Après plusieurs grandes majors du cinéma, c'est au tour des maisons de disques d'être soupçonnées de téléchargement illégal de fichiers via les réseaux peer-to-peer. Universal Music France fait d'ailleurs partie du lot. D'autres organismes, politiques cette fois, sont également pointés du doigt, et pas n'importe lesquels : le Département de la Justice des États-Unis, le Parlement européen, l'ambassade de France aux États-Unis...
Pour rappel, le site ScanEye propose depuis cet été aux internautes du monde entier de vérifier si leur adresse IP a servi pour télécharger illégalement des fichiers protégés (à cette adresse). L’entreprise à l’origine de cet outil, qui commercialise des solutions destinées à lutter contre le piratage, a surveillé les échanges peer-to-peer effectués depuis novembre 2011 grâce à des logiciels BitTorrent.
Les majors du disque elles aussi concernées
Après s’être rapproché de cette société, TorrentFreak indiquait hier que plusieurs grandes majors du cinéma hollywoodien avaient été repérées par ScanEye pour le téléchargement présumé de nombreux films, jeux vidéo, séries, émissions de télévision... et même du porno ! Mais après le monde du grand écran, c’est au tour des maisons de disque d’être pointées du doigt par nos confrères. Des adresses IP fixes appartenant selon ScanEye à Universal Music, Warner et Sony auraient ainsi servi à télécharger différents fichiers (séries telles que Suits, des jeux de Xbox 360...).
Warner Music
TorrentFreak est également allé regarder du côté des entités politiques, trouvant une fois de plus la trace d’échanges effectués grâce à des logiciels BitTorrent. Le département américain de la justice, le même qui a oeuvré il y a un an pour la fermeture de MegaUpload, est référencé comme ayant téléchargé le film « Jason Bourne : L’héritage », ainsi que des épisodes de l’émission « The Voice » et de la série « Talking Dead ». Auraient également été repérés de la même manière : le département de la sécurité intérieure des États-Unis, la Chambre des représentants, un service de l’armée de l’air...
Département de la Justice
En Europe, des institutions politiques pointées du doigt
Même refrain de l’autre côté de l’Atlantique : plusieurs institutions politiques européennes apparaissent sur les radars de ScanEye. Le « Cortes Generales », parlement espagnol, est ainsi soupçonné d’avoir piraté le film « Les neiges du Kilimandjaro », en version espagnole. Chez nos voisins allemands, c’est le Bundestag et le Tweed Kamer qui sont concernés. Une adresse IP appartenant à la partie bruxelloise du Parlement européen a elle aussi été repérée, par exemple pour le téléchargement de films comme « Poupoupidou » ou « Shaolin Soccer » en version sous-titrée en suédois.
Parlement européen de Bruxelles
Et pour la France?
En menant nos propres recherches, nous avons remarqué que le sénat polonais avait été flashé par ScanEye, notamment pour l’échange sur les réseaux BitTorrent de deux films sur le Kamasutra... Du côté du Parlement français, nous n’avons rien observé de particulier en ce qui concerne le Sénat et l’Assemblée nationale.
Sénat de Pologne
En revanche, l’ambassade de France aux États-Unis a été repérée pour le téléchargement d’un épisode de la série d’animation Adventure Time.
Ambassade de France aux États-Unis
Selon nos constatations, ScanEye indique qu’un échange de fichiers aurait eu lieu depuis l’antenne parisienne d’Universal Music et concernerait la série « Drugs Inc. ».
Universal Music France
Rappelons néanmoins que ces informations doivent être prises avec des pincettes : d’une part car la fiabilité des techniques de repérage de ScanEye reste à démontrer, et d'autre part car elles ne permettent en aucun cas de connaître le véritable auteur de l’infraction présumée (un employé ? quelqu’un qui est arrivé à pirater le Wi-Fi de l’organisme ?...), s’il y a vraiment eu infraction.
Nous avons réussi à contacter Grzegorz Kalinski, l’un des responsables de ScanEye, afin de l’interroger sur la fiabilité de son système. « Les données sont fiables tant que les adresses IP sont fiables », explique l’intéressé, ajoutant que « si l’internaute utilise une adresse IP fixe, et notamment sur une longue durée, alors ces informations sont très fiables ». En revanche, si l’on se trouve dans le cas où l’IP est dynamique, « alors les données doivent être comparées avec celles des FAI. Mais en temps normal, personne ne va jusque-là, à moins que cela soit gravement puni par la loi ».
D’après Grzegorz Kalinski, cela fait maintenant quatorze mois que les ordinateurs de ScanEye - dispersés entre Suède, Pologne et Roumanie - fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Tournant sous Linux, ces PC enregistrent grâce à un logiciel dédié les échanges qu’ils repèrent sur différents clients BitTorrent, avant de les transmettre à un centre de donnée central.