcer la sécurité générale d'Android, des modifications ont été apportées au niveau du code de plusieurs composants critiques comme BoundSan, IntSan, CFI et Shadow-Call Stack. Cela peut engendrer des plantages des applications, il est donc conseillé de procéder à des tests.

Initié avec Android 10, le projet Mainline continue son chemin. Il s’agit pour rappel de déplacer certains composants sur les Play Services qui faisaient auparavant partie du système d’exploitation afin de permettre à Google de les mettre à jour sans dépendre du bon vouloir des fabricants de smartphones.

« Dans Android 11, nous avons ajouté 12 nouveaux modules pouvant être mis à jour, pour un total de 22 modules ». Probablement pour rassurer face à tous ces changements, Google affirme avoir « priorisé la compatibilité des applications » afin de les laisser autant que possible continuer à fonctionner sur le nouveau système d’exploitation. 

De nouveaux outils pour tester et débugger les applications sont disponibles avec Android 11. Bien évidemment, les retours sont vivement encouragés. 

Android 11

5G, cloud gaming et machine learning

Continuons avec d’autres changements mis en avant par Google : Android 11 est « prêt » pour la prochaine génération de réseaux mobiles (qui arrivera à partir de mi-2020 en France) : « nous améliorons et mettons à jour les API de connectivité existantes afin que vous puissiez profiter des vitesses améliorées 5G ».

C’est notamment le cas des API Dynamic meteredness et Bandwidth estimator. Il est aussi question d’un mode basse latence dans MediaCodec. Selon Google, « la vidéo avec une faible latence est essentielle pour les applications et services de streaming vidéo en temps réel comme Stadia. Les codecs vidéo qui prennent en charge [cette fonctionnalité] renvoient la première image du flux le plus rapidement possible après le début du décodage ». À voir dans la pratique pour les gains réels…

Passons ensuite à la fameuse IA avec le Neural Network API (NNAPI) 1.3 qui permet de réaliser des calculs pour du machine learning, dans les limites de la puissance du SoC bien évidemment. De nouvelles options ont été ajoutées, laissant aux développeurs le soin d’optimiser leurs applications.

De la documentation technique et des exemples sont disponibles par ici.

Android 11
On nous promet encore monts et merveilles avec la 5G, alors que c’est déjà possible en 4G

Tour d’horizon des autres améliorations

Pour le reste, le framework BiometricPrompt gagne en granularité et propose désormais trois niveaux de sécurité : strong, weak, et device credential. Les deux premiers correspondent respectivement à des niveaux de vérification fort ou faible pour de la reconnaissance biométrique (empreintes, iris, visage), tandis que le troisième n’est pas biométrique et correspond à un code PIN, un schéma de déverrouillage ou un mot de passe. 

Du changement est également apporté pour les applications de type « call-screening » qui permettent de limiter les appels indésirables. Il est ainsi question de la prise en charge des normes STIR/SHAKEN vérifiant l’identité de l’appelant

Toujours sur les communications, Google renforce les bulles de conversations (déjà utilisées par Messenger par exemple) : le service Bubbles est accessible à tout le monde. Il avait été lancé avec Android 10, mais nécessitait d’activer une option pour en profiter, ce qui n’est désormais plus le cas.

Précision importante pour la suite : même si ce n’est actuellement pas le cas avec la première Developer Preview, les applications devront par la suite demander l'autorisation avant d'envoyer des bulles.

Il est également question d’une fonctionnalité baptisée « dedicated conversations section in the notification shade ». Elle semble donner accès à l’historique d’une conversation lorsque vous souhaitez y répondre directement depuis une notification (actuellement on ne voit que le dernier message). De plus, il est maintenant possible de coller une image dans la zone de réponse d’une notification (si l’application cible supporte cette fonctionnalité évidemment).

Sur le Wi-Fi, Android 11 permet aux applications de mieux gérer leurs réseaux et impose de mettre une date de fin de validité pour les connexions aux réseaux Passpoint. Cette technologie de la Wi-Fi Alliance permet pour rappel de s’identifier sur des réseaux publics sans login et mot de passe.

L’API ImageDecoder prend désormais en charge les fichiers au format High Efficiency Image File (HEIF) afin « que vous puissiez utiliser des ressources de haute qualité tout en minimisant l'impact sur la consommation de données réseau et sur la taille des APK ». Elle permet aussi « aux applications de décoder et encoder des images (telles que JPEG, PNG, WebP) ». Des exemples d’utilisations sont donnés par ici.

Afin de réaliser des vidéos sans être dérangés, il est désormais possible de couper les vibrations lors d’un enregistrement. L’éditeur annonce aussi la prise en charge d’une plus large panoplie d’écran, notamment ceux avec un trou pour la caméra (pinhole) ou avec une dalle incurvée sur les côtés (waterfall). Il est aussi question d’amélioration pour les écrans pliables (déjà présent dans Android 10), mais sans plus de précisions.

Enfin, des changements sont également apportés pour les entreprises. Dans tous les cas, il ne s’agit là que d’une partie des changements, d’autres sont certainement à venir et/ou n’ont pas encore été annoncés par Google. 

Nous aurons donc l'occasion d'y revenir dans de prochains articles.

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