PeerTube 2.0 : protocole vidéo HLS, plugins, listes d'extraits et des idées pour la suite

Et demain, le streaming en direct
Internet 7 min
PeerTube 2.0 : protocole vidéo HLS, plugins, listes d'extraits et des idées pour la suite

En un an, le projet décentralisé PeerTube a largement évolué. Framasoft a publié hier la version 2.0 du logiciel, apportant des améliorations majeures, comme un nouveau lecteur vidéo et le système de plugins.

L’association française de sensibilisation aux logiciels libres a publié hier la nouvelle version majeure de PeerTube. L’occasion de revenir sur le parcours intensif du logiciel sur l’année écoulée. Hors campagnes de type « Degooglisons Internet », le projet a concentré les plus gros investissements de Framasoft, notamment parce qu’il a fallu embaucher à temps plein Chocobozzz, principal développeur de PeerTube.

La campagne de dons de l’année dernière a permis de financer l’arrivée de cette version 2.0. Mais les plans de l’association ne s’arrêtent pas là : les idées ne manquent pas pour la suite, comme nous l’a confirmé Pierre-Yves Gosset, secrétaire général de Framasoft.

Qu’est-ce que PeerTube ?

Il faut déjà commencer par rappeler ce qu’est ce logiciel. Sur le même concept de base que Mastodon, PeerTube se veut une alternative libre et surtout décentralisée à YouTube. Les utilisateurs peuvent installer le logiciel sur une machine et la déclarer comme instance. Les vidéos présentes sont alors accessibles à ceux qui s’y abonnent.

Côté technique, on retrouve le protocole WebTorrent pour la diffusion des vidéos en P2P. ainsi, quand vous commencez la lecture d’une vidéo, vous en émettez des morceaux pour les autres internautes en train de la lire. Aussi, plus une vidéo a du succès (nombre de lectures), plus elle est partagée et plus la bande passante est donc divisée entre les utilisateurs.

L’inverse est également vrai : si vous êtes le seul utilisateur à visionner un contenu, tout repose sur le serveur à partir duquel vous piochez les données. Une vidéo peut donc mettre un peu de temps à démarrer. Mais en dépit de nos multiples essais, nous n’avons jamais rencontré le cas. En d’autres termes, les avantages et limitations potentielles classiques et inhérentes au pair-à-pair.

PeerTube 2.0

Pour l’utilisateur cependant, à moins d’une forte limitation de la bande passante, l’ensemble est transparent : il se rend sur l’instance qui l’intéresse et lance simplement une vidéo. L’interface rappelle largement les services de streaming vidéo connus et ne réserve pas de réelle surprise.

Côté administration, les serveurs peuvent se fédérer via le protocole ActivityPub, le même utilisé que pour Mastodon. Une instance A peut ainsi déclarer un lien avec une instance B. Si cette dernière accepte la proposition, les contenus de l’un seront référencés chez l’autre. Plus les instances se fédèrent, plus le moteur de recherche pourra renvoyer de résultats. Mais il n’y a dans ce domaine aucune obligation, tout dépend du choix de la personne créant une instance et de ses rapports avec les autres.

Nouvelle technologie de streaming et extraits vidéo

Avant la version 2.0, le logiciel a connu un grand nombre d’évolutions, résumées dans le billet de blog publié par Framasoft : outils de modération (prévus dès l’origine, comme nous l’avait précisé alors Pierre-Yves Gosset), le crucial historique de visionnage, la reprise automatique d’une vidéo quand on y revient, les notifications (commentaires, abonnements, mentions, etc.), listes de lecture, mise en quarantaine pour validation des nouvelles vidéos, gestion simplifiée des fédérations, importation des fichiers audios, traductions, etc.

La version 2.0 propose quant à elle d’importants apports, à commencer par un tout nouveau lecteur vidéo... totalement invisible aux yeux de l’utilisateur. Il s’agit en effet d’un changement technique, PeerTube pouvant basculer vers HLS (HTTP Live Streaming), un protocole initialement créé par Apple et depuis standardisé par l’IETF. Le lecteur est optionnel côté serveur. Si le créateur de l’instance décide de l’utiliser, il devra s’assurer que ses vidéos ont au moins été codées avec ffmpeg 4.1. De la même manière, il faudra recoder les anciennes s’il souhaite profiter de HLS pour l’ensemble des contenus stockés.

