Attendu pour « courant 2019 », il semblerait que le site « Ma connexion Internet » ait du retard. Dommage, car il permettra d'avoir une liste des technologies disponibles à une adresse, une information qui manque cruellement. Le régulateur en profite pour faire le point sur sa politique Open Data et sur les informations qu'il garde privées.
Si nous avons pu échanger avec l'ANFR au sujet de son application Open Barres sur iOS et de l'augmentation des contrôles du DAS annoncée par le gouvernement, l'Arcep était également présente au colloque de l'Avicca. C'était l'occasion pour le régulateur de revenir sur sa politique Open Data, mais aussi d'annoncer une mauvaise nouvelle pour son futur service « Ma connexion Internet ».
Il avait pour rappel été dévoilé en mars et présenté comme un complément à Cartefibre lancé fin 2017, mais centré sur la fibre, comme son nom l'indique. Si ce dernier s'est renforcé au fils des mois avec les zones arrière de point de mutualisation par exemple et propose une précision à l’adresse depuis fin 2018, il est loin d'être suffisant puisqu'il laisse de côté tout ce qui n'est pas fibre.
Le nouvel outil, lui, « concernera toutes les technologies d’accès fixe filaires (cuivre, câble et fibre) et hertziennes (4G fixe, THD radio, satellite, HD radio) », avait promis l'Arcep. Doivent aussi être affichés : les classes de débits, les statistiques sur la couverture en très haut débit ainsi que les projets publics/privés en cours ou à venir. La mise en ligne du site était prévue pour « courant 2019 ».
Le site Ma connexion Internet arrive... « dans les prochains mois »
Lors d'une table ronde préparatoire au T.Dat'Hack (hackathon début 2020) de l'Avicca, deux représentants de l'Arcep sont revenus sur « cet outil multitechnologique avec une vision plutôt service ». Il permettra enfin aux clients de connaître les technologies accessibles, et proposera une liste des fournisseurs d'accès disponibles pour chaque adresse, une très bonne nouvelle.
Pendant un temps l’Agence du numérique indiquait pour chaque commune de France les débits auxquels on pouvait s’attendre. Mais l’observatoire n’est plus disponible depuis maintenant plusieurs mois et il semblerait que ce soit l'Arcep qui ait récupéré les données. Dans tous les cas, la publication de Ma connexion Internet est attendue.
Alors que le service devait arriver dans le courant de l'année (et que 2019 touche à sa fin), le régulateur se laisse bien plus de marge : il arrivera « dans les prochains mois », sans plus de précision. Les raisons du retard ne sont pas précisées, mais on peut supposer qu'agréger autant de données est finalement bien plus complexe que prévu... ce qui ne serait pas étonnant vu les problèmes rencontrés avec Cartefibre.

Vers une accélération des mises à jour de Cartefibre ? Non...
Lors du colloque, un participant demandait à l'Arcep si elle prévoyait d'augmenter la cadence de mise à jour de Cartefibre, actuellement trimestrielle. Réponse courte : non.
« Ce qui nous prend le plus d'énergie et de temps, c'est vraiment la brique numéro un [récupérer les données des opérateurs, ndlr]. On n'est pas là pour dire qui sont les bons et les mauvais élèves, sachant que d'un trimestre à l'autre ça peut s'inverser, mais on a un vrai sujet autour de la collecte des informations, surtout dans un monde où les données des opérateurs ont des dépendances entre elles », détaillait l'agence. Si on ajoute les autres technologies, on se dit que le bazar ne peut être que pire.
Ainsi, pour déployer une mise à jour de Cartefibre, il faut que l'ensemble des données soit récupéré afin d'être agrégé : « Pour l'instant on ne sait pas faire mieux que trimestriellement », lâche l'Arcep. Au cas par cas, le régulateur peut se montrer plus incisif en cas de problèmes répétés : « Ce qu'on sait faire, c'est un suivi "à la culotte" de certains fichiers IPE [informations préalables enrichies, données des opérateurs, ndlr], mais l'obligation de transmission des informations est trimestrielle et c'est déjà compliqué ».
Open Data à l'Arcep : « on ne fait pas de rétention volontaire d'informations »
La présence de l'Arcep au colloque était l'occasion de questionner l'Autorité sur sa politique en matière d'Open Data. Selon régulateur, « tout ce que l'on peut publier d'un point de vue juridique est publié via Cartefibre ou l'open data [...] on ne fait pas de rétention volontaire d'information ».
De manière générale, l'idée est de « mettre en open data tout ce qui nous a servi à constituer les cartes ». Plus tard, il en sera de même pour les autres technologies que la fibre, lorsque le site Ma connexion Internet sera en ligne (avec les données associées disponibles en Open Data).
La question est donc rapidement arrivée sur les fameux fichiers IPE des opérateurs. L'Arcep rappelle que, « dans le cadre de la mutualisation et sur une base contractuelle, les opérateurs s'échangent toutes les deux semaines un fichier nommé "fichier IPE" (pour " informations préalables enrichies "). Ce fichier regroupe pour chaque adresse fibrée ou en cours de déploiement des informations telles que l'identifiant de l'adresse (" hexaclé "), le type d'ingénierie, le nombre de logements, le type de zone, etc. ». Des données précieuses et précises (du moins en théorie).
Les fichiers ne sont pas publics pour l'instant et le régulateur ne propose qu'une agrégation des données, après un retraitement par ses services. « Pour aller plus loin, ça renvoie à d'autres analyses » sur le plan juridique. Toujours sur le fixe, certaines informations ne sont pas publiées. L'Arcep donne les deux principaux cas : celles qui relèvent du secret des affaires et celles soulevant des « risques de sécurité décrite dans le décret de connaissance des réseaux ».
Concernant le respect de la vie privée, le gendarme des télécoms affirme que c'est un sujet qu'il prend évidemment en compte : « Avec nos outils qui peuvent descendre jusqu'à l'échelle de l'adresse et donc potentiellement de l'immeuble on peut assez vite tomber sur des sujets de données personnelles, c'est un sujet qu'on a bien dans le viseur et dont on discute avec la CNIL ».


Mobile : pas de données temps réel, mais prochainement la collecte des antennes ?
Sur le mobile, l'Autorité affirme également publier toutes les données dont elle dispose, et retourne finalement la question : « est-ce qu'il faut plus de données ? ». Pour le représentant d'Open Street Maps France, la réponse est oui, sans hésiter, avec une information qui serait effectivement bien utile : ajouter le type de collecte sur les sites mobiles. « C'est noté », répond simplement l'Arcep.
Le sujet arrive enfin sur la question de publier des indicateurs sur l'état du réseau en temps réel, mais sans grand espoir pour la suite : « Techniquement c'est très lourd et potentiellement ça peut être une contrainte et disproportionné pour les opérateurs [...]. Ça a un vrai intérêt, mais aussi un coût colossal. Tout ça mis bout à bout ce n'est pas forcément promotionné et un opérateur pourrait s'offusquer ».
Enfin, un dernier mot sur Mon réseau Mobile : pour le moment, la couverture en intérieur est indiquée pour la voix et les SMS (avec les niveaux Très bonne couverture, Bonne couverture et Couverture limitée), mais pas pour la data qui n'a qu'un seul niveau. Le travail est en cours pour apporter plus de finesse, sans détail sur le calendrier.