Comme l‘avait demandé le gouvernement, l’ANFR a mis à jour son application Open Barres pour y afficher le DAS des smartphones. L’Agence propose les résultats des mesures effectuées à sa demande par des laboratoires indépendants et ceux des fabricants, notamment via la base de données du Bundesamt für Strahlenschutz.
Cette application est disponible depuis fin août 2018. Elle « permet d'effectuer un diagnostic en temps réel de l'état d’un réseau mobile ouvert au public » en évaluant « de manière objective la force du signal de votre opérateur lors d'un déplacement ». Elle a été mise à jour juste avant Noël afin d’intégrer « la fonction DAS dans l'application ».
Il y a tout juste deux mois, le gouvernement annonçait l’arrivée de cette fonctionnalité dans Open Barres, avant la fin de l’année. Il s’agissait de l’une des actions dévoilées par les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé, et de l’Économie et des Finances suite à la publication d’un épais rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).
Notre dossier sur l'exposition aux ondes, le DAS et les rapports et de l'ANFR :
- Ondes émises par les smartphones : #PhoneGate, risques sanitaires et mesure du DAS
- Le long chemin de la mise en ligne (partielle) des mesures du DAS de l'ANFR
- DAS : plongée dans les rapports détaillés de l'ANFR, sur les ondes émises par 442 téléphones
- Exposition aux ondes (DAS) : l'ANSES alerte et veut changer les règles
- Exposition aux ondes (DAS) : la France va demander à la Commission européenne de revoir sa copie
Une approche « collaborative », à plusieurs niveaux...
Désormais, la page d’accueil de l’application dispose d’un bouton bleu « DAS » à côté du niveau de puissance de réception de l’antenne de votre opérateur de téléphonie mobile. Un clic dessus ouvre une fenêtre avec les DAS tête et tronc de votre smartphone tels qu’annoncés par son fabricant et le maximum relevé par l’ANFR… si les informations sont disponibles.
Comme déjà expliqué à maintes reprises, l’Agence nationale des fréquences ne vérifie en moyenne qu’une centaine de smartphones par an. Pour cela, elle mandate et paye un laboratoire indépendant et certifié. Si les résultats sont conformes à la réglementation (moins de 2 W/kg) ils sont publiés en open data. Dans le cas contraire, elle met en demeure le fabricant de corriger le tir avec une mise à jour OTA ou un retrait et rappel de son smartphone.
L’ANFR précise que son « approche est collaborative : en chargeant l’application et en l’activant, vous signalez à l’ANFR que votre téléphone est utilisé sur les réseaux français, ce qui permet à l’Agence de demander à son fabricant les valeurs de DAS relatives à ce modèle. Si les données ne sont pas affichées immédiatement, elles le seront lorsque ces informations auront été reçues du fabricant ». Le délai (même indicatif) n’est par contre pas précisé.


...l’ANFR s’appuie sur le Bundesamt für Strahlenschutz
Lorsque le DAS constructeur est affiché, il est accompagné d’une source. Lors de nos différents essais, elle était toujours « Bfs », sans plus de précisions. Il s’agit en fait du Bundesamt für Strahlenschutz, le bureau fédéral allemand de protection contre les radiations.
Ce dernier collecte depuis 2002 les valeurs des DAS indiquées par les fabricants des smartphones disponibles dans le commerce. Il ne s’agit cependant pas de vérifier la conformité, mais bien de centraliser les DAS dans une base de données.
Pour rappel, les constructeurs doivent établir un dossier complet de certification avant de commercialiser un smartphone. Mais contrairement aux États-Unis, « ces documents ne sont pas publics » en Europe car protégés par le secret des affaires, nous expliquait l’ANFR. Faute de mieux, il faut donc faire avec les informations actuellement disponibles.
Si aucune information sur le DAS n’est disponible, l’application affiche le message suivant : « en attente des données du fabricant ». Concernant les mesures commandées et payées de l’ANFR, le DAS (tronc et/ou tête) maximum est indiqué dans l’application. Dommage par contre qu’un lien ne permette pas d’accéder directement au rapport complet, alors qu’il est présent sur le site en open data.
Enfin, l’agence rappelle une information utile : le débit d'absorption spécifique de votre smartphone dépend de la qualité du signal et du réseau mobile. Grâce aux différentes facettes de son application, « vous pourrez également, sur les trajets que vous choisirez, collecter et afficher la puissance du signal reçue à partir du réseau de votre opérateur mobile. Plus celle-ci est élevée, moins votre appareil aura besoin de fonctionner à son DAS maximum ».
Dans tous les cas, Open Barres ne mesure pas elle-même le DAS du smartphone – aucune application ne pourrait le faire – car cette opération nécessite un (coûteux) dispositif externe pour détecter le niveau des ondes émises par un smartphone.
Dans son communiqué, le gouvernement rappelait « six bons comportements » pour utiliser son smartphone afin de réduire son exposition aux ondes :
- Utiliser un kit mains-libre
- Privilégier les messages texte pour communiquer
- Privilégier les zones de bonne réception
- Éviter de maintenir votre téléphone à l’oreille dans les transports
- Choisir un téléphone mobile ayant un débit d’absorption faible
- Éviter les conversations trop longues
Toujours rien sur iOS, vers une hausse des contrôles du DAS
Pour rappel, Open Barres n’est pour le moment disponible que sur Android. L’Agence nationale des fréquences nous a récemment expliqué qu’elle « ne désespère pas d'avoir un jour l'autorisation d'Apple de la faire tourner sur iOS ». En cause, l’impossibilité d’accéder aux API de mesure du signal, pierre angulaire d'Open Barres.
Dans son communiqué de fin octobre, le gouvernement demandait aussi à l’ANFR d’augmenter de 30 % le contrôle du DAS des smartphones mis dans le commerce, sans annoncer de hausse sur le budget alloué à l’agence nationale des fréquences.
« Le budget lui-même n'est naturellement pas en croissance, en revanche il y a des choses que l'on peut faire. Des priorisations internes et mettre en place un certain nombre de dispositions qui permettent de faire des gains de productivité sur telle ou telle activité. Et ainsi dégager des possibilités d'augmenter le taux de mesure que l'on peut faire réaliser », nous expliquaient récemment des représentants de l’ANFR.