Exposition aux ondes : l'ANFR a mesuré 178 lieux équipés de Linky, sans trouver à redire

Linky parc
Tech 7 min
Exposition aux ondes : l'ANFR a mesuré 178 lieux équipés de Linky, sans trouver à redire
Crédits : ERDF

Nouvelle série de mesures sur 178 lieux équipés d'un compteur Linky par l'ANFR pour arriver à la même conclusion : « la conformité du niveau d’exposition aux champs électromagnétiques [...] a été constatée sur tous les sites ayant fait l’objet d’une mesure ».

Entre juin et décembre 2018, l'Agence nationale des fréquences a procédé à des analyses sur 178 installations, réparties un peu partout en France, même si la Haute-Garonne, les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône sont les trois plus gros demandeurs. « Toutes les mesures ont concerné un compteur Linky et ont eu lieu en intérieur et principalement en milieu urbain [81 % des mesures, ndlr] », précise-t-elle. 

Pour rappel, l'ANFR gère le dispositif national de surveillance de l’exposition aux ondes électromagnétiques depuis le 1er janvier 2014. Il permet aux personnes physiques ou morales de faire mesurer gratuitement les niveaux d'exposition aux ondes, aussi bien dans des habitations que des lieux publics (intérieur/extérieur).

Ce dispositif a évolué en juin de l'année dernière pour prendre en charge les compteurs connectés Linky en cours d'installation en France et qui suscitent une vive appréhension chez certaines personnes, notamment à cause des ondes émises. L'ANFR avait déjà publié des premiers résultats début 2017 avec des niveaux d'émissions d'ondes minimales (en laboratoire), puis une seconde fournée en conditions réelles quelques mois plus tard.

Des analyses sur les deux composantes du champ électromagnétique

Dans son protocole, l'ANFR effectue la mesure à 20 cm du compteur, mais certaines configurations l'ont parfois obligé à faire différemment. 14 % des mesures sont ainsi faites entre 20 et 40 cm, 8 % avec plus de 40 cm d'espace. Les deux composantes du champ électromagnétique sont relevées : électrique (« E » en V/m) et magnétique (H en µT). Les valeurs réglementaires maximales sont respectivement de 87 V/m et 6,25 µT.

L'Agence nationale des fréquences explique tout d'abord que les analyses permettent de différencier les deux types de Linky en service : « le compteur G1 déployé dans une première phase qui n’émet que sur deux porteuses à 63,3 kHz et 74 kHz et le compteur G3, le plus déployé, qui émet sur un plus grand nombre de sous-porteuses entre 35 kHz et 91 kHz ».

99 Linky n'ont pas effectué la moindre émission CPL pendant 1h

Premiers résultats : « Dans plus de la moitié des cas (99 sur 178 cas), aucune émission CPL Linky n’a été détectée malgré un temps de mesure moyen d’une heure ». Pour les autres, et dans tous les cas, les « niveaux mesurés sont très inférieurs aux valeurs limites réglementaires ».

Sans émission CPL de la part de Linky, les niveaux médians sont de 0,50 V/m et 0,007 µT, contre respectivement 0,66 V/m et 0,016 µT avec émission CPL. Dans la même situation, les niveaux maximums passent à 2,2 V/m et 0,11 µT sans CPL, puis à 3,7 V/m et 0,7 µT avec. C'est donc largement moins que les plafonds légaux.

Pour l'ANFR, « les résultats de mesure en absence d’émission CPL montrent qu’il peut y avoir des sources de rayonnement dans cette bande autres que les compteurs Linky qui créent cependant des niveaux de champ comparables à ceux créés par les compteurs Linky ». En effet, les maximums sans CPL sont largement supérieurs aux niveaux médians avec CPL.

  • Linky octobre 2019
  • Linky octobre 2019

25 à 275 fois moins que les maximums réglementaires

L'Agence nationale des fréquences s'est ensuite penchée spécialement sur le cas des fréquences entre 35 et 91 kHz utilisés par Linky pour ses transmissions. Elle se veut là encore très rassurante : « Des niveaux de champ crête maximaux de 3,5 V/m et 0,17 µT ont été mesurés [à moins de 40 cm distance, ndlr], soit des valeurs respectivement 25 fois et 37 fois inférieures aux valeurs limites réglementaires de 87 V/m et 6,25 µT ».

Si l'on s'éloigne à plus de 40 cm, les niveaux crêtes sont de 0,88 V/m et 0,09 µT, soit respectivement quatre fois et deux fois moins élevés qu'à 20 cm maximum. Pour l'ANFR, cela « illustre que la distance est un paramètre majeur pour l’exposition. Dès qu’on s’éloigne de quelques dizaines de centimètres de la source de rayonnement, le niveau d’exposition baisse fortement ». Une manière d'enfoncer une porte ouverte. 