PeerTube 2.0PeerTube 2.0

Aucun changement d’interface donc pour l’utilisateur, ce que Pierre-Yves Gosset nous a confirmé. En revanche, les instances utilisant HLS pourront potentiellement se remarquer car ses avantages sont réels : lancement des vidéos plus rapide, moins de bugs, adaptation plus rapide en fonction de la définition et ainsi de suite. Framasoft ajoute que les retours autour de HLS, introduit d’abord il y a plusieurs mois sous forme expérimentale, sont « excellents ».

À terme, l’objectif est bien d’en faire le lecteur vidéo par défaut, mais l’association estime que la transition prendra un peu de temps, car elle souhaite faire de l’accompagnement des utilisateurs pour que tout se passe bien.

PeerTube 2.0 introduit également les extraits de vidéos. La fonction reprend celle que tout le monde connait, à savoir démarrer un contenu à partir d’un temps défini. Mais elle ajoute un temps de fin. Autrement dit, on peut caler un extrait entre 1min23 et 3min34 si c’est la seule partie que l’on souhaite partager pour se concentrer sur un propos intéressant. De plus, ces extraits peuvent être mis bout à bout pour former une liste de lecture, elle aussi partageable.

Arrivée des plugins et améliorations sur la fédération

Autre apport majeur et promis depuis presque les débuts du projet : les plugins. Framasoft le reconnait sans honte : il est impossible de répondre à l’ensemble des demandes, dont certaines peuvent d’ailleurs être contradictoires. La solution ? Les plugins.

Chaque développeur intéressé peut se servir de la documentation proposée pour modifier PeerTube selon son bon vouloir (ou presque). Les exemples donnés sont simples : ajouter des boutons pour partager des vidéos vers les réseaux de son choix ou différentes plateformes de financement participatif, des fonctions de tri et classement, voire des thèmes plus ou moins complets.

On trouve plusieurs exemples sur le FramaGit de Chocobozzz. À terme, Framasoft pourrait mettre en place un vrai site consacré à ces modules, afin de les exposer davantage. « Question de moyens » nous confie Pierre-Yves Gosset. Dans tous les cas, ces plugins sont cependant réservés aux utilisateurs créant des instances et ne sont pas destinés à modifier PeerTube côté client.

PeerTube 2.0 apporte enfin plusieurs améliorations pour la fédération, afin de simplifier ce processus pouvant être rébarbatif. Les administrateurs reçoivent par exemple des options permettant d’accepter automatiquement les demandes, de suivre automatiquement une autre instance qui les suit ou encore de s’inscrire à l’annuaire public JoinPeerTube, là encore sans étape supplémentaire.

Surtout, la mise à jour de l’instance vers PeerTube 2.0 ou une création avec ce dernier entrainera l’apparition d’une petite boite de dialogue invitant l’administrateur à présenter son instance avec quelques informations de base : catégories, langues parlées, code de conduite, contacts, informations de modération, motivations particulières, temps estimé de maintien de l’instance, éventuellement le type de financement ou encore le matériel utilisé.

Ces renseignements ne sont pas obligatoires : on reste dans le cas d’un logiciel libre que chacun peut utiliser à sa manière. Mais dans un contexte de multiplication des instances, cette fiche d’informations est importante pour aider les utilisateurs à trouver plus rapidement ce qu’ils souhaitent.

Et la suite ?

Nous avons posé la question de l’avenir du projet au secrétaire général de l’association. Pierre-Yves Gosset nous a confirmé que Chocobozzz allait bien rester employé à temps plein par Framasoft, toujours avec le même découpage de son temps : 80 % sur PeerTube et 20 % sur l’infrastructure de l’association.

Cela signifie-t-il que d’autres versions majeures sont envisagées ? « Bien sûr ! L’arrivée de HLS pour la lecture des vidéos nous laisse entrevoir la possibilité de faire du streaming en direct. On aime beaucoup l’idée, mais pour l’instant, on ne sait si c’est réalisable, en combien de temps et surtout avec quel argent ». Framasoft prévoit à ce sujet une nouvelle campagne d’appel aux dons en avril prochain.

Le streaming en « live » permettrait aux utilisateurs de se servir d’une application mobile pour diffuser sur PeerTube les images d’une manifestation par exemple, sans craindre la censure. Avec le passage à HLS, les fondations techniques sont en tout cas présentes.

L’association prévoit donc au moins une version 3.0. Si la liste des fonctions envisagées n’est pas arrêtée, la route sera émaillée d’une série de nouvelles améliorations, comme entre les moutures 1.0 et 2.0. Par exemple, un répertoire pour les plugins, potentiellement sur JoinPeerTube. Entre temps, l’association compte travailler à simplifier le choix des instances pour les visiteurs. La petite fiche d’identification facultative n’est ainsi qu’une première étape.

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