Elle a ensuite procédé – à titre informatif – à une analyse des moyennes sur six minutes, avec évidemment un effet de lissage : les « niveaux de champ crête maximaux mesurés sont de 0,015 V/m (soit 230 fois moins que la valeur crête de 3,5 V/m) et de 0,0006 µT (soit 275 fois moins que la valeur crête de 0,17 µT) ». 

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les aspects techniques de Linky, n'hésitez pas à regarder cette vidéo de la chaîne YouTube Deus Ex Silicium, réalisée par Stéphane Marty, ingénieur en microélectronique. Il propose une analyse technique très poussée, avec des tests de mesures. Une autre vidéo avec des tests complémentaires a été mise en ligne.

Vous pouvez également consulter cet article des plus complets de Canard PC Hardware.

Rappels sur le principe de fonctionnement de Linky

L'Agence nationale des fréquences rappelle le principe de fonctionnement de Linky concernant l'envoie de données de consommation : « Un dispositif de stockage, le concentrateur, situé dans le transformateur du quartier, interroge le compteur une fois par jour entre minuit et 6 heures du matin pour collecter les index stockés au cours de la journée écoulée ».

Il « interroge l’ensemble des compteurs qui lui sont rattachés à intervalles réguliers afin de surveiller l’état général du réseau basse tension. La périodicité de ces interrogations est variable et dépend du nombre de compteurs gérés par le concentrateur et du paramétrage du réseau par le distributeur d’électricité ».

Par exemple pour une grappe de 100 compteurs (correspondant à la taille médiane) et une périodicité de 30 secondes, chaque compteur est interrogé toutes les 50 minutes environ.

Linky

Le cas des Équipements Radio Linky (ERL)

Dans les deux situations, l'échange de données se fait via CPL (courants porteurs en ligne). « Puisqu’ils transmettent leurs informations par voie filaire, les compteurs Linky ne sont donc pas des émetteurs radioélectriques », explique l'ANFR. Par contre, Linky peut-être associé à des Équipements Radio Linky (ERL).

Ces modules optionnels, fournis par les fournisseurs d’énergie, « permettent de transmettre en temps réel les données du compteur Linky vers les appareils situés à l’intérieur du domicile ». Il s'agit cette fois-ci d'émetteurs radioélectriques. Le dispositif Atome de Direct Energie avait été étudié de près, sans dépasser les valeurs réglementaires :

« Les émissions de l’ERL ne sont pas permanentes : il n’émet qu’environ 1 % du temps. Les relevés ont fait apparaître une transmission des données toutes les 1,6 seconde. La transmission est constituée de deux envois d’une durée d’environ 0,01 seconde, à 0,1 seconde d’intervalle. En cas d’échec de la transmission, conformément au protocole Wifi, l’envoi est renouvelé.

À 50 cm de la clé en fonctionnement, le niveau de champ électrique moyenné sur une durée de 6 minutes s’est révélé très faible : environ 0,18 V/m. Pendant les émissions, qui sont très brèves, un niveau de champ électrique instantané maximal de 5 V/m a été relevé ».

Pour conclure, l'ANFR affirme que, selon ses analyses, les niveaux d'émission de l'ERL Atom de Direct Energie sont en dessous de ceux à proximité d’une box Wi-Fi en activité.

La question des données de consommation

Enfin, dernier point intéressant, même s'il n'est pas abordé par l'ANFR, car en dehors de son périmètre d'action : la confidentialité et l'exploitation des données de consommation. « Il faut quand même savoir que chaque jour, Linky collecte une courbe de charge de plusieurs milliers de points de mesures. Mathématiquement, ça devient très intéressant, surtout quand c'est cyclique. Avec de bons algorithmes d'intelligence artificielle dernière, on est capable d'en déduire pas mal de choses intéressantes, et je sais de quoi je parle », expliquait Stéphane Marty dans sa vidéo de décembre 2018.

« Enedis nous assure que nos données personnelles nous appartiennent et qu'ils ne peuvent pas les vendre. Soit, je pense que là-dessus on peut tout à fait les croire, mais ce n'est pas nécessairement ces données-là qu'ils pourraient être amenés à vendre, mais plutôt l'intelligence statistique produite à partir de ces données. Regardez Facebook, ils ne vendent pas les informations qu'on poste sur nos pages, ils vendent de l'intelligence qu'ils sont capables de générer à partir de ces données. Même chose pour Google, Amazon, Microsoft... », ajoute-t-il.

